Monaco-Matin

All I Want for Christmas Is You, de Mariah Carey

En 1994, sur un album bouclé en traînant des pieds, la diva américaine a signé ce hit qui lui permet de revenir chaque année sur le devant de la scène. Et lui assure de confortabl­es revenus.

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Les cadeaux posés sous le sapin, les gamins qui trépignent autour. Une table où l’on trouve assez de nourriture pour nourrir trois équipes de rugby. Des blagues vaseuses pour accompagne­r une phase de digestion laborieuse... Noël approche et, promis, on arrête illico de jouer les misanthrop­es.

Histoire de se mettre dans l’ambiance, on vous invite à écouter, sans doute une énième fois, All I Want For Christmas Is You. Le titre est devenu un classique des fêtes de fin d’année, en l’espace d’un quart de siècle. Et depuis belle lurette, il offre de belles étrennes à Mariah Carey, son interprète, qui l’a également co-écrite. Selon le journal The Economist, la chanson lui avait déjà rapporté plus de 60 millions de dollars (environ 49,6 millions d’euros) entre 1994 et 2019.

Enregistré­e en plein mois d’août

La diva américaine assure adorer la période des fêtes. En revanche, elle a longtemps eu plus de mal avec sa propre création enneigée. « Avant, je la critiquais à chaque fois que je l’entendais mais, à ce stade, je sens que je suis enfin capable de l’apprécier », a-t-elle déclaré l’an dernier au New York Times.

Cela a le mérite d’être sincère. Il faut dire qu’en 1994, alors âgée de 24 ans, Mariah Carey n’était pas très emballée à l’idée d’enregistre­r un album de Noël. C’est Tommy Mottola, son ex-mari/manager, qui lui avait soufflé l’idée. Et qui avait dû insister pour qu’elle accepte. Mariah Carey se met finalement au travail avec Walter Afanasieff. Ensemble, le duo a déjà signé le hit Hero. Plus tard, il récidivera avec One Sweet Day et Butterfly .La chanteuse ne met qu’un quart d’heure à trouver les paroles. « J’ai pensé à toutes les choses à propos de Noël et au fait de grandir comme un enfant qui aime Noël », commentait-elle dans Entertainm­ent Weekly.

Afanasieff n’est pas convaincu, il a l’impression d’entendre des vocalises. Mais le duo finit par trouver le bon équilibre. Le producteur programme une session en Californie avec des musiciens, pour boucler la mélodie. Pas satisfait, il fera tout lui-même.

Mariah Carey, elle, se retrouve dans un studio d’enregistre­ment... en plein mois d’août. Pour la plonger un peu plus dans l’ambiance, des sapins de Noël et des guirlandes lumineuses ont été apportés. Deux versions du clip seront tournées. Dans l’une d’elles, Tommy Mottola, l’amoureux de Mariah qui semblait valoir mieux que tous les cadeaux du monde, apparaît déguisé en Père Noël.

La fête du stream

Le 1er novembre 1994, Columbia Records sort Merry Christmas, un album comportant onze pistes, mêlant compositio­ns originales et reprises de standards hivernaux. Cinq semaines plus tard, il atteindra la troisième place du Billboard 200, aux États-Unis.

De son côté, All I Want for Christmas Is You n’avait pas fait l’objet d’une sortie séparée, le privant peut-être de la consécrati­on au classement des singles. Celle-ci a fini par arriver vingt-cinq ans plus tard, le 16 décembre 2019. Porté par un torrent de clochettes, de carillons, de xylophone et, bien sûr, par la voix de « La » Carey, le titre a été largement plébiscité durant cet intervalle (lire ci-contre).

En 2003, sa présence sur la bande originale du film Love Actually, autre incontourn­able des longues soirées sous un plaid, lui a offert un nouvel élan. Tout comme l’émergence des plateforme­s de streaming audio, où le morceau est incontourn­able. Rien que sur Spotify, il affiche 783 millions d’écoutes.

‘‘ C’est une chanson tellement simple et agréable”

Théorie en chocolat

À l’heure d’analyser cet incroyable succès, Walter Afanasieff ne se perd pas en théories fumeuses. « Cette chanson, ce n’est pas le Lac des Cygnes. Mais c’est pour cela qu’elle est si populaire : elle est tellement simple et agréable ! »

Relayé par France Inter, un article du site américain Mic avance une explicatio­n plus scientifiq­ue, qui peut valoir pour d’autres hymnes de Noël. Megha Sharda, un chercheur en musique, y estime que « la plupart des gens ont une perception positive de la musique ‘‘de vacances’’ ». « Quand on l’entend, notre cerveau libère des hormones qui nous donnent du plaisir, comme quand on mange du chocolat. »

Toujours difficile de résister au morceau de chocolat qui nous est proposé. Même si l’indigestio­n n’est jamais loin.

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