L’immigration positivée
« L’effet principal de la fermeture des frontières, ce n’est pas d’arrêter les migrations, c’est de les rendre plus coûteuses et plus meurtrières. »
Autant prévenir d’emblée : évitez d’offrir à Noël le livre de François Gemenne à un ami ou un proche de droite. Il l’apprécierait peu. Ce chercheur belge, qui enseigne à Sciences po, s’est fixé pour objectif d’aborder la question migratoire de façon rationnelle, en la dépouillant de toute idéologie. Les stats qu’il compile restent néanmoins au service d’une conviction progressiste : l’immigration, inévitable, ne doit pas être vécue comme un fardeau. «Lelieude naissance est une chance qu’on acquiert par accident »,
pose Gemenne. Qui pointe que les quelque , millions d’immigrés installés en France ne représentent que , % de la population. La fermeture des frontières favorise, dit-il, « le business juteux des passeurs », des voyages se monnayant « jusqu’à euros de la Syrie vers l’Italie, euros de la Grèce vers le Royaume-Uni ».
Sans garantie de survie, plus de migrants ayant trouvé la mort en Méditerranée depuis . Pour l’auteur, les Français ont d’autant moins à s’inquiéter que % des migrants arrivés en étaient diplômés de l’enseignement supérieur. Et que ceux qui ne le sont pas servent de « variable d’ajustement » dans la construction, la restauration, la livraison… « Il est aussi vain de vouloir résister aux migrations qu’à Internet »,
conclut-il, regrettant une laïcité « qui ressemble parfois à un combat contre l’islam » et assumant une position personnelle « libertarienne » en faveur du voile. C’est l’angle mort du livre : les chiffres laissent sous le boisseau les communautarismes mal ressentis. François Gemenne le concède du bout de la plume : « Les statistiques ne correspondent pas à la réalité des gens. La réussite de l’immigration se vit dans le quotidien. Tout comme les problèmes qui y sont parfois liés. » TH. PRUDHON On a tous un ami noir, Éditions Fayard, 254 pages, 17 euros.