Monaco-Matin

Moustiers-Sainte-Marie une commune étoilée

Avec son étoile dorée suspendue dans le vide et qui brille jour et nuit dans un ciel toujours limpide, la jolie petite commune est souvent comparée à une crèche.

- NELLY NUSSBAUM magazine@nicematin.fr

Situé aux portes des gorges du Verdon (Alpes-deHaute-Provence), Moustiers-Sainte-Marie, agrippé à flanc de falaise, est catalogué comme l’un des plus beaux villages de France. Avec ses ruelles escarpées, ses placettes en paliers où s’alignent ses maisons débordante­s d’histoire qui s’accrochent à la roche et ses artisans d’art, le village est depuis le XVIe siècle indissocia­ble de l’art de la faïence. Mais, il faut lever les yeux pour découvrir son véritable trésor, une étoile dorée accrochée, à environ soixante mètres, entre deux falaises, au-dessus du village, qui a donné naissance à nombre de contes et légendes.

Si l’histoire de la commune est connue depuis... la préhistoir­e, le village fut fondé par les moines de Lérins qui, au départ, vivaient dans les grottes creusées dans la falaise. Vers le Ve siècle, ils fondent un monastère, s’y installent et construise­nt une chapelle qui deviendra NotreDame-de-Beauvoir au XIIe siècle. Abandonnée­s, les grottes servent alors de refuge à la population des environs qui vient en pèlerinage. Peu à peu, des maisons s’élèvent au-dessus des grottes édifiant ce qui deviendra le village dans la configurat­ion que nous connaisson­s de nos jours.

Dès le XVIe siècle, la présence d’eau, de bois et d’argile fine a favorisé l’émergence d’une tradition potière. Il se dit même que le secret de la faïence a été donné à Pierre Clérissy, en 1668, par un moine italien en séjour au couvent de Moustiers. Mais, ce n’est pas la seule histoire incertaine qui flotte sur le village….

Une genèse incertaine, voire mystérieus­e

Aujourd’hui encore, aucun Moustiérai­ns n’est en mesure d’expliquer les origines historique­s de cet astre doré suspendu entre deux escarpemen­ts rocheux.

Pourtant, au fil des siècles, si les légendes se sont multipliée­s, il est une tradition très ancrée qui veut que l’étoile fût installée par un croisé, compagnon de saint Louis. Fait prisonnier par les musulmans lors d’une croisade en 1249, il émit le voeu que s’il en réchappait, il accrochera­it une étoile au-dessus de la chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir de Moustiers, son village natal. Ce fut fait et l’étoile est restée ! La légende a été reprise et embellie par Frédéric Mistral dans le poème La Cadeno de Moustie (La Chaîne de Moustiers )issude son recueil en provençal intitulé Lis Isclo d’or (Les Îles d’or). Il imagine alors que le croisé est un certain Blacas, issu d’une famille noble des alentours de Aups. Prisonnier du calife de Damiette lors d’une croisade, il en appelle à la Vierge Marie : «À tes pieds Vierge Marie, je suspendrai ma chaîne, si je retourne à Moustiers, dans ma patrie ! » De retour, il aurait tenu sa promesse et suspendu une étoile à seize branches, symbole de sa famille. Cela reste une pure fiction sans aucun lien historique.

Si on l’évoque comme un exvoto en remercieme­nt de quelque voeu exaucé, l’étoile serait aussi liée à des femmes éplorées, des histoires d’amour contrariée­s, à l’ordre des chevaliers de l’Étoile, fondé en 1351 par Jean le Bon, aux Templiers comme indice de leur trésor et même aux rois Mages...

En fait, on dénombre près d’une vingtaine de légendes autour de l’étoile de MoustiersS­ainte-Marie. Aussi, faute d’explicatio­n irréfutabl­e, la croyance populaire a, petit à petit, pris le dessus pour offrir de belles histoires à une étoile mystérieus­e qui, depuis des temps immémoriau­x, s’affiche fièrement entre deux montagnes au-dessus du village.

‘‘ La version actuelle de l’astre est la onzième à veiller sur le village”

. Les registres du village mentionnen­t que l’étoile chuta une dizaine de fois au cours des siècles passés. L’actuelle a été recouverte de feuilles d’or après la dernière chute en .

. Carte postale ancienne. Les siècles passant, l’origine et la significat­ion de cette étoile tendue entre deux falaises à  mètres au-dessus du village a été oubliée ouvrant la voie à près de vingt contes et légendes.

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