Première description d’atteinte cardiaque
Après avoir diagnostiqué, dans les tout premiers temps de l’épidémie, une myocardite (inflammation du muscle cardiaque causée par le virus) chez un patient hospitalisé en réanimation, le Dr Denis Doyen décidait d’aller plus loin en essayant de caractériser précisément les atteintes cardiaques chez un plus grand nombre de malades dans un état grave. Praticien hospitalier dans l’équipe des Prs Jean Dellamonica et Gilles Bernardin (hôpital L’Archet, service de Médecine Intensive Réanimation), le Dr Doyen va mener un projet bi-centrique, impliquant la réanimation médicale niçoise et celle de l’hôpital Cochin à Paris. Un projet qui a conclu à la présence précoce chez plus de 70 % de patients de diverses atteintes cardiaques. Parmi les plus fréquentes,
« des myocardites directement liées à l’attaque du virus et des syndromes coronariens aigus (infarctus du myocarde) », pour lesquels des traitements efficaces et bien connus existent. Cette découverte devrait faire évoluer la prise en charge des malades en réanimation, en incitant fortement à la réalisation très régulière d’ECG (électrocardiogrammes) et de dosages simples de marqueurs sanguins de souffrance cardiaque (troponine). Les enjeux sont majeurs.
« Ces complications cardiaques doivent être dépistées très tôt et les traitements dispensés rapidement, si on veut éviter la survenue de tachycardies menaçantes, l’installation d’une insuffisance cardiaque voire une augmentation du risque de décès en réanimation. Même après guérison, il peut persister une “cicatrice ” de ces atteintes, responsables de complications aiguës ou chroniques. D’où l’importance d’alerter aussi les médecins qui assurent le suivi de ces malades après leur séjour en réanimation. »