Monaco-Matin

Antibes : Anthéa va-t-il pouvoir rouvrir ses portes mardi ?

À la tête d’un des plus importants théâtres de France, Daniel Benoin exprime son ras-le-bol face aux incertitud­es quant à un lever de rideau

- MARGOT DASQUE

Allez », aurait répété à l’envi Alceste devant son téléviseur pour exprimer son courroux face à l’ubuesque situation des théâtres. Depuis la remise en question de leur réouvertur­e lundi soir au vu de la hausse du nombre de cas de Covid déclarés, Daniel Benoin ne cache pas son énervement. À la tête d’Anthéa, plus grand théâtre de France – après La Comédie-Française –, le directeur confie son rasle-bol : « Moi qui suis optimiste, là j’ai la sensation qu’on va nous dire jeudi qu’il n’est pas possible de jouer. On nous laisse un week-end et un jour pour tout réorganise­r… »

Faire pour défaire, déconstrui­re pour reporter. Depuis le début de la crise sanitaire, l’équipe donne dans l’oxymore. Rappelant avoir choisi la prudence en annonçant un début de saison en novembre à Antibes, le metteur en scène voit une fois de plus son démarrage de 2020/2021 sur la sellette. « Si l’on ne peut pas jouer la semaine prochaine, L’Avare qui devait reprendre à Paris le 18 décembre est annulé tout comme M. Fraize ici. Et on va se demander quand il sera possible de rouvrir. » Puisque l’affiche de janvier s’avère bien fournie avec notamment Clémentine Célarié, Gaspard Proust, Pierre Richard… « On empêche tous les jeunes d’aller au théâtre avec ces mesures. Effectivem­ent il n’est pas question d’interdire aux plus de 75 ans de venir. Mais ils sont assez responsabl­es pour savoir que cela ne leur est pas conseillé… »

« Nous avons besoin d’une feuille de route claire »

Si le coeur est lourd, le capitaine du navire ne lance pas une rébellion : « Je ne conteste pas la gravité de la situation médicale. Mais nous avons besoin d’une feuille de route claire pour anticiper les choses. Couvre-feu ou pas, confinemen­t ou non… » S’il est à nouveau question de laisser le rideau baissé, le directeur connaît déjà la chanson : « On va continuer à contacter les abonnés, les spectateur­s. Régler chaque situation par un report, un remboursem­ent. J’ai embauché douze personnes dédiées spécifique­ment à cette problémati­que. » De la gestion de crise au quotidien. Avec un appétit dévorant pour des planches semblant bien trop lointaines : « Mon métier de metteur en scène me manque. Et même le plateau, je vais sûrement me remettre à jouer après tout ça ! » Et si la faim de création ne le quitte pas, Daniel Benoin voit poindre un horizon 2021/2022 plus que chargé : « Puisque les choses se décalent toutes, elles vont s’enchaîner. J’ai trois opéras à monter, et deux spectacles en tournée. »

Culture et économie

Penser au futur simple : une philosophi­e qui pousse à envisager l’avenir sous un jour plus ensoleillé. Mais dans quelle mesure financière cela sera-t-il possible ? « Au printemps nous avons perdu 200 000 euros. Les redevances annuelles du casino La Siesta ne vont pas être à la même hauteur que les années précédente­s puisqu’eux aussi subissent une fermeture. Ce sont 700 000 euros qui habituelle­ment nous permettent d’assurer une grande partie de notre marge artistique. » Suivant un mode de gestion destiné à préserver les finances d’Anthéa, le directeur relève : « En quarante ans de métier, je n’ai été que trois fois en déficit, dont cette année. On oublie que le monde de la culture est aussi une part de l’économie. »

ATTESTATIO­N DE DÉPLACEMEN­T DÉROGATOIR­E

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Daniel Benoin : « J’ai la sensation qu’on va nous dire jeudi qu’il n’est pas possible de jouer ».
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(Photo Franz Chavaroche et Dylan Meiffret)
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