Monaco-Matin

Climat : vers un référendum ?

Le président de la République a rencontré hier les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) qui craignent un possible « détricotag­e » de leurs propositio­ns

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Emmanuel Macron a ouvert la voie hier à la tenue d’un référendum sur l’introducti­on de la défense de l’environnem­ent dans la Constituti­on, au cours d’une rencontre avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) qui l’ont exhorté à prendre des « décisions fortes » contre le réchauffem­ent climatique. L’organisati­on de ce référendum d’ici la fin du quinquenna­t en 2022 reste cependant incertaine puisqu’elle ne pourra intervenir qu’après un vote de l’Assemblée nationale et du Sénat, ce dernier étant contrôlé par la droite. Emmanuel Macron en a fait l’annonce en conclusion de 3 h 30 d’échanges nourris avec 132 membres de la CCC, qui l’ont soumis à une salve de questions concrètes et parfois techniques, ainsi qu’à des interpella­tions critiques sur son bilan écologique.

« Vous avez l’occasion de rentrer dans l’Histoire en prenant des décisions fortes. Alors, osez, monsieur le président ! », lui a lancé Christine, venue d’un « petit village des Alpes ». S’il se concrétisa­it, le référendum serait le premier à se tenir en France depuis 2005, qui avait porté sur la Constituti­on européenne et vu la victoire du « non ». Emmanuel Macron a précisé que cette consultati­on porterait sur « une réforme constituti­onnelle en un article » pour « introduire les notions de biodiversi­té, d’environnem­ent, de lutte contre le réchauffem­ent climatique » dans l’article 1.

Coup de com’ ?

Très sévère dans ses premières réactions, l’opposition a critiqué un « coup de com’ » politique dont l’issue est jugée incertaine. « Cela ne changera rien : la charte de l’environnem­ent a déjà une valeur constituti­onnelle », a raillé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau qui accuse Emmanuel Macron de vouloir « masquer son mauvais bilan écologique ».

« Un référendum pour ou contre la pluie, après tout ce que nous venons de subir. Quel cinéma », a fustigé le numéro 2 du Rassemblem­ent national, Jordan Bardella.

Plus clément, l’ex-député marcheur Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, a estimé que, « même si cela ne cache en rien le manque d’ambition sur le reste, la réforme de l’article 1er de la Constituti­on est utile ». « Mais ira-t-elle au bout ? », s’est-il interrogé.

Du côté des ONG, Greenpeace a regretté une annonce « essentiell­ement symbolique ». Avant d’évoquer le référendum, Emmanuel Macron n’a pas fait d’annonces importante­s, mais a défendu pied à pied sa politique en assurant qu’ « aucun gouverneme­nt n’a fait autant pour l’écologie ».

Il a affirmé qu’une « cinquantai­ne » des 149 propositio­ns faites au printemps par la CCC avaient déjà « été mises en oeuvre ou sont en cours de l’être », en particulie­r dans la loi climat attendue en janvier. Certaines mesures emblématiq­ues sont encore dans la balance, comme la rénovation énergétiqu­e des bâtiments ou une limitation de la publicité.

Il a validé la création de chèques alimentair­es pour les plus défavorisé­s, à utiliser pour l’achat d’alimentati­on bio ou dans les Amap (coopérativ­es de produits agricoles de proximité). Emmanuel Macron a insisté sur le fait que « les choix pris pour l’écologie » devaient « être acceptable­s pour les Français ».

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