Barratier revisite Pagnol tournage à Marseille

Le tournage du Temps des secrets, débuté cet été entre les massifs de l’Etoile et du Garlaban, touche à sa fin. A cette occasion, le réalisateur des Choristes et son équipe étaient au Panier.

Plus typique que la rue Terrusse où habitaient les Pagnol à Marseille, c’est sur la montée des Accoules, dans le quartier du Panier, que le réalisateur Christophe Barratier a choisi de tourner la scène du départ en vacances à La Treille où la famille louait une bastide.

Le metteur en scène des Choristes et de la Guerre des Boutons, qui vient de boucler Envole-moi, s’est lancé dans l’adaptation pour le grand écran du Temps des secrets, le troisième volume de ces souvenirs d’enfance, paru en 1960. Pagnol y raconte comme personne le bonheur et le temps de l’innocence.

Ces souvenirs qui ont connu un succès énorme, ont été complétés par une quatrième partie parue post mortem, Le Temps des Amours. Les deux premiers opus, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère, ont été adaptés au cinéma par Yves Robert.

Mélanie Doutey et Guillaume de Tonquédec

Le tournage du film qui est produit par Hélène Cases, a débuté il y a près de neuf semaines, sur le chemin des collines et du Taouré, entre les massifs du Garlaban et de l’Étoile, Aubagne et la cité phocéenne. Là où Pagnol a grandi et a tourné la plupart de ses films.

Il a fallu trois jours au célèbre chef décorateur Emile Ghigo et à son équipe pour démonter le temps jusqu’à cet été 1905, dans la pittoresque artère qui plonge vers le vieux port. Faux pavés, cache gouttières, linges d’époque battant le vent au-dessus des ruelles… Les grafs bariolés peints le long des murs, ont été temporairement dissimulés. L’étal d’un vannier, l’enseigne rétro d’un graveur et une droguerie ont ressuscité au pied de l’étincelant clocher des Accoules. Dans la rue sillonnée par les figurants costumés, une charrette chargée de valises et de malles d’osier est à l’arrêt. Pantalons courts, godillots et casquettes de toile, Marcel, 11 ans, interprété par le jeune Léo Campion, rejoint sa mère Augustine, Mélanie Doutey, sa petite soeur Germaine et son frère Paul. Guillaume de Tonquédec incarne Joseph, le père de Marcel.

Si les deux premiers volumes consacrent le temps de l’innocence, Le temps des secrets traite du passage plus délicat à l’adolescence. « C’est toujours un moment de bascule », confie à la pause Christophe Barratier. C’est justement la découverte des secrets enfouis des adultes. Chez Pagnol, ce ne sont jamais des secrets très graves, mais quelque chose qui fait que l’histoire bascule et, qu’à la fin, Marcel n’est plus le même que celui qu’il était ». Un sujet sensible et un monument à traiter avec des pincettes. « J’ai le plus grand respect pour Pagnol (..). Je pense qu’on n’a pas besoin d’être de la région pour être infiniment touché, comme je l’ai été depuis ma plus tendre enfance, par son oeuvre. J’ai lu très jeune Marcel Pagnol et Alphonse Daudet, ils ont toujours fait partie de ma culture. Pagnol est plus universaliste que régionaliste ».

« Une ode à la nature »

Pas question pour autant de négliger la réalité du terrain et la véracité de la reconstitution. « Pour tout ce qui est de la nature, de la vie, de la chasse, je me suis très bien entouré. Je ne suis pas venu comme un

Parisien qui vient porter un regard. Comme un explorateur, je me suis dit : comment vais-je aller chercher les véritables regards ? », explique le réalisateur..

Un film dont la musique sera signée par Philippe Rombi, également grand fan de Pagnol, qui a composé la BO de L’Outsider .« Une ode à la nature » et aux mythiques collines qui ont vu pousser Marcel. « Pagnol a beaucoup filmé des personnages mais il s’était moins intéressé à la nature, bizarrement. Là, c’est un film tourné vers le Garlaban. D’ailleurs, lorsqu’on a tourné dans le massif, il n’y a pas eu un moment où je ne pouvais pas le voir ! Dans ce film tout est fait sous le signe du Garlaban », sourit Christophe Barratier, tombé lui aussi sous le charme tenace de la vénérable montagne.