Monaco-Matin

Jamais sans sa fourrure

- SILANA PENO-MAZZARINO spenomazza­rino@nicematin.fr

tance, sans guide et en totale autonomie. Cette aventure à moins trente degrés, étalée sur 200 kilomètres, a donné naissance à leur film Isöken (prix du public au festival What A Trip à Montpellie­r, en septembre dernier, « face à des production­s à plus de 100 000 euros », précise-t-il avec fierté.

Sur les images, filmées avec un drone, on les voit, en file indienne, trimballer leurs pulkas, des traîneaux d’environ 70 kilos, dans l’immensité gelée. Avoir mal. Galérer. S’exalter.

« Là-bas, la vie était très compliquée et à la fois très simple. Cette expédition, c’est clairement la plus belle expérience de ma vie. » Ce voyage, les paysages à couper le souffle, les aurores boréales, il les dédie à Alana. Une partie de lui restera dans ce désert.

Nouvelle expédition

Avec ses compagnons de route, il a repris les entraîneme­nts physiques, le conditionn­ement au froid. Ils ont prévu de repartir, plus longtemps cette fois. Quatre à six semaines en mars prochain. Plus haut que le Sarek. «Onvaaller à côté du pôle Nord dans un endroit qui s’appelle Svalbard. Un archipel glacé de Norvège dans l’océan Arctique. Il y a 2 800 habitants pour 4 000 ours polaires. On voudrait faire une boucle de 400 kilomètres. Le double de la première expédition ! Ce projet, financé par nos économies personnell­es et quelques sponsors, est presque bouclé. On avait besoin de 33 000 euros et il nous en manque plus que 5000.»

Avec cette nouvelle expédition, le trio veut placer la barre un cran au-dessus. Le documentai­re qui découlera de ce trip

abordera trois aspects. Un côté jeunesse aventure, un côté freeride sur les plus hauts sommets arctiques et, enfin, la problémati­que du changement climatique. La glaciologu­e Heidi Sevestre, qui devrait prendre part à leur projet, s’attardera sur ce dernier point. Objectif : sensibilis­er au maximum. Puis, l’ascension « vers les plus belles émotions que la vie a à offrir » continuera.

« Quand Alana est décédée, je me suis fait la promesse d’avoir une vie extraordin­aire. Depuis trois ans, je n’ai jamais fait autant de choses de toute ma vie. Et ce qui est formidable, c’est que ce n’est qu’un début. » 1. Saut en parachute à partir d’immeubles, de ponts, de falaises...

Instagram : www.instagram.com/thomasjarr­ey Facebook : jusquaubou­tdevosreve­s

Cette vraie fourrure, de 2,7 kilos, c’est un peu son doudou. Du Mercantour au désert du Sarek, sa peau de bête le suit partout. L’aventurier au carré en bataille, qui a dévoré des films comme The Revenant d’Alejandro González Iñárritu, conserve son âme d’enfant et cultive sa part de fantaisie.

« Je me suis dit que, moi aussi, il me fallait un manteau comme celui de Leonardo DiCaprio dans le film. À la fois pour me sentir en sécurité et pour devenir mon propre héros. » Thomas Jarrey finit par dégoter une fourrure de 1963 sur Internet. « Je l’ai achetée sur Leboncoin à une dame. Je n’avais pas tout l’argent pour me l’offrir mais la vendeuse a fait un geste. Je lui ai promis que j’allais offrir une seconde vie de malade à son manteau. » « Parfois, c’est vrai qu’on me regarde d’un mauvais oeil. Les gens se disent que porter de la vraie fourrure ce n’est pas bien. Et c’est vrai. Mais acheter une grosse doudoune polaire qui est faite avec les plumes de plus de 70 canards ce n’est pas plus éthique... En plus, ma fourrure tient carrément plus chaud ! »

Les campements de Thomas Jarrey sont aussi assortis d’un drapeau pirate : « C’est une petite tradition. Ça montre qu’on n’est pas là pour déconner, quoi », prévient l’aventurier dans un grand éclat de rire.

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Tête Mercière, Isola .
 ??  ?? Désert du Sarek, Suède.
Désert du Sarek, Suède.

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