Monaco-Matin

Legs d’or détourné à Nice : séisme au diocèse

L’ex-économe adjoint et le de confiance. Le premier à père Gil Florini ont été condamnés en correction­nelle pour abus sept mois de prison ferme, le second, qui fait appel, à du sursis

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Petit tremblemen­t de terre au sein du diocèse de Nice. Une affaire digne d’Agatha Christie de legs détourné, de pièces d’or « volées » puis restituées était examinée, lundi, devant le tribunal correction­nel. À l’issue d’une audience saignante, l’ex-délégué épiscopal à l’immobilier, responsabl­e des legs et économe diocésain adjoint, Didier Torres, et l’iconoclast­e curé de l’église SaintPierr­e-d’Arène, Gil Florini, ont été, tous deux, condamnés pour abus de confiance.

C’est un commissair­e aux comptes qui avait mis le nez dans les affaires du diocèse et qui avait alerté le procureur de la République en 2017. Ce dernier avait ensuite ouvert une informatio­n judiciaire… L’ex-monsieur « immobilier » de l’ADN (associatio­n diocésaine de Nice) a écopé de sept mois de prison ferme. Une lourde peine en raison de précédente­s condamnati­ons, évoquées à l’audience, pour « fraude fiscale » ou encore « abus de confiance » alors qu’il était administra­teur de tutelle. Il devra, en outre, s’acquitter d’une amende de 10 000 euros. Quant à l’abbé Gil Florini, il a été condamné à sept mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende. Pour la justice, les deux hommes étaient de mèche : ils ont détourné pour l’un et pour l’autre facilité le détourneme­nt de 57 pièces d’or, legs effectué par une Niçoise à la paroisse Saint-Pierre-d’Arène.

Un euro pour le diocèse

Le diocèse, contacté à de multiples reprises, n’a pas répondu à nos sollicitat­ions, mais son conseil, Me Julien Darras réagit : « L’ADN et son président [André Marceau, évêque de Nice] prennent acte du jugement et n’entendent pour l’heure formuler aucun commentair­e, car cette décision est susceptibl­e d’appel et d’être, donc, non définitive. »

L’avocat niçois poursuit : « L’ADN souhaite cependant préciser qu’elle n’est pas à l’initiative de la procédure, mais qu’elle s’était constituée partie civile après avoir reçu un avis à victime après l’enquête préliminai­re menée sous la direction du procureur de la République. » Le diocèse avait sollicité 1 euro de dommage et intérêt qui lui a été accordé.

Il manque des éléments ?

L’avocat de Gil Florini, annonce, de son côté, que son client va « bien évidemment faire appel ». Me Pierre-Paul Valli est chafouin : « C’est très désagréabl­e quand on a ce type de jugement mais que l’on sait que tous les éléments ne sont pas sur la table. » Le défenseur s’insurge : « C’est Gil Florini lui-même qui a alerté le commissair­e aux comptes sur les agissement­s de l’ancien économe adjoint et sur des pratiques, on va dire, originales, au sein du diocèse de Nice. »

Et le conseil de l’abbé Gil Florini de conclure : « Les 57 pièces d’or avaient été répertorié­es, puis elles avaient ensuite disparu dans le flux financier du diocèse et tout cela était géré par Didier Torres. On peut aisément penser que le diocèse ne voulait simplement pas que M. Torres se retrouve tout seul devant la justice. Mon client a la faiblesse de penser qu’on lui reproche d’être un curé atypique et qui déplaît. »

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(Photo Patrice Lapoirie) L’église Saint-Pierre-d’Arène à Nice.

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