Monaco-Matin

Les difficulté­s volent en escadrille

- L’ÉDITO de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Le projet de loi cher à Emmanuel Macron sur le séparatism­e arrive en Conseil des ministres ce matin. Une loi, on le rappelle, qui vise à conforter les principes républicai­ns contre la montée de l’islamisme radical. Beaucoup de nondits, dans ce texte, y compris parce que ni le mot séparatism­e, avancé par le président de la République aux Mureaux le  octobre dernier, n’y figure, ni non plus le terme islamisme. Ce n’est ni un hasard ni un oubli, mais bien une volonté : celle de ne pas désigner une religion, de ne pas l’opposer aux autres, de ne pas être « islamophob­e », selon le mot qui désormais structure la différence entre l’extrême gauche et la majorité des autres acteurs de la vie politique. D’autant que, depuis le dépôt du projet de loi et avant même que commence le débat parlementa­ire, après l’assassinat de Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie qui avait voulu montrer à ses élèves qu’on pouvait, dans une école publique, montrer des caricature­s de Mahomet, que la liberté d’expression était un bien précieux et inaliénabl­e, des voix, dans de très nombreux pays musulmans, désignent désormais la France comme leur ennemie. Mais c’est au Parlement que se jouera le vrai combat, le premier combat régalien d’Emmanuel Macron. Et déjà, que de difficulté­s s’y accumulent ! Les parlementa­ires LR demandent un référendum sur les principes républicai­ns – en sachant, bien sûr, que les referendum­s, quels qu’ils soient, servent le plus souvent à pousser les présidents de la République vers la sortie, quoi qu’ils proposent. Depuis que le projet de loi est annoncé, les Insoumis y sont hostiles et n’en font pas mystère. Plus grave encore : à l’intérieur du parti majoritair­e lui-même, qui devrait promouvoir cette loi et, surtout, la voter, une ligne de partage sépare les tenants d’une laïcité dure, à la Manuel Valls, pour aller vite, et ceux qui dénoncent l’excès de mesures sécuritair­es que le texte gouverneme­ntal pourrait contenir.

Rien n’est simple décidément pour Emmanuel Macron : sur le climat, il est désormais l’objet de virulentes critiques des  membres tirés au sort de la convention citoyenne, qu’il a mise en place. Et voilà que se profile, plus problémati­que encore, la perspectiv­e des deux réveillons alors que le virus de la Covid court toujours, et qu’il court trop vite pour envisager un déconfinem­ent partiel à partir, comme on l’espérait, du  décembre. Bonne fin d’année, monsieur le Président.

« C’est au Parlement que se jouera le vrai combat, le premier combat régalien d’Emmanuel Macron. »

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