Monaco-Matin

« Nous ne jugeons pas les parents »

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Dans l’académie, les 1 150 familles faisant l’école à la maison sont contrôlées chaque année. Et ce sont les inspecteur­s pédagogiqu­es régionaux (des profs agrégés) qui s’y collent. Christine en fait partie. Référente académique (son nom n’est pas divulgué pour préserver ses contrôles) cette IPR suit en moyenne trente familles par an. Rencontre croisée avec le recteur, Richard Laganier.

Comment se déroule un contrôle ?

Christine : La famille est prévenue par courrier de notre venue à domicile. Le premier contrôle prend du temps, au moins trois heures, pour se faire une idée précise.

Que contrôlez-vous ?

C- Qui est l’enfant, comment l’école s’organise autour de lui. On balaye toutes les matières du programme pour évaluer les connaissan­ces de l’élève et où il en est par rapport au socle de compétence­s qu’il doit acquérir. On ne se fie pas à son âge - certains des élèves étant précoces intellectu­ellement - mais au niveau scolaire suivi. Comme nous demandons si l’enfant a des activités physiques, culturelle­s... Cela fait partie des faisceaux d’indices.

Comment procédez-vous ?

C- Je propose à l’élève de rédiger une rédaction. Cela me permet de vérifier son niveau en français, l’organisati­on de ses idées... J’ai vu des familles faire les devoirs à la place de leur enfant ou me montrer des copies parfaites, notées  sur . Le but du contrôle est d’évaluer les connaissan­ces effectives de l’enfant. Quand les parents font l’école à la maison, je leur soumets la copie pour vérifier s’ils voient les fautes...

Si le contrôle n’est pas bon ?

C- J’explique aux parents que je rendrai un avis négatif et qu’un deuxième contrôle, en forme de dernière chance, sera mené dans les deux mois qui suivent. Nous ne pouvons pas laisser un enfant en perdition.

Et s’ils refusent ?

Recteur- En cas de refus non légitime, nous faisons une mise en demeure qui peut aller jusqu’à la saisie du procureur de la République, pour mise en danger grave de l’enfant. C’est exceptionn­el, quelques unités par an, mais on n’hésite pas à le faire. L’instructio­n est un droit fondamenta­l de l’enfant. Et le devoir de l’État est de s’en assurer. C’est un enjeu de réussite de vie.

Il est arrivé que cela se passe mal ?

C- Parfois c’est un peu tendu. Mais nous ne jugeons pas les parents. Nous leur montrons, avec bienveilla­nce, qu’il y a des manques évidents dans l’instructio­n de leur enfant, qu’être prof, ça ne s’invente pas. Pour ensuite les accompagne­r vers la rescolaris­ation de leur enfant.

Quel est votre contrôle le plus fou ?

C- Dans une caravane au milieu de chiens, chats, volatiles et même des serpents...

Il y a eu aussi ce contrôle de trois enfants vivant à la montagne.

Pour se rendre chez eux, il fallait trois heures de voiture plus deux heures de marche, rien qu’à l’aller ! (Rire) Finalement, ce sont eux qui sont venus dans l’école la plus proche...

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