« Il a dédié sa vie aux autres »
Une semaine après le décès du Varois Mathieu Benoit dans un crash d’hélicoptère en Savoie, sa femme et sa fille ont accepté de se confier sur l’homme qu’il était. Une personne dévouée
M «athieu a dédié sa vie aux autres. Quitte à se mettre, lui-même, en difficulté. C’était sa nature. Les autres avant tout. La bienveillance. La gentillesse. Être positif. Tout le temps. Peu importe la situation. Il va laisser un vide à la hauteur de ce qu’il était. » Une semaine après la terrible disparition de Mathieu Benoit dans un crash d’hélicoptère en Savoie (qui a fait au total cinq victimes), Florence, son épouse, et Mathilde, sa fille de 20 ans, assisteront aujourd’hui à l’hommage national à Chambéry (lire par ailleurs). Réserviste à la base d’aéronautique navale (BAN) d’Hyères – après un engagement de 17 dans la Marine nationale –, le Carqueirannais de 49 ans était treuilliste pour le compte de la société SAF (Service aérien français).
« Je ne voulais pas y croire »
Florence se souviendra, toute sa vie, de cette soirée du 8 décembre. Alors qu’elle s’apprêtait à aller se coucher, la Toulonnaise reçoit un texto énigmatique avec, écrit dessus : « Secours en montagne ». Elle poursuit : « Instinctivement, je me dis que ça doit être pour Mathieu. Je lui transfère. C’est, juste avant de me coucher, que je reçois une alerte sur mon portable faisant écho d’un crash d’hélicoptère en Savoie. Je remets la télé et je commence à avoir peur… Je n’avais aucune nouvelle. Je ne voulais surtout pas y croire. J’ouvre Facebook et je vois, sur le compte d’un de ses copains, un message : “Repose en paix Mathieu”. C’est comme ça que je l’ai appris… Je n’ai eu que trois heures plus tard la confirmation qu’il était bien dans l’hélico. Et là, quel choc… Personne n’est préparé à ça. J’ai ensuite dû prévenir Mathilde, les parents de Mathieu… » Tout s’enchaîne très vite. Les deux femmes repensent, immédiatement, inlassablement, à leur dernier échange avec leur Mathieu. Mathilde, sa fille, se livre : « Je l’ai eu le dimanche au téléphone. Il était sur la route.
Il redescendait du Nord, où il était allé voir ses parents et ses amis, pour rejoindre Carqueiranne, y faire un stop et repartir vers la Savoie. Il avait pris l’habitude de m’appeler le dimanche matin… Disons très tôt », souritelle. « C’était sa manière de me sortir du lit. Il avait toujours un mot gentil. Quand je relis son dernier texto, il me dit que je suis trop forte. C’était lui. » Et d’enchaîner : « J’ai perdu mon pilier. Ma situation familiale a fait qu’à l’âge de 8 ans j’ai dû monter en Bretagne mais la distance entre nous était juste géographique. On avait une relation très particulière. Il a toujours été là pour moi. Mon papa m’a transmis des valeurs dont je suis fière. Je vivrai toute ma vie avec. Il vivra, toute ma vie, à l’intérieur de moi. Quand je repense à tous ces moments… Je suis obligée de sourire. Je le garderai toujours en moi. »
Natif d’Amiens, mais Varois d’adoption et de coeur depuis plus de 30 ans, Mathieu Benoit était un « hyperactif » comme le qualifient Florence et Mathilde. VTT, ski, course à pied, parapente, rugby, muscu… Il s’est essayé à tous les sports. Et toujours avec succès. Tant qu’il y avait de l’adrénaline, il était de la partie.
« Devenir une aussi belle personne que mon papa »
‘‘ Il va laisser un vide à sa hauteur ”
« C’était un leader », appuie Florence. « Quand il fallait organiser quelque chose, il était toujours le premier. Ce qui est frappant, c’est de voir que tous ceux qui ont côtoyé Mathieu de près où de loin se souviennent de lui. Il avait cette manière de marquer les gens. C’est comme ça. Cela ne s’explique pas… Ça se ressent. »
Un leader en qui, son épouse comme sa fille, avaient une confiance aveugle. Les deux femmes, qui font face avec force et dignité, attendent désormais de pouvoir se recueillir auprès de Mathieu (le corps sera normalement rapatrié dans le Sud jeudi).
« Nous en avons besoin. Le moment est venu », lâche Mathilde, avant de conclure :
« J’espère devenir une aussi belle personne que mon papa l’a été. J’aurais réussi ma vie. »