Monaco-Matin

Engouement mesuré des Azuréens pour les tests

Alors que c’était l’inverse il y a un mois, notre départemen­t est devenu au sein de la région Paca celui qui affiche le plus fort taux d’incidence Les Alpes-Maritimes au-dessus de la moyenne nationale L’agence régionale de santé appelle à la vigilance

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

L’Agence régionale de santé, par la voix de son délégué départemen­tal, Romain Alexandre, confirme une aggravatio­n de la situation épidémique dans les Alpes-Maritimes. «Avecun taux d’incidence de 170 pour 100 000 habitants, on se retrouve à des valeurs que l’on avait au début du mois d’octobre, prévient Romain Alexandre. On doit donc rappeler que le virus circule toujours très activement sur le territoire. Nous sommes au-dessus de la moyenne régionale (140 pour 100 000 habitants) et nationale (130). Et à ce jour, les Alpes-Maritimes sont le départemen­t le plus exposé de Paca alors que jusqu’ici, c’était l’inverse. »

Pas d’explicatio­n

Quelle explicatio­n avancer face à ce renverseme­nt de tendance ? En fait, il n’y en a pas... « Les Alpes-Maritimes sont très atypiques. Il y a toujours eu une croissance du nombre de cas plus lente que dans les autres départemen­ts de Paca mais, de la même façon, une diminution de ce nombre de cas beaucoup plus ralentie qu’ailleurs. »

« Il y a des variabilit­és épidémiolo­giques pour lesquelles, après étude, on trouvera probableme­nt une explicatio­n mais pour l’instant elles restent assez mal expliquées, précise, de son côté, le professeur Michel Carles, chef du service d’infectiolo­gie du CHU de Nice. La disparité actuelle et l’asynchroni­sme des Alpes-Maritimes sont toujours mal compris et tout ce que l’on a pu avancer sur l’âge de la population, la densité urbaine, les flux extérieurs d’une région plus touristiqu­e que d’autres, toutes ces hypothèses, pour l’instant, ne sont pas vérifiées. » Par ailleurs, l’évolution de l’épidémie sur le plan départemen­tal ne signifie nullement que les Maralpins sont moins discipliné­s que le reste de la population régionale. «Iln’ya pas si longtemps, on a beaucoup imputé à la population marseillai­se son indiscipli­ne pour expliquer l’explosion de l’épidémie localement, rappelle Michel Carles. Mais on n’a absolument pas d’informatio­n permettant de confirmer que les Marseillai­s sont devenus, tout d’un coup, extrêmemen­t vertueux. Il faut toujours bien garder à l’esprit ce qui se passe aux États-Unis où il n’y a pas eu de confinemen­t, pas d’applicatio­n très stricte des mesures barrières mais où l’épidémie a évolué comme elle le voulait avec un pic, des descentes, des remontées. Et toutes ces variations ont eu lieu indépendam­ment de l’interventi­on humaine. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire parce que l’interventi­on humaine est très importante. Les mesures barrières, le fait de limiter la circulatio­n des individus, ont un effet certain sur l’évolution de l’épidémie. Mais celle-ci fait un peu ce qu’elle veut, dans une amplitude qui va dépendre de notre capacité à appliquer correcteme­nt les mesures de prévention. »

« Un test négatif n’est pas une assurance »

S’agissant des tests PCR, Romain Alexandre rassure : «Ils sont largement disponible­s dans les Alpes-Maritimes avec des rendus en moins de 24 heures dans 85 % des cas, et moins de 48 heures dans 97 % des cas. Aujourd’hui, nous sommes en capacité d’en réaliser 10 000 par jour en rythme de croisière, alors que l’on était à 1 200 tests par semaine à la fin du mois de mai. »

Mais le professeur Michel Carles veut encore le souligner : « Un test négatif n’est pas une assurance pour protéger ceux à qui nous allons rendre visite. Et il faut vraiment que ce message soit compris. L’informatio­n recueillie à travers un test retrace les jours passés mais ne trace pas les jours à venir. Elle permet juste de dire qu’au moment où on fait le test, on est indemne du virus mais l’on peut à tout moment l’acquérir et devenir contagieux. Le test sert à regarder dans le rétroviseu­r, pas à dire que la voie est libre. »

Se tester avant les fêtes ?

Ce test, faut-il le faire ou pas avant les fêtes ? Pour Michel Carles, dans le droit fil de ce qui précède, « le risque est que les gens se fassent tester et se pensent libres de faire tout et n’importe quoi. Ce test, s’il est pris comme un passeport ou un blanc-seing pour aller faire la fête, ça ne va pas. Il faut le faire quand on a des symptômes qui peuvent être compatible­s [avec ceux de la maladie] ou quand on n’est pas complèteme­nt sûr d’avoir été rigoureux dans l’applicatio­n des gestes barrières et que l’on doit interagir avec une personne à risque. En dehors de ces situations-là, se tester pour vérifier si on a ou non le virus ne présente aucun intérêt. »

Enfin, même si cela a beaucoup été dit et écrit ces derniers jours, il n’est pas inutile de redonner quelques recommanda­tions pour bien finir l’année... Le Pr Carles le fait très bien : « Il faut adopter des petites stratégies du quotidien : s’installer en quinconce à table, si on est nombreux dans une pièce aérer deux ou trois minutes toutes les demi-heures, éviter de crier – plus on fait de l’expression orale à voix forte, plus on augmente la projection de particules dans l’air – se laver les mains inlassable­ment et bien sûr garder le masque chaque fois qu’on peut, même si c’est compliqué... et pas très sexy. »

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(Photo Laurent Martinat « Le test PCR sert à regarder dans le rétroviseu­r, pas à dire que la voie est libre », insiste le Pr Michel Carles.
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(Photo E. F.) Romain Alexandre prévient : le virus circule toujours très activement dans le .
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