« Rester agiles, collectifs et réactifs »
À la veille des fêtes de fin d’année, quelle est la situation de cette filière stratégique pour l’économie régionale ?
François de Canson : Le secteur du tourisme est celui le plus impacté depuis le début de cette crise sanitaire. Mais il faut savoir, qu’avant même l’apparition de la Covid, la filière était déjà en mutation avec un certain nombre de bouleversements fondamentaux tels que l’essoufflement de la dichotomie entre temps de travail et temps de vacances, la préservation des patrimoines naturels et culturels, la recherche d’échanges symboliques au-delà des échanges marchands, avec un réenchantement du localisme, de la ruralité, de la lenteur…
Avec quelle incidence ?
Je ne crois pas à un changement radical de modèle, mais les tendances que nous décelions avant mars s’accélèrent. Relance et dynamisation ne peuvent plus, dès lors, se bâtir uniquement sur les fondamentaux habituels. Il nous faut aujourd’hui développer un tourisme plus familial, local, patrimonial, écoresponsable, hédoniste… En mettant en oeuvre une politique touristique régionale agile et adaptée.
Comment ?
Ces tendances, nous les avions perçues avant même la crise sanitaire. Et elles dictaient déjà les grands traits de nos plans d’action. C’est pourquoi nous avons lancé, avec le président Muselier, « une COP d’avance » qui alloue un tiers du budget régional aux actions du plan climat. Il nous faut adapter l’offre touristique de ce territoire à ces nouvelles préoccupations. C’est pour cela aussi que nous développons depuis ans sur un tourisme saisons articulé autour de filières telles que l’écotourisme, l’oenotourisme, le cyclotourisme, le golf, les visites d’entreprises et le savoir-faire local, ou encore la route de l’art moderne et contemporain.
Au-delà de ces bouleversements de fond, la crise sanitaire a créé une situation d’urgence. Comment y avezvous répondu ?
Dès le premier confinement nous avons mis des moyens gigantesques pour sauvegarder et stabiliser l’offre : M€ ont été injectés dans le tourisme par la Région depuis le début de la crise, M€ de subventions aux acteurs culturels ont été maintenues, M€ ont été remobilisés pour les entreprises suite au second confinement et M€ viennent d’être rajoutés pour nos stations de montagne. Mais nous agissons aussi nationalement et travaillons quotidiennement avec les cabinets ministériels et Jean-Baptiste Lemoyne, pour plaider la cause de nos professionnels auprès des instances nationales. Nous avons ainsi pu obtenir une possible réouverture des stations au janvier et un plan montagne d’urgence doté de millions d’euros pour accompagner les domaines skiables, les moniteurs, les entreprises implantées dans ces zones.
Et pour ?
Nous allons maintenir une politique promotionnelle pertinente et agile. Nous allons surtout continuer de jouer collectif. Car c’est en nous fédérant que nous avons réussi à tirer notre épingle du jeu cette année. En unissant nos forces nous avons pu mobiliser des budgets colossaux et lancer la campagne «#OnaTousBesoinDeSud » qui a été récompensé par des prix de communication mais qui a surtout permis que la Région Sud ait cet été la plus forte progression de fréquentation en France. En nous allons faire en sorte de redonner envie aux gens de venir en vacances dans notre région bénie des dieux. Et pour cela nous sommes prêts à nous adapter à l’évolution à la fois du marché et de la situation sanitaire.