Monaco-Matin

A Nice, une policière municipale à cheval sauve la vie d’un retraité

- ÉLISE MARTIN emartin@nicematin.fr

« On rentrait de la plage de l’Opéra, j’ai remarqué la brigade équestre au loin, raconte Michel Lejeune. J’ai eu le temps de le mentionner à ma femme et puis après, plus de son, plus d’image. » Il y a trois semaines, Martine, l’épouse de Michel, a bien cru qu’elle avait perdu « l’amour de sa vie ». Elle se rappelle : «Ilest tombé sur moi puis sur le trottoir. Pour moi, il était mort. J’ai crié, des passants ont alerté les cavalières en train de patrouille­r qui sont arrivées directemen­t. » Parmi elles, Victoria Vivier, « ma sauveuse » comme l’appelle Michel. La policière se remémore : «Surle coup, on entend des cris, on fonce sans savoir sur quoi on va arriver. L’avantage avec le cheval, c’est qu’à 2,50 m de hauteur, j’ai vu rapidement qu’il y avait quelqu’un à terre malgré les gens autour. Je suis partie au galop. Sur place, j’ai pratiqueme­nt sauté du cheval pour m’occuper de Michel. »

« Des minutes qui sont cruciales »

De son « instinct policier » ,la jeune femme entreprend un massage cardiaque. « J’avais jamais été confrontée à cette situation. Je me souvenais surtout de ma formation en école. Je comptais jusqu’à 20, je vérifiais le souffle, je recomptais, je vérifiais encore… » Ce geste, elle l’a répété pendant vingt minutes, jusqu’à l’arrivée des pompiers. « J’avais l’impression d’être dans un tunnel : au bout, c’était la prise en charge des secours, mais jusqu’à ce moment-là, je n’avais pas le droit de lâcher. J’avais la vie de quelqu’un entre les mains. Il n’y avait rien qui pouvait me déconcentr­er même si c’était intense et compliqué. »

« Je vous remercie du fond de mon nouveau coeur »

Michel qualifie son acte digne du personnel du Samu. Il développe : «1% des gens en arrêt cardiaque survivent. Peu de personnes sont formées et le temps que les pompiers arrivent, il est parfois trop tard. J’ai eu de la chance qu’elle soit là. Ces minutes étaient plus que cruciales. »

Au bout de ces vingt minutes, Victoria craque, elle s’effondre quand ses collègues arrivent pour prendre le relais. « J’étais soulagée de savoir que son coeur était reparti. J’étais fière de me dire que j’avais accompli mon devoir. Finalement, c’est l’aboutissem­ent de mon métier. J’ai choisi d’être policière pour porter secours aux personnes dans le besoin. »

Sans ce massage cardiaque et l’oxygénatio­n de son cerveau, l’homme de 74 ans aurait pu pâtir de grosses séquelles. Aujourd’hui, il peut « tenir une coupe de champagne sans trembler », clame-til fièrement. Il poursuit : «Je suis venu la remercier du fond de mon nouveau coeur.

J’aimerais lui offrir plus que des cartes cadeaux. Je suis en vie et ça, ça n’a pas de valeur. »

La cavalière de 29 ans, sortie il y a un an et demi de l’école, reste humble face à son geste « héroïque ». Pour Cyril Perignat, chef de la brigade équestre, c’est une fierté de l’avoir dans son équipe : « On a été impression­né par son courage et son profession­nalisme. C’est aussi à travers ces événements qu’on voit l’efficacité d’une brigade équestre. C’est une belle histoire et une belle aventure. »

Créée il y a onze ans, cette unité équestre se compose de onze agents permanents et de six chevaux. Elle patrouille tous les jours de l’année et couvre de nombreux secteurs de la ville.

 ?? (Photo Cyril Dodergn) ?? Michel a été sauvé par Victoria mais aussi Émilion, le cheval et collègue de la policière.
(Photo Cyril Dodergn) Michel a été sauvé par Victoria mais aussi Émilion, le cheval et collègue de la policière.

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