Monaco-Matin

Conte de Noël Le Grain de riz une histoire de partage et de solidarité

- NELLY NUSSBAUM magazine@nicematin.fr D’après le conte d’Alain Gaussel, l’infatigabl­e « marchand d’histoires ».

Il était une fois, dans un village de Provence, une mère de famille qui, vivant seule avec son fils, était très pauvre. Le soir du 24 décembre, elle se dit que même pauvre, ce jour-là, elle devait offrir un bon repas à son garçon. « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui donner à manger ? » penset-elle.

Elle va dans sa cuisine et ne trouve rien : pas de pommes de terre, pas de graines, pas de haricots, pas de lentilles, pas de pain, pas de sucre, pas de chocolat, pas de lait… Rien, rien, rien.

Elle s’apprêtait à abandonner quand elle ouvre le tiroir d’une vieille table en bois… et là, ô miracle, que trouve-t-elle, coincé dans une fente de tiroir ? Un grain de riz. Pas deux, non, un seul et unique grain de riz. Pas vraiment de quoi faire un festin mais c’est mieux que rien. Elle appelle son fils « On va le faire cuire, mais surtout, il ne faudra pas le croquer mais le sucer, il durera plus longtemps »

Mais pour faire cuire du riz, même un seul grain, il faut une casserole et la mère de famille avait vendu toute sa vaisselle.

Un gamin débrouilla­rd

Elle envoie donc son fils en chercher une chez son voisin. « Bonjour cher voisin ! »

dit-il avec un sourire « Bonjour gamin, quel bon vent t’amène ? »

Et le gamin

« Nous avons du riz à faire cuire ce soir, peux-tu me prêter une casserole?» Compréhens­if le voisin

« Bon, tu veux laquelle ? La grande ou la petite ? » Le petit de répondre « Ma mère dit que pour que le riz ne colle, ni n’attache, il faut le cuire dans beaucoup d’eau. Donc la grande. » Le voisin de penser : ils doivent avoir beaucoup de riz et moi, j’ai la flemme de me faire à manger, je viendrais bien manger avec eux… « D’accord, je te prête la casserole, mais ce soir, je viens manger avec toi et ta mère ».

Le gamin pense alors fataliste : quand y en a pour deux, y en a pour trois !

Il n’y avait pas l’eau courante dans le petit village, la fontaine était loin et l’hiver froid. Le pauvre gosse s’en alla donc à toquer chez sa voisine en grelottant « Bonjour Grandmère ! On mange du riz ce soir, avec le voisin. Peux-tu me donner un peu d’eau pour le faire cuire ? » La vieille de répliquer ; « D’accord, mais je me suis donné du mal pour aller à la fontaine, je te passe de l’eau mais je viendrai manger le riz avec vous. »

Et le gamin de penser une fois de plus : quand y en a pour trois, y en a pour quatre.

Et pourquoi ne pas continuer…

Pour faire cuire le riz, il faut du feu, donc du bois, du papier et des allumettes. Comme il n’en a pas, il se rend chez Pierre, chez Jacques et chez Michel. Chaque fois en lui donnant quelque chose, les voisins lui disent « D’accord, mais on vient dîner avec vous. » Une fois de plus, le petit bonhomme pense en son for intérieur : de toute façon… quand y en a pour quatre, y en a pour cinq, six et même plus…

Du coup, il a tout ce qu’il lui faut : casserole, eau, feu, mais toujours un seul grain de riz. Comment vat-on faire ce soir pour partager le grain de riz en six ? Ou alors on le suce chacun notre tour… Il réfléchit, réfléchit !

Il a alors l’idée géniale de convier la fermière qui élève des poulets. « Ce soir, avec des voisins, on va fêter la Noël, alors si tu souhaites te joindre à nous, ce sera avec plaisir» . La brave femme qui ne reçoit jamais la moindre invitation, s’empresse d’accepter. Mais inconcevab­le de venir les mains vides. « J’apporterai un poulet », indique-t-elle au petit bonhomme. Sur la lancée, déluré, le gamin continue son porte-à-porte, invitant une éleveuse de dindes, un maraîcher, . À la fin du parcours du gamin, ils se sont retrouvés une quinzaine à table pour un Noël festif et amical.

. La fermière est venue dîner avec une grosse poule bien grasse.

. Le petit est allé demander de l’eau à la vieille voisine, qui s’est donné du mal pour aller la chercher à la fontaine. un berger, un épicier, un boulanger et un vigneron…

Quinze à table pour un somptueux Noël

Ce qui fait que le soir, ils étaient quinze à table dégustant de succulente­s volailles accompagné­es de légumes goûteux, poursuivan­t par des fromages parfaiteme­nt affinés avant de l’achever, repus, par de succulente­s pâtisserie­s, le tout arrosé de vins divins.

Ils se régalaient lorsqu’au milieu du repas, un des convives demande « Et gamin, ce matin tu nous as dit que tu nous invitais à manger du riz, il est où ton riz ? » Malicieux, le gamin réplique alors « Ah ! Le riz… maman a oublié de le mettre dans la casserole. De toute façon, vous n’avez rien raté. » Et, tout en racontant son parcours, il leur montre le seul grain de riz de la famille… Ils se sont tous regardés, mais heureux de passer Noël tous ensemble, ils ont bien ri !

Avec un seul grain de riz on peut faire beaucoup… Il suffit d’être malin !

Le Grain de riz

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(Photos © Almanach des coutumes de Provence)
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