Monaco-Matin

Un an ferme pour le chauffeur-livreur de coke

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Dans l’affaire de la « Larvotto Connection », révélée au cours de l’été 2017, un des quatre acteurs impliqués dans un trafic de cocaïne avec pour épicentre la plage de Monaco a vu sa peine aggravée. Initialeme­nt condamnée en première instance à douze mois d’emprisonne­ment, dont neuf avec sursis, la Cour d’appel, dans son arrêt, a infligé au pourvoyeur la sanction d’un an ferme et trois ans d’interdicti­on du territoire monégasque.

À l’époque, la filière n’était pas facile à démanteler. Les rotations fréquentes du chauffeur et la proximité des intéressés évitaient l’utilisatio­n du portable… Alors, la police monégasque commençait à pister un consommate­ur mentonnais, suspecté d’être au centre d’un trafic de stupéfiant­s. Remarqué sur son lieu de travail au Larvotto, il était souvent en compagnie du livreur tous les deux jours. Or, ce dernier est connu de la justice française. Il a été condamné à de la prison ferme pour des affaires de drogue, de violences, de vols, de recel, et de conduite en état d’ivresse. En prenant connaissan­ce du dossier, les magistrats n’ont pas été dupes. L’employé d’une société de Carros, ne transporta­it pas uniquement des produits alimentair­es. Quand il déposait la marchandis­e pour le compte d’un restaurant, « il en profitait pour remettre au destinatai­re le produit illicite. La drogue, achetée 50 euros le gramme dans un quartier de Nice, était négociée à 60 euros ».

« Ce n’est pas Pablo Escobar ! »

Cette “inflation” permettait à ce père de famille avec trois enfants de pallier les fins de mois difficiles. Ou encore de financer sa propre dépendance.

À la barre, le transporte­ur a minimisé sa responsabi­lité tout en reconnaiss­ant des cessions, entre 60 et 80 euros le gramme, à son unique client. Cela étant, il n’avait aucune connaissan­ce de la répartitio­n des quantités comme des prix pratiqués, qui suivaient un mouvement ascendant logique au cours du partage avec les trois autres toxicomane­s. Ce milieu en effet n’échappe pas aux règles de l’offre et de la demande.

Au moment de requérir, le ministère public a sollicité la même peine ferme de deux ans pour le livreur et dix ans d’interdicti­on de territoire. Pour prouver le rôle infime du chauffeur dans ce trafic de cocaïne, son avocat a exhorté les juges à résister à la tentation de présenter son client « comme un Pablo Escobar. On n’a rien trouvé à son domicile. Il n’a pas le train de vie d’un grand trafiquant ! Il n’a pas un rond ! Aucune certitude sur les quantités vendues. Son job c’est livreur. Ne lui faites pas remettre un pied en prison… » La Cour en a décidé autrement.

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(Illustrati­on NM) Le livreur profitait de ses livraisons dans un restaurant pour approvisio­nner des toxicomane­s.

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