HARO SUR LES DROGUES
Des tests salivaires pour dépister les usagers de la route Un éventail de peines déployé à Monaco
Que les fumeurs de joints et consommateurs de drogues, a fortiori les usagers de la route, le sachent. Monaco accentue sa chasse aux stupéfiants. Depuis quinze jours maintenant, des kits de prélèvements salivaires pour détecter la présence de drogue dans l’organisme complètent l’attirail des agents de la Sûreté publique. Et la procureur général de Monaco, Sylvie Petit-Leclair, n’y va pas par quatre chemins. « Nous avons la volonté de réprimer davantage la conduite sous l’emprise de stupéfiants. »
Réactif à différentes substances illicites comme le cannabis, l’ecstasy, l’héroïne, les méthamphétamines et opiacés, le test salivaire est à usage unique. L’individu reconnu positif, la procédure est déclenchée. « La quantification n’a pas à être déterminée », précise la procureur. Et ceux qui tenteraient d’échapper au verdict n’auront rien à y gagner. Au contraire. « Tout refus est considéré comme un test positif, tranche Sylvie Petit-Leclair, la peine est la même ! »
Signes extérieurs
La Sûreté publique a dû établir un protocole validé par Sylvie Petit-Leclair. Le dépistage pourra ainsi être réalisé par les policiers sur la base de « signes extérieurs ». « Une élocution difficile, des yeux injectés de sang, des propos incohérents, une conduite hasardeuse… Tous les signes extérieurs qui laissent à penser qu’un individu a pu consommer des produits illicites », confirme le commandant Fabien Vachetta, responsable de la Division de l’Événementiel et de la Préservation du Cadre de vie [lire notre édition d’hier]. Un protocole par ailleurs adapté à la situation sanitaire actuelle. « C’est identique à la procédure de contrôle d’alcoolémie. Les agents sont masqués et gantés et le prélèvement se fait à bras tendu, dans le respect de la distanciation physique nécessaire pour se prémunir de la propagation du virus. »
Pour confirmer, et affiner le test, la personne sera conduite au CHPG pour des analyses complémentaires. « Le kit de prélèvement sanguin in vivo pour usage de stupéfiants est alors fourni par la Sûreté publique », détaille la procureur. Réfrigérés, les prélèvements prennent ensuite, par convention bilatérale, la direction d’un laboratoire d’analyses à Nice.
Quant au prévenu, rendez-vous est pris à la barre du tribunal où les stupéfiants occupent une bonne place. Moins que l’alcool toutefois. A ce sujet, rappelons qu’en l’absence de disposition permettant de clore le dossier par une ordonnance pénale dans le bureau du juge, comme chez le voisin français, toute conduite sous l’empire d’un état alcoolique finit à l’audience à Monaco.
La mise en application d’une loi de
Ce nouveau dispositif découle de l’application de la loi 1478 du 12 novembre 2019, portant sur l’exécution des peines. Une loi « fourretout » qui visait à « offrir aux juges davantage d’outils de personnalisation de la peine », et a surtout supprimé l’emprisonnement en matière contraventionnelle.
« Une peine doit être pédagogique », défend toujours la procureur général de Monaco, forte de son expérience internationale. « Il faut être capable d’expliquer la peine et ne pas avoir de décisions incohérentes pour des mêmes faits ».
Mutée sur le Rocher à l’été 2018, Sylvie Petit-Leclair avait ainsi entrepris de dépoussiérer et moderniser les Codes monégasques. Travail qui se poursuit sous l’égide du Secrétaire d’État à la justice, Robert Gelli. Un arsenal juridique plus complet qui, à terme, fermerait aussi des “fenêtres de défense” dans lesquelles n’importe quel avocat serait actuellement idiot de ne pas se jeter pour “sauver” son client.
Quant à la jurisprudence sur les consommateurs de drogue, elle risque de s’enrichir rapidement avec ces nouveaux tests…