L’après tempête Alex racontée par des reporters en herbe
Grâce à l’aide d’une mère de famille, du Parc du Mercantour et de la médiathèque, des collégiens de Tende se sont transformés en reporters pour raconter la tempête et ses conséquences
Le projet de réaliser un petit journal est (en partie) né d’une envie d’occuper les jeunes Tendasques pendant les vacances de la Toussaint. Deux semaines après que la tempête Alex a sévi dans la Roya. Mais les adolescents participant se sont si bien prêtés au jeu que le résultat mérite intérêt et applaudissements. Solidarité, coupure des différents réseaux, état des routes et nouveaux moyens de déplacement, situation dans les hameaux… Pratiquement tous les sujets ont été abordés en un temps record par les journalistes en herbe – Federico, William, Clarysse, Quentin, Angela, Mathis, Julie, Mathias, Emma, Linda.
Idées et envies de chacun
« J’étais tombée sur un petit journal de deux pages qu’avait fait l’école de La Brigue. Je me suis dit, pourquoi pas à Tende. Alors j’ai missionné mon fils auprès de ses copains, essentiellement des élèves de 6e et 5e, pour trouver des jeunes intéressés », explique Jennifer Barthès, la mère de famille qui a accompagné les adolescents tout le long du projet. Avec l’appui du Parc du Mercantour, et notamment de Marie Dugeay – assistante du service territorial Roya Bevera – qui a coordonné l’initiative et trouvé un lieu de ralliement : la médiathèque. « Les jeunes avaient besoin de se retrouver, de parler, échanger sur ce qu’ils avaient vécu », analyse Jennifer, soucieuse que ce projet de journal ne soit pas perçu comme une contrainte pour autant. « Nous avons commencé en inscrivant les idées et envies de chacun sur un grand tableau. À partir de ce qu’ils voulaient, on a structuré les choses, et fait un plan », poursuit-elle.
Si les groupes se sont d’abord constitués par affinité, la volonté de traiter un même thème a conduit des jeunes à se rapprocher. Pour parler des évacuations du vendredi soir, entre autres.
« Tous les jours on se donnait rendez-vous à la médiathèque pour faire le point sur les sujets de chacun, pour les aiguiller s’ils en avaient besoin. Puis ils partaient sur le terrain – toujours à deux. » Le fait d’habiter dans une petite commune représentait un réel un atout. Les adolescents connaissant les gens qu’ils pouvaient interroger, ayant eu l’information de qui avait été relogé, et d’où se trouvait chaque interlocuteur potentiel. « Parfois, ils ont mené de petites enquêtes pour retrouver les gens. Et si les personnes qu’ils souhaitaient voir n’étaient pas disponibles, ils prenaient rendezvous », indique Jennifer. Précisant que les jeunes se sont toujours attachés à demander s’ils pouvaient prendre les gens en photos et récolter leur témoignage.
« J’ai ensuite récupéré tous les textes sur une clé USB. Je mettais en page le soir, parfois jusqu’à minuit. Je leur avais donné un objectif, entre autres pour les motiver, que tout soit fini en deux semaines. »
Les adolescents et leurs encadrants avaient en effet prévu de distribuer le résultat – au format papier – le jour d’Halloween, en même temps que la tournée de bonbons. Mais le confinement les en a empêchés. « Il a fallu boucler à distance, en tenant compte des difficultés de connexions », glisse Jennifer. Grâce à la création d’un groupe WhatsApp sobrement intitulé « Les journalistes », notamment. Faute de pouvoir distribuer le journal en main propre, Jennifer s’est fait aider par le Parc pour finaliser la mise en page et mettre le travail des Tendasques en ligne – sur la plateforme Calaméo. Les retours n’ont pas tardé à tomber sur les réseaux sociaux. « Des internautes ont écrit que c’était de chouettes jeunes, qu’ils étaient l’avenir du village », se réjouit Jennifer. Qui entend bien, désormais, perfectionner le journal pour le sortir dans un format plus professionnel. Avec un sommaire, un édito… Le projet n’est donc pas tout à fait fini. Mais les conséquences positives, elles, sont déjà bien là. «Ce journal a permis d’apporter une discussion avec les jeunes. Y figurent leurs idées, ce qu’ils ont ressenti. Et ils ont pu se rendre compte de ce que les autres avaient vécu. Tout cela les fait grandir », conclut Jennifer.