Adrien Estève, doctorant ès défense et environnement
Le Mentonnais de 28 ans vient de soutenir sa thèse en science politique – par visioconférence, contexte oblige. De l’avis des jurés, comblés, son travail ouvre un nouveau champ de recherche
Arrivé sur la Côte d’Azur l’année de ses quatre ans, Adrien Estève a suivi un parcours scolaire on ne peut plus mentonnais : écoles Germaine Coty puis de la Condamine, collège Vento, lycée Pierre-et-Marie Curie. Son goût pour les études est ainsi né ici. Même s’il s’est, depuis, ouvert à de nouveaux horizons. Et pour cause. Passé ensuite sur les bancs de Sciences Po Aix, puis de Sciences Po Paris et de l’université américaine de Columbia, le jeune homme de 28 ans est désormais doctorant. Après avoir soutenu, le 11 décembre, sa thèse en science politique – « De l’écologie à la stratégie : l’émergence des enjeux environnementaux et climatiques dans les politiques de défense, en France et aux États-Unis » – sous la direction d’Ariel Colonomos (spécialiste d’éthique et des relations internationales) et de Jean-Vincent
Holeindre (professeur de science politique et directeur scientifique de l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire).
« Travail fondateur »
Le jury, composé notamment du professeur de science politique Thomas Lindemann, et présidé par Astrid von Busekist – professeur de théorie politique, dont les publications portent principalement sur le nationalisme, les politiques de la langue, la justice et les frontières – n’a vraisemblablement pas boudé son plaisir.
Les circonstances n’étaient pourtant pas optimales, et c’est par visioconférence que le Mentonnais a dû défendre son travail, et argumenter face aux spécialistes. Invoquant la pensée des philosophes Hannah Arendt, Hans Jonas, ou Jurgen Habermas.
« Je me souviendrai de cette soutenance, tant le candidat m’a impressionné par la précision et la qualité de ses réponses », assurera malgré tout Jean-Vincent Holeindre au terme de 3 h 30 d’échanges. N’hésitant pas à parler d’un « travail fondateur ».
Des casques verts ?
Chose rare, cette soutenance, inédite par la forme, a permis de toucher du doigt l’émergence d’un nouveau champ de recherche. Au point de concours entre les problématiques de défense et l’approche environnementale, via la théorie politique.
Des discussions entre l’étudiant et le jury a notamment émergé le concept de casques verts, à l’image des casques bleus des Nations unies, garants du respect des droits de l’Homme. Cette entité internationale – pour l’heure hypothétique – aurait ainsi pour mission de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’atteintes à l’environnement, y compris dans le théâtre des opérations militaires. En partant de ce principe, un tribunal international pourrait juger que tel pays a brûlé un tiers de l’Amazonie. Autre exemple : l’usage du napalm pendant la guerre d’Indochine relevait certes du crime contre l’Humanité. Mais aussi, rétrospectivement, d’une atteinte majeure à l’environnement.
Pour mener à bien sa thèse, Adrien a procédé à une étude comparée entre la France et les États-Unis. Il s’est notamment rendu à Washington pour faire des auditions de militaires, ainsi que des entretiens avec des personnalités du Pentagone. Idem à Paris, pour récolter des témoignages à l’école de guerre et au ministère des armées. Sa soutenance réussie représente à la fois un aboutissement et un début. Après avoir rédigé des articles dans des revues à comité de lecture, être intervenu dans divers congrès en Europe, avoir enseigné les sciences politiques et les relations internationales à Sciences Po Reims, ainsi qu’à la fac de droit de Nice, Adrien entend désormais passer le concours de maître de conférences. Pour remplir l’objectif qu’il s’est fixé il y a longtemps : devenir enseignant chercheur.
‘‘ Le candidat m’a impressionné ”