La casse tête de l’anonymat sur le Net
La possibilité de se dissimuler derrière un compte anonyme fait des réseaux sociaux, selon Xavier Bertrand (Les Républicains), « des lieux d’impunité ». Si le meurtrier de Samuel Paty et les autres personnes qui pourraient être incriminées dans ce dossier ont toutes agi sur le Net à visage découvert, l’anonymat sur Internet reste «unfléau» , comme le déplorait hier le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Peut-on y remédier ? « Techniquement, c’est possible », explique Charles Cohen, fondateur de Bodyguard, une start-up niçoise qui oeuvre dans le domaine du cyber-harcèlement. La solution ? « Il suffirait que les ouvertures de comptes sur les réseaux sociaux soient conditionnées à la présentation d’une pièce d’identité. Je ne suis pas sûr que les géants du Net y soient favorables, tant le processus serait complexe et de toute façon pas totalement sécurisé. Si tant est qu’ils en aient le désir, les Gafa n’auraient en effet ni les moyens, ni l’autorité pour vérifier que les documents qu’on serait obligé de leur présenter sont vrais ou falsifiés. » De la théorie à la pratique, il y a donc un gouffre. D’autant que l’autre solution serait de fournir son adresse IP avant de pouvoir ouvrir un compte. L’IP indique au réseau où se trouve l’appareil - ordinateur, tableau, smartphone - qui a « réclamé » l’information. C’est le justificatif de domicile de l’internaute. L’adresse qui donc peut permettre de l’identifier, d’éviter qu’il puisse se cacher derrière un compte Facebook ou Twitter anonyme. Sauf que le wifi public a bouleversé la donne : « Si tu te connectes uniquement d’un MacDo ou d’un resto, l’adresse IP que tu fournis ne permet pas qu’on remonte jusqu’à toi », poursuit Charles Cohen.