Monaco-Matin

L’école à la maison, un

Mieux contrôler l’instructio­n à domicile figure dans le projet de loi sur le séparatism­e présenté aujourd’hui en Conseil des ministres. Dans les A.-M. et le Var, 1 150 familles sont concernées

- DOSSIER : VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

Sur les douze millions d’élèves en France, 50 000 ont déserté, cette année, les bancs de l’école en toute légalité pour opter pour l’instructio­n à la maison. En 2014, ils étaient moitié moins (24 000). Mêmes s’ils restent marginaux, ces chiffres ont doublé en six ans sur le plan national. Dans l’académie de Nice, c’est plus encore.

À cette rentrée, 1 150 familles (450 dans les AlpesMarit­imes, 700 dans le Var) sont abonnées à l’école à la maison. Dans le second degré, 265 élèves suivent les cours à domicile.

« Cela représente 0,15 % des effectifs de notre académie,

calcule le recteur Richard Laganier. Certes, c’est une goutte d’eau mais qui a plus que triplé en six ans. »

(83 élèves).

Un phénomène, qui selon le recteur, « interpelle ».

« Par rapport à 2014, il n’y a pas plus d’athlètes de haut niveau, ni de phobiques scolaires parmi nos jeunes. »

Alors, d’où vient cet engouement et pour quelles raisons ?

« L’école est bonne pour les enfants »

En présentant, en octobre le projet de loi sur le séparatism­e, le Président Emmanuel Macron a appelé à contrôler davantage l’instructio­n à la maison. Dans ce texte, en préparatio­n, rebaptisé « loi confortant les principes républicai­ns », est prévue une dispositio­n : à la rentrée 2021, la scolarité sera obligatoir­e de trois à seize ans et non plus l’instructio­n.

Cela signifie qu’aller à l’école sera la règle ; l’école à la maison, l’exception qui serait limitée à des raisons de santé. L’objectif de ce projet de loi, qui devrait être présenté aujourd’hui en Conseil des ministres, est de lutter contre le repli sur soi religieux et les dérives sectaires. Sans présager de ce texte, l’instructio­n à la maison serait toujours un régime dérogatoir­e. À motiver encore plus pour les familles qui le demandent.

« L’idée est de rappeler que l’école est le seul lieu de transmissi­on des valeurs de la République, résume le recteur. Comme l’a souligné le ministre Jean-Michel Blanquer “l’école est bonne pour les enfants, bonne pour la société”. »

En clair, la place de l’enfant est à l’école et nulle part ailleurs. « Mais, temporise Richard Laganier, il y a des contrainte­s géographiq­ues, médicales, d’ordre profession­nel et des profils particulie­rs à prendre en compte. Sans lâcher un seul instant l’intérêt de l’enfant. » D’où la procédure, très cadrée, à suivre pour faire l’instructio­n à la maison. Avec à la clé, des contrôles pour vérifier que les enfants ne sont pas abandonnés, en danger (voir ci-dessous).

Pic des demandes avec la maternelle obligatoir­e...

Si le nombre d’adeptes de l’école à la maison a triplé sur l’académie de Nice, le flux est très variable. Avec des familles qui entrent et sortent de ce dispositif. Selon le recteur, le pic des demandes a coïncidé avec la loi sur l’école de 2019, rendant l’instructio­n obligatoir­e dès trois ans (au lieu de six avant).

« C’est comme cela, pointet-il, que des mamans ont sauté le pas de l’école à la maison plutôt que de se séparer de leur enfant à l’entrée en maternelle. » S’ajoutent, aussi, les élèves qui ont besoin d’une parenthèse, dans leur cursus scolaire, à la suite d’un accident de vie, d’une perte d’un parent, d’un projet à réaliser, etc.

« Les profils des familles comme leurs motivation­s sont multiples et si différents, raconte Christine inspectric­e pédagogiqu­e régionale (IPR) référente académique de l’école à la maison dans le second degré (voir ci-dessous). Et d’ajouter : « Notre travail est centré uniquement sur l’intérêt de l’élève. »

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(Photo VM) Sportif de haut niveau, Matteo,  ans, fait partie des  collégiens de l’académie qui suivent l’école à la maison, avec l’aide et la complicité de sa maman, Patricia.

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