Legs d’or détourné à Nice : séisme au diocèse
L’ex-économe adjoint et le de confiance. Le premier à père Gil Florini ont été condamnés en correctionnelle pour abus sept mois de prison ferme, le second, qui fait appel, à du sursis
Petit tremblement de terre au sein du diocèse de Nice. Une affaire digne d’Agatha Christie de legs détourné, de pièces d’or « volées » puis restituées était examinée, lundi, devant le tribunal correctionnel. À l’issue d’une audience saignante, l’ex-délégué épiscopal à l’immobilier, responsable des legs et économe diocésain adjoint, Didier Torres, et l’iconoclaste curé de l’église SaintPierre-d’Arène, Gil Florini, ont été, tous deux, condamnés pour abus de confiance.
C’est un commissaire aux comptes qui avait mis le nez dans les affaires du diocèse et qui avait alerté le procureur de la République en 2017. Ce dernier avait ensuite ouvert une information judiciaire… L’ex-monsieur « immobilier » de l’ADN (association diocésaine de Nice) a écopé de sept mois de prison ferme. Une lourde peine en raison de précédentes condamnations, évoquées à l’audience, pour « fraude fiscale » ou encore « abus de confiance » alors qu’il était administrateur de tutelle. Il devra, en outre, s’acquitter d’une amende de 10 000 euros. Quant à l’abbé Gil Florini, il a été condamné à sept mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende. Pour la justice, les deux hommes étaient de mèche : ils ont détourné pour l’un et pour l’autre facilité le détournement de 57 pièces d’or, legs effectué par une Niçoise à la paroisse Saint-Pierre-d’Arène.
Un euro pour le diocèse
Le diocèse, contacté à de multiples reprises, n’a pas répondu à nos sollicitations, mais son conseil, Me Julien Darras réagit : « L’ADN et son président [André Marceau, évêque de Nice] prennent acte du jugement et n’entendent pour l’heure formuler aucun commentaire, car cette décision est susceptible d’appel et d’être, donc, non définitive. »
L’avocat niçois poursuit : « L’ADN souhaite cependant préciser qu’elle n’est pas à l’initiative de la procédure, mais qu’elle s’était constituée partie civile après avoir reçu un avis à victime après l’enquête préliminaire menée sous la direction du procureur de la République. » Le diocèse avait sollicité 1 euro de dommage et intérêt qui lui a été accordé.
Il manque des éléments ?
L’avocat de Gil Florini, annonce, de son côté, que son client va « bien évidemment faire appel ». Me Pierre-Paul Valli est chafouin : « C’est très désagréable quand on a ce type de jugement mais que l’on sait que tous les éléments ne sont pas sur la table. » Le défenseur s’insurge : « C’est Gil Florini lui-même qui a alerté le commissaire aux comptes sur les agissements de l’ancien économe adjoint et sur des pratiques, on va dire, originales, au sein du diocèse de Nice. »
Et le conseil de l’abbé Gil Florini de conclure : « Les 57 pièces d’or avaient été répertoriées, puis elles avaient ensuite disparu dans le flux financier du diocèse et tout cela était géré par Didier Torres. On peut aisément penser que le diocèse ne voulait simplement pas que M. Torres se retrouve tout seul devant la justice. Mon client a la faiblesse de penser qu’on lui reproche d’être un curé atypique et qui déplaît. »