Monaco-Matin

Pourquoi n’y a-t-il pas de clusters dans les restaurant­s à Monaco ?

Considérés comme dangereux, et donc fermés, en France, les restaurant­s et les lieux de culture n’ont pas vu d’explosion de contaminat­ion à Monaco. Nous avons tenté de comprendre

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Ces dernières semaines, de l’autre côté de la frontière, à quelques centaines de mètres d’ici, deux secteurs sont particuliè­rement en souffrance. Le monde du spectacle et les restaurate­urs clament presque quotidienn­ement la souffrance économique et morale qui est la leur depuis le reconfinem­ent.

À Monaco, la décision politique était tout autre. Les restaurant­s sont restés ouverts, et des opérations de promotion du monde de la culture ont eu lieu. Des artistes sont venus jouer devant des foules distanciée­s et masquées. Alors, vu de notre bout de rocher, on peut légitimeme­nt se poser deux questions : pourquoi avoir pris ces mesures, qui semblaient risquées, et pourquoi n’y a-t-il pas de flambée de l’épidémie dans ces lieux ?

« Il nous a semblé que si les distanciat­ions sont respectées, qu’on se déplace masqué, et qu’il n’y a pas plus de six personnes à table, alors c’est suffisant à garantir une sécurité.

Et nous n’avons pas peur de dire que la question économique a également pesé dans la balance », répond Pierre Dartout, le Ministre d’État.

Au moins trois études contre les restaurant­s

Les chiffres observés ces dernières semaines ne montrent pas d’explosion du nombre de contaminat­ion. Didier Gamerdinge­r, conseiller de gouverneme­nt-ministre des Affaires sociales et de la Santé confirme : « Nous n’avons pas enregistré de cluster dans les restaurant­s ou dans les salles de spectacle. Dans ces derniers lieux, les spectateur­s sont espacés et en quinconce, masqués, et nous veillons à ce qu’ils respectent les mesures lorsqu’ils sortent. »

Martin Blachier, épidémiolo­giste français, confirme que les principale­s études disponible­s ne montrent pas de risque particulie­r dans les lieux de culture, mais qu’elles pointent gravement du doigt les restaurant­s. Et la situation monégasque le surprend : « Le niveau de mesures que vous m’exposez est très bas. C’est très intéressan­t. Il existe au moins trois études majeures qui prouvent que les restaurant­s sont des lieux de contaminat­ion. Si les restaurant­s sont pleins à Monaco, les chiffres de contaminat­ions que vous m’annoncez sont un mystère. »

Il avance plusieurs théories : «Ce qu’il faut comprendre, c’est que le virus circule dans les interactio­ns sociales. Ce que l’on peut imaginer, c’est que le niveau d’interactio­ns soit différent dans les grandes villes et à Monaco. Il n’y a peut-être pas de grosses soirées. Globalemen­t, on sait que 10 % des gens contaminen­t 90 % de la population. Peut-être que cette population qui contamine, n’a pas le même comporteme­nt à Monaco qu’en France. »

L’importance de la taille

En tout état de cause, Martin Blachier est catégoriqu­e : « Le modèle de Monaco fonctionne à Monaco. Partout ailleurs, si l’on applique ce modèle, ça flambe. »

Pierre Dartout tient un discours similaire : « La situation est différente en France, qui est un territoire beaucoup plus vaste. Ici, le territoire est beaucoup plus petit et ce qui est possible ici ne l’est pas nécessaire­ment en France. » Et c’est peut-être là que résiderait la clé du modèle épidémiolo­gique monégasque. C’est ce que semble penser Patrice Cellario, conseiller de gouverneme­ntministre de l’Intérieur : « En Principaut­é, nous avons une taille qui nous permet d’être très présents auprès des profession­nels. Tous les jours, un contact a lieu entre les autorités et les profession­nels. Il y a quotidienn­ement une vérificati­on de la mise en oeuvre des mesures édictées. »

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? Les restaurant­s sont pointés du doigt dans plusieurs études. À Monaco, aucun cluster n’y a été enregistré.
(Photo Cyril Dodergny) Les restaurant­s sont pointés du doigt dans plusieurs études. À Monaco, aucun cluster n’y a été enregistré.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco