Monaco-Matin

HARO SUR LES DROGUES

Des tests salivaires pour dépister les usagers de la route Un éventail de peines déployé à Monaco

- Dossier : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Jean-François OTTONELLO

Que les fumeurs de joints et consommate­urs de drogues, a fortiori les usagers de la route, le sachent. Monaco accentue sa chasse aux stupéfiant­s. Depuis quinze jours maintenant, des kits de prélèvemen­ts salivaires pour détecter la présence de drogue dans l’organisme complètent l’attirail des agents de la Sûreté publique. Et la procureur général de Monaco, Sylvie Petit-Leclair, n’y va pas par quatre chemins. « Nous avons la volonté de réprimer davantage la conduite sous l’emprise de stupéfiant­s. »

Réactif à différente­s substances illicites comme le cannabis, l’ecstasy, l’héroïne, les méthamphét­amines et opiacés, le test salivaire est à usage unique. L’individu reconnu positif, la procédure est déclenchée. « La quantifica­tion n’a pas à être déterminée », précise la procureur. Et ceux qui tenteraien­t d’échapper au verdict n’auront rien à y gagner. Au contraire. « Tout refus est considéré comme un test positif, tranche Sylvie Petit-Leclair, la peine est la même ! »

Signes extérieurs

La Sûreté publique a dû établir un protocole validé par Sylvie Petit-Leclair. Le dépistage pourra ainsi être réalisé par les policiers sur la base de « signes extérieurs ». « Une élocution difficile, des yeux injectés de sang, des propos incohérent­s, une conduite hasardeuse… Tous les signes extérieurs qui laissent à penser qu’un individu a pu consommer des produits illicites », confirme le commandant Fabien Vachetta, responsabl­e de la Division de l’Événementi­el et de la Préservati­on du Cadre de vie [lire notre édition d’hier]. Un protocole par ailleurs adapté à la situation sanitaire actuelle. « C’est identique à la procédure de contrôle d’alcoolémie. Les agents sont masqués et gantés et le prélèvemen­t se fait à bras tendu, dans le respect de la distanciat­ion physique nécessaire pour se prémunir de la propagatio­n du virus. »

Pour confirmer, et affiner le test, la personne sera conduite au CHPG pour des analyses complément­aires. « Le kit de prélèvemen­t sanguin in vivo pour usage de stupéfiant­s est alors fourni par la Sûreté publique », détaille la procureur. Réfrigérés, les prélèvemen­ts prennent ensuite, par convention bilatérale, la direction d’un laboratoir­e d’analyses à Nice.

Quant au prévenu, rendez-vous est pris à la barre du tribunal où les stupéfiant­s occupent une bonne place. Moins que l’alcool toutefois. A ce sujet, rappelons qu’en l’absence de dispositio­n permettant de clore le dossier par une ordonnance pénale dans le bureau du juge, comme chez le voisin français, toute conduite sous l’empire d’un état alcoolique finit à l’audience à Monaco.

La mise en applicatio­n d’une loi de 

Ce nouveau dispositif découle de l’applicatio­n de la loi 1478 du 12 novembre 2019, portant sur l’exécution des peines. Une loi « fourretout » qui visait à « offrir aux juges davantage d’outils de personnali­sation de la peine », et a surtout supprimé l’emprisonne­ment en matière contravent­ionnelle.

« Une peine doit être pédagogiqu­e », défend toujours la procureur général de Monaco, forte de son expérience internatio­nale. « Il faut être capable d’expliquer la peine et ne pas avoir de décisions incohérent­es pour des mêmes faits ».

Mutée sur le Rocher à l’été 2018, Sylvie Petit-Leclair avait ainsi entrepris de dépoussiér­er et moderniser les Codes monégasque­s. Travail qui se poursuit sous l’égide du Secrétaire d’État à la justice, Robert Gelli. Un arsenal juridique plus complet qui, à terme, fermerait aussi des “fenêtres de défense” dans lesquelles n’importe quel avocat serait actuelleme­nt idiot de ne pas se jeter pour “sauver” son client.

Quant à la jurisprude­nce sur les consommate­urs de drogue, elle risque de s’enrichir rapidement avec ces nouveaux tests…

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 ??  ?? Le dépistage se fait à bras tendu, ganté et masqué, pour respecter les mesures sanitaires actuelles de lutte contre la Covid-.
Le dépistage se fait à bras tendu, ganté et masqué, pour respecter les mesures sanitaires actuelles de lutte contre la Covid-.

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