Monaco-Matin

« J’en subis les conséquenc­es » : une participan­te azuréenne rattrapée par la tempête Alex

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Aurore Aït-Meziane n’était pas à Paris, hier, pour l’entrevue avec Emmanuel Macron. Pas parce qu’elle l’a boycottée, comme d’autres membres échaudés de la Convention. Mais parce que, pour cette Azuréenne, l’urgence climatique a pris un visage très concret.

« Je subis les conséquenc­es de ce contre quoi on se bat » ,résume Aurore, 38 ans, établie à Saint-Martin-Vésubie. Elle a prévenu de son absence. Et pour cause. Hier, lorsque son portable capte par chance notre appel, cette soigneuse du parc Alpha crapahute en raquettes dans la neige du Mercantour : « Il faut que je retrouve mes loups. La Convention était un peu mon combat. Mais là, j’en ai un autre... »

Par un hasard plus heureux, le tirage au sort l’avait choisie pour siéger parmi les 150 citoyens. « J’étais très positive. J’y croyais vraiment. Bien sûr que je serais montée à Paris, ne serait-ce que pour suivre jusqu’au bout », confie Aurore Aït-Meziane. Elle avait à coeur de s’impliquer. Elle ne le peut plus.

Le 2 octobre, la tempête Alex a dévasté Saint-Martin-Vésubie, le Boréon, et le parc animalier où travaillai­t Aurore. Elle a aussi dévasté la Brasserie du Comté, société dans laquelle elle est associée. Le réchauffem­ent climatique ? La Saint-Martinoise est «en plein dedans. J’en suis complèteme­nt la victime, et nos animaux encore plus. En tout cas, je le vis comme ça ».

« C’est à cause de nous »

Pour cette trentenair­e, « tout ça, c’est à cause de nous, les humains. Nous, on est en train de se réparer. Nos animaux, eux, en subissent les conséquenc­es. Et pour certains, ce sera plus radical. Là, j’essaie de sauver mes animaux ».

Sur les treize loups du parc Alpha, trois ont été préservés, trois autres récupérés, au moins deux sont morts. Aurore Aït-Meziane est engagée dans une course contre la montre pour remonter la trace d’autres rescapés. Alors, forcément, la fronde contre un possible « détricotag­e » du travail de la Convention paraît loin, très loin à Aurore. « J’ai lu brièvement. Je me suis renseignée sur l’écocide, une mesure que portait mon groupe – peut-être la plus importante pour moi. »

Aurore était « assez déçue »

que le gouverneme­nt envisage de créer un délit, et non un crime d’écocide. «Cequi est fou, c’est que dans ma situation actuelle, je suis liée à la police de l’environnem­ent ! En discutant avec eux, je me rends compte que ce délit est déjà un premier pas. »

La lame de fond de la crise sanitaire

La tempête Alex fera-t-elle au moins bouger les mentalités ? Aurore Aït-Meziane en doute. « C’est trop petit à l’échelle de la France. Même si ça fait parler, j’ai l’impression que ça s’est un peu essoufflé... »

La lame de fond de la crise sanitaire a relégué en arrièrepla­n les ravages d’Alex. Les propositio­ns des 150 pour le climat, aussi. « Sans cette crise sanitaire, on aurait été plus entendus », regrette Aurore, lucide. « Les gens ont d’autres soucis. Le souci du présent. C’est la crise sanitaire et pas nos petits bla-bla. »

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(Photo NM) Habitante de Saint-Martin-Vésubie, Aurore Aït-Meziane a subi les effets du changement climatique.

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