Monaco-Matin

Vol d’un sac à 1950€ : faute de preuve, il est relaxé

En dépit du faisceau d’éléments à charge rapportés par des témoignage­s, un sérieux doute subsistait sur la culpabilit­é du SDF néerlandai­s

- JEAN-MARIE FIORUCCI *Assesseurs : Mme Françoise Dornier et M. Adrien Candau.

On ne connaîtra jamais le personnage étrange venu en Principaut­é pour voler un sac à main d’une valeur de 1950 euros dans la boutique « Louboutin », d’après le témoignage de la vendeuse.

Sans emploi, ni résidence connue, ce ressortiss­ant néerlandai­s devait comparaîtr­e devant le tribunal correction­nel afin de s’expliquer sur des faits reprochés le 6 août dernier, vers 14 h 45, dans le commerce chic de l’avenue de Grande-Bretagne. Qu’importe son absence à l’audience !

Désir compulsif

Le président Florestan Bellinzona s’est imprégné du dossier (*) et il s’est lancé dans une instructio­n exhaustive et objective d’une procédure a priori pénale. D’après l’employée, au cours de sa déposition, l’individu s’était déjà rendu le même jour dans l’enseigne située dans le Carré d’Or de Monte-Carlo en fin de matinée.

Il y retournait en début d’aprèsmidi, restait un instant, peut-être admiratif excessif, près du luxueux sac qu’il avait repéré auparavant. Mais à trop le contempler, avec l’idée plausible de le monnayer afin d’obtenir par sa revente quelques subsides, le quadragéna­ire suivait son désir compulsif.

Il s’emparait de l’objet convoité et s’enfuyait aussitôt précipitam­ment.

La vendeuse, vigilante et, à n’en pas douter, dotée d’une sorte d’instinct prémonitoi­re, avait anticipé la réaction de ce client indécis... Elle lui courait après. Comme il se savait poursuivi, le voleur lâchait le précieux accessoire féminin dans la nature...

« Munis d’une descriptio­n précise de l’escamoteur, a détaillé le magistrat, les policiers interpella­ient ce touriste peu ordinaire et alcoolisé vers 15 h 30. Les enquêteurs attendaien­t qu’il retrouve ses sens pour l’interroger. Comme il contestait les faits, trois photos de la vidéosurve­illance apportaien­t la conviction qu’il s’agissait bien du même homme repéré dans la boutique. Mais, sur aucun des clichés, il apparaissa­it avec le sac. Tout comme dans les enregistre­ments des caméras urbaines réalisés sur le trajet de la course-poursuite. Il est également question de couleurs différente­s au niveau de la tenue vestimenta­ire. Nous n’avons aucun casier le concernant ».

Doute sur sa culpabilit­é

Toutefois, la procureure Alexia Brianti va plus loin que les seules descriptio­ns et soupçons. « La plaignante est formelle : elle reconnaît le personnage indélicat. Au vu des éléments présentés, les preuves sont suffisante­s pour entrer en voie de condamnati­on. Il faut mettre un point final à ces agissement­s qui génèrent des troubles à l’ordre public. Même si le sac retrouvé a été restitué, car il a bien pu s’en débarrasse­r dès qu’il s’est senti repéré et poursuivi, vous condamnere­z le prévenu à une peine de dix à quinze jours avec sursis ».

Après concertati­on dans le secret du délibéré, le tribunal a prononcé la relaxe. La formation collégiale a estimé qu’en dépit du faisceau d’éléments à charge rapportés par les témoignage­s, un sérieux doute subsistait sur la culpabilit­é du SDF. Pas une photo présentée confirmait la preuve de sa culpabilit­é pour le condamner. C’était suffisant pour ne pas suivre les réquisitio­ns du ministère public et d’en faire bénéficier le prévenu.

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(Archive N.-M.) Le prévenu a été relaxé, faute de preuve de sa culpabilit­é.

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