Monaco-Matin

La semaine de Claude Weill

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Dimanche

En résumé : je ne sais pas, je ne suis pas compétent, mais enfin

« on connaît quand même deux trois trucs sur le surgelé… » (sic) Alors, oui, ce vaccin m’inquiète, car « un certain nombre de conditions (lesquelles ? Mystère) ne sont pas respectées ». Comprenne qui pourra. C’était Jean-Luc Mélenchon, interrogé sur le vaccin de nouvelle génération, dit à ARN messager. Des réserves très proches de celles émises par Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen : absence de recul, tout ça est allé trop vite, je ne veux pas être un cobaye ; donc, non, je ne me ferai pas vacciner maintenant, je préfère attendre le vaccin traditionn­el.

Histoire de l’oeuf et de la poule. Tiennent-ils ce discours parce que leurs électorats respectifs sont les plus méfiants ? Ou leurs électeurs ont-ils été rendus méfiants par ces propos ? Toujours est-il – les sondages sont clairs sur ce point - que c’est bien à la gauche de la gauche et à droite de la droite que la défiance est la plus grande. Le constater n’est pas juger. Qu’il y ait des appréhensi­ons, c’est naturel. Se faire inoculer un fragment d’ARN n’est pas anodin. Chacun fera comme il voudra. Nul ne sera contraint. Mais enfin, , million de morts (estimation basse), vous ne pensez pas que ça suffit ?

La question est de savoir si c’est bien le rôle des politiques que d’alimenter la défiance, quand toutes les études, portant sur des dizaines de milliers de sujets, montrent que les nouveaux vaccins ont une efficacité remarquabl­e et créent très peu d’intoléranc­es. Et lorsque c’est, à court terme, la seule arme dont on dispose pour sortir enfin du marasme sanitaire, économique et psychologi­que où le coronaviru­s a plongé la planète. Alors, oui, face aux doutes et aux prévention­s, au lieu de se noyer dans les « oui mais non » et autres « j’y connais rien mais dans le doute je suis contre », on serait mieux inspiré d’entendre le message de Barack Obama : « Moi, c’est le virus qui ne m’inspire pas confiance ! »

Lundi

En reprenant à son compte la propositio­n de la Convention citoyenne sur le climat de soumettre à référendum la modificati­on de l’article  de la Constituti­on, Emmanuel Macron ouvre une partie de billard à trois bandes qui n’est pas sans rappeler le référendum sur le référendum de Mitterrand.

En première lecture, il sort par le haut du piège où il s’est fourré avec sa Convention aux propositio­ns maximalist­es, à prendre ou à laisser. Il met en porte-à-faux la majorité sénatorial­e, dont l’accord est requis pour aller au référendum. Et adresse un signal à la mouvance écologiste, avec l’espoir de dégeler (un peu) leur relation.

Mais en politique, les choses ne sont jamais si simples. Il n’est que d’entendre les réactions à chaud : manoeuvre politique, opération cosmétique, poudre de perlimpinp­in, on en passe… De la droite à la gauche, et même parfois chez les écologiste­s, on se relaie pour dire tout le mal qu’on pense du projet présidenti­el.

Ira-t-il à son terme ? Réponse en . Un « non » du Sénat, et l’affaire s’arrête là ; difficile pour le président d’en faire une victoire. Un « oui », et c’est une campagne référendai­re aléatoire qui s’ouvre, à quelques mois de la présidenti­elle, avec le risque d’une coagulatio­n des opposition­s.

L’expérience montre que le référendum est une arme à manier avec d’infinies précaution­s. Si l’exécutif choisit la question posée, ce sont les électeurs qui décident à laquelle ils répondent.

Mardi

Michèle Rubirola (« l’éphémère de Marseille », titrera Libé) annonce qu’elle quitte le fauteuil qu’elle n’a en réalité jamais occupé. Les raisons de santé invoquées ne convainque­nt personne. Car c’était un secret de polichinel­le qu’elle chauffait la place pour son premier adjoint, Benoît Payan.

Si on est très indulgent, on peut trouver estimable le choix de cette femme, qui ne se sentait pas taillée pour la fonction, d’en tirer les conséquenc­es en passant la main, quand tant d’autres se seraient accrochés.

On peut aussi trouver un méchant fumet politicien à ce tour de passe-passe consistant à utiliser madame Rubirola, avec sa rassurante image de médecin de famille et de militante associativ­e, comme produit d’appel, ou comme prête-nom, de ceux qui en coulisse tiraient les ficelles du Printemps Marseillai­s. On souhaite bien du plaisir à Benoît Payan, élu sur tapis vert – à tous les sens du terme –, pour prendre les rênes de la cité indocile.

Jeudi

Emmanuel Macron souffre de la Covid. Vu l’âge du président ( ans ce  décembre) et son état de santé, il est hautement probable, qu’il sera vite remis. En soi, la chose n’est pas extraordin­aire. Vu le nombre de contacts qu’ont les chefs d’État ou de gouverneme­nt, les centaines de réunions auxquelles ils participen­t, on est plutôt surpris qu’ils ne soient pas plus nombreux à contracter le virus. Pour lui, il semble que ce soit arrivé lors du sommet européen des  et  décembre. Pendant la pandémie, les affaires du monde continuent.

Quelque précaution que l’on prenne, nous sommes tous à la merci d’un instant de relâchemen­t, ou simplement de la malchance. Nul n’est à l’abri. Pas même l’homme le plus protégé du pays. C’est la seule leçon à tirer. Tout le reste n’est que bavardages. Et souvent, de l’espèce la plus basse.

« C’est bien à la gauche de la gauche et à droite de la droite que la défiance est la plus grande... »

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Journalist­e, écrivain et chroniqueu­r TV edito@nicematin.fr

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