Monaco-Matin

On passe à table : pour les fêtes, faites-vous plaisir !

Après une année éprouvante, on se lâche et on mange gras, sucré et salé si ça nous chante. Pour une fois, ce n’est pas grave et ça fait même du bien, paroles d’expert !

- C. MARTINAT

Que ceux qui n’ont jamais songé au menu du réveillon avec un léger sentiment de culpabilit­é lèvent la main ! Que ceux qui s’inquiètent plus du nombre de calories de 100 grammes de foie gras que du prix au kilo de la truffe noire du Périgord aillent se rhabiller dans leur taille 36 ! Et que ceux qui songent à remplacer la bûche pâtissière par un sorbet plus léger soient privés de dessert une année entière ! 2020 nous a suffisamme­nt privés, contraints, frustrés. Alors même si ceque vous-savez-et-que-nousne-citerons-pas-dans-cet-article s’invite encore durant les fêtes en nous obligeant à la plus grande prudence, le moment est venu de se lâcher et de se faire plaisir, envers et contre tout. Avec un menu gras, salé et sucré si ça nous chante. Devinez quoi ? C’est même conseillé ! C’est ce que nous explique Sophie Schaeffer, micronutri­tionniste, docteur en pharmacie et titulaire d’un DU de psychonutr­ition.

Lâcher prise et s’offrir un vrai repas de fête sans regarder à la dépense (calorique), c’est possible ?

C’est même une super idée. Beaucoup de gens viennent me voir en décembre, un peu inquiets. Et ils me disent : “Ah là là ! C’est Noël… J’ai droit à quoi ? Qu’est que je peux manger, qu’est qu’il ne faut pas manger ?”

Je suis là pour leur expliquer que c’est un jour particulie­r, un jour où on se fait plaisir ! On mange ce qui nous fait envie, sans se polluer l’esprit avec des diktats. Ce n’est pas parce qu’on fait un excès un jour qu’on va exploser son poids ! Au contraire : c’est le fait d’être dans la culpabilit­é qui fait qu’on se coupe de ses sensations et qu’on perd le contrôle. Le corps est bien fait : si on se fait plaisir, qu’on mange en pleine conscience, en se faisant plaisir, on va finir par être rassasié. Ce qui n’arrive jamais quand on est dans la culpabilit­é et la frustratio­n ! Il faut savoir s’écouter. Et puis l’équilibre alimentair­e ne se fait pas sur un repas, mais sur une semaine.

Manger, un remède à l’anxiété ?

L’anxiété, le stress ont une influence sur nos comporteme­nts alimentair­es. Le stress chronique fait que l’on produit plus de cortisol, et cela a un impact négatif sur les neuromédia­teurs que sont la dopamine et la sérotonine. Cette dernière en particulie­r, quand elle est basse, fait qu’on a tendance à manger plus de sucre. L’augmentati­on du taux de sucre dans le sang fabrique de l’insuline qui favorise l’entrée dans le cerveau du tryptophan­e, un acide aminé précurseur de la sérotonine. C’est pour cette raison qu’on a tendance à manger du chocolat quand on a le moral dans les chaussette­s !

Rien de plus logique, après l’année qu’on vient de passer, que d’avoir envie de se faire plaisir. L’idée, c’est quand même de se mettre en mode dégustatio­n et de ne pas s’empiffrer. Il faut goûter à tout, en pleine conscience, sans culpabilit­é ! Il faut savoir en profiter. Et souligner que c’est assez contempora­in de se prendre le chou avec ça !

Et si on mange vraiment plus que de raison ?

Si on s’écarte vraiment, si on va au-delà du sentiment de satiété – bien sûr il ne faut pas le faire tous les jours – mais sur un repas, ce n’est pas grave !

Pourquoi ce sont particuliè­rement des mets gras, salés et sucrés qui nous font envie ?

Le sucre et le sel titillent nos papilles bien sûr mais il y a aussi le côté culturel, la tradition. Ces repas véhiculent une image de réconfort familial, de conviviali­té, d’amour et de bienveilla­nce. Même si on est moins nombreux cette année, on n’a évidemment pas le même plaisir à manger seul ce genre de repas.

La nourriture est un doudou, tout particuliè­rement à ce moment-là. Ce n’est donc vraiment pas le moment de penser à un énième régime. Au contraire, ce serait courir le risque de prendre encore plus de poids après !

Est-ce l’exception qui fait la fête ?

Si on mange tous les jours des huîtres, on n’aura pas le même plaisir à les voir sur la table à Noël. Ce n’est pas pour rien qu’on a des menus qui sortent de l’ordinaire. Leur côté inhabituel amplifie le plaisir.

Foie gras, saumon, dinde aux marrons, bûche : ces plats peuvent-ils avoir un intérêt nutritionn­el ?

Le foie gras est certes une bombe à calories mais il offre aussi de bons acides gras. Les crustacés, les fruits de mer sont pleins de minéraux, en particulie­r le zinc qui est intéressan­t pour l’immunité qu’on veut tous booster en ce moment ! Le saumon est plein d’oméga . Tout n’est pas si mauvais, au contraire.

Même la bûche pâtissière, avec sa crème au beurre ?

Alors non ! Au-delà de l’aspect plaisir, je n’ai rien à en dire de plus ! Si ce n’est, ce que je répète toujours comme un mantra : l’équilibre alimentair­e, c’est  % dans les rails et  % free style. La bûche, c’est la cerise sur le gâteau, les  % free style ! Elle va saturer les papilles, activer le circuit de la récompense.

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(Photo Unsplash) Puisqu’il est conseillé de n’être pas plus de six adultes à table, si au moins on se lâchait sur le contenu de nos assiettes ?

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