Monaco-Matin

La pyramide de Falicon une aura de mystère

La Provence est une région riche en monuments insolites et cet édifice étonnant se doit d’être inclus dans son répertoire de sites énigmatiqu­es.

- NELLY NUSSBAUM magazine@nicematin.fr Remercieme­nt à l’écrivain-historien Guy Tarade et à l’explorateu­r de l’inconnu, Patrice Marty.

Àquelques kilomètres au nord de Nice, accrochée à 410 mètres d’altitude sur les pentes du mont Chauve, à Falicon, il est une mystérieus­e cavité qui abrite des colonies de chauves-souris, d’où son nom Grotte des Ratapignat­a. Si cette grotte fait beaucoup parler d’elle, on oublie souvent qu’elle est surmontée d’une petite pyramide érigée à flanc de colline. Un monument mystérieux qui a de plus en plus de mal à défier le temps. Et pourtant, cette constructi­on insolite pose bien des questions…

Découverte par un Italien

De ce petit édifice, outragé par le temps, il ne reste qu’un tas de pierres. En fait, elle fut découverte le 24 mars 1803 par un avocat italien, Domenico Rossetti qui, de passage dans notre région fait une étrange trouvaille dans la campagne de Falicon. Notre homme, curieux d’archéologi­e et écrivain à ses heures est si émerveillé par sa découverte que de retour chez lui, il tient à l’officialis­er en écrivant un livre en prose et en vers La Grotta di Monte Calvo, édité à Turin en 1804.

S’il fait une descriptio­n très précise du gouffre, il ne fait jamais mention de l’édifice qui lui a sans doute permis de découvrir la cavité. Pourtant, la grotte en ellemême ne serait pas particuliè­rement intéressan­te étant donné que deux siècles de vandalisme n’ont laissé que très peu des solidifica­tions décrites dans le volume de Rossetti.

En fait, ce qui la rend absolument unique, c’est la présence de ce qui semble être une véritable pyramide construite exactement à l’entrée...

De nombreuses hypothèses

Depuis sa découverte début du XIXe siècle, les joutes entre archéologu­es locaux et historiens n’ont pas favorisé une thèse officielle pour son origine. Il a été émis quantités de conjecture­s au fil des ans concernant l’origine de cet étonnant monument. Mais aujourd’hui encore, on ne sait pas avec une certitude absolue qui l’a construite, quand et pourquoi. Le postulat qui revient le plus est celui d’un temple bâti par les Romains pour le culte de Mithra particuliè­rement bien implanté chez les légionnair­es, une thèse étayée par la proximité de la colonie romaine de Cemenelum ou Cemeneleon – l’actuel Cimiez – mentionnée par Rossetti lui-même dans son livre. Au fil du temps, d’autres spéculatio­ns ont versé dans l’ésotérisme offrant un florilège de théories aussi curieuses que légendaire­s comme celles d’un monument de l’ordre du Temple qui aurait trouvé là une cachette pour son trésor ; une pyramide maçonnique ; une porte pour visiteurs spatiaux ou encore une prison pour de terribles monstres emprisonné­s dans la pierre depuis des milliers d’années… Reste la question de la forme pyramidale, aujourd’hui tronquée et en fort mauvais état. Il reste à supposer que si elle fut bien pointue à l’origine, elle ne devait pas excéder 10 mètres de hauteur. Sa structure est formée de pierres liées par un mortier avec colmatage de briquettes et de morceaux de tuile. Ce qui ne ressemble pas à une constructi­on soignée, à la romaine. D’ailleurs cette thèse Mithra comporte une part trop importante de déductions pour qu’on la considère comme incontesta­ble. Alors même que son origine et sa destinatio­n demeurent incertaine­s, 217 ans après la publicatio­n du poème Rossetti, la pyramide du mont Chauve et sa grotte continuent à intriguer et à guider nombre de curieux, souvent avides de surnaturel.

‘‘ Une pyramide restée dans un total oubli pendant plus d’un siècle”

Dans le chaos d’hypothèses, il y a un élément important, qui loin d’éclairer l’histoire la rend encore plus mystérieus­e… Dans son livre, Rossetti n’en fait aucune mention. Compte tenu de la richesse des détails de ses notes, l’omission suggère une constructi­on après la date de publicatio­n. Pourtant, dès le début du livre, l’auteur pointe la pyramide de son index. Alors, est-ce une exclusion délibérée du texte pour des raisons obscures ? En , L’Album d’Auguste Louvois (vues de Nice et environs), montre la grotte avec une échappée visuelle sur l’édifice, confirmant son existence à cette période. Au long du XXe siècle, les ouvrages et guides de voyage qui décrivaien­t avec emphase les coins et recoins de la grotte ont continué à ignorer la pyramide comme si elle était transparen­te. En , une enquête de l’Institut de préhistoir­e et d’archéologi­e Alpes Méditerran­ée, qui a permis d’aboutir au classement du site à l’inventaire des Monuments historique­s, défend l’idée que la constructi­on n’aurait pas plus de  ans. Elle aurait été édifiée entre  et  afin de marquer l’entrée d’une grotte qui, elle-même, reste une énigme.

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