Monaco-Matin

Philippe Tabarot : «J’aitrouvéma­voie»

Le nouveau sénateur LR, par ailleurs en charge des Transports à la Région, est aujourd’hui un homme politique et un papa épanoui, après 31 ans d’une carrière entamée très jeune

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Il est né à Cannes un peu par hasard. Ses parents, son frère Roch et sa soeur Michèle avaient rejoint la Croisette un an plus tôt, après la loi d’amnistie des anciens de l’OAS, en provenance d’Alicante en Espagne où ils s’étaient d’abord exilés à la fin de la guerre d’Algérie. Le père de Philippe Tabarot, Robert, décédé en 2015, fut en effet l’un des dirigeants de l’Organisati­on armée secrète, le bras droit du général Jouhaud à Oran, où il tenait un magasin de pièces détachées de voitures. « Le général Jouhaud tournait dans toute la France pour monter des associatio­ns de pieds-noirs. En le suivant, mon père est passé par Cannes et, trouvant l’endroit magnifique, il a décidé d’y installer sa famille en l’espace de 48 heures, en 1969. »

Les années comète

Un demi-siècle plus tard, le nouveau sénateur LR ne boude pas son plaisir devant la réussite politique familiale. Sa soeur, députée depuis 2002, a été également maire du Cannet de 1995 à 2017.

« Avec le recul, c’est une belle histoire, car ces années-là ont été difficiles pour mes parents. Ils sont arrivés dans un endroit qu’ils ne connaissai­ent pas et où, surtout, ils ne connaissai­ent personne. »

Philippe Tabarot aura connu la partie « plus facile » du parcours familial. « Mes parents ont géré pendant une dizaine d’années la plage du Macumba sur la Croisette. J’y ai quasiment été élevé, ce qui était génial pour un gamin. J’en garde des souvenirs extraordin­aires. »

Dans le sillage de Michèle, tombée sous le charme du giscardism­e lors de la campagne de 1981, il va très tôt attraper le virus de la politique. « Je me suis investi au lycée Carnot, comme délégué de classe puis représenta­nt des élèves. Et l’année suivant le bac, j’y suis retourné comme conseiller municipal, ça m’a fait tout drôle ! »

Repéré par Michel Mouillot, il a en effet intégré, à dix-huit ans, la liste municipale de ce dernier, qui allait ravir la mairie de Cannes à AnneMarie Dupuy en 1989. «Lapremière fois de ma vie où j’ai voté, j’ai pu voter pour moi », s’amuse-t-il. Dans la foulée du groupe de jeunes étudiants libéraux cannois qu’il avait lancé en 1987, il prendra quelques années plus tard sa carte à Démocratie libérale, le parti alors animé par Alain Madelin. La suite d’un parcours sans faute le verra devenir conseiller général à 31 ans. Benjamin là encore, il aura à gérer, devenu vice-président en 2004, les politiques sociales du Départemen­t, en faveur des personnes âgées notamment. En 2008, « les difficulté­s », dit-il, des conseiller­s généraux du bassin cannois à travailler avec la municipali­té de Bernard Brochand, vont le propulser candidat à la mairie de Cannes. Il la ratera de moins de mille voix.

« Pas un révolté »

La municipale cannoise de 2014 marque le premier – et jusqu’ici seul – vrai coup dur politique de Philippe Tabarot, devancé de 22 % au premier tour et 32 % au second par David Lisnard, le dauphin adoubé par Bernard Brochand. Un souvenir toujours douloureux : « Je n’ai pas pris le plomb du siècle, mon score a été honorable. Nous avons même longtemps été au coude à coude dans les sondages, mais la venue de Nicolas Sarkozy pour soutenir David Lisnard a fait basculer l’élection. La campagne a été violente et ma famille y a beaucoup été dénigrée. Il en est resté quelque chose. » Depuis, les deux hommes ne sont pas devenus amis. Mais ils ont appris à cohabiter en bonne intelligen­ce, chacun dans son rôle.

« Je peux être un combattant, mais ce n’est pas ma nature première,

concède Philippe Tabarot. Je ne m’épanouis pas dans le conflit, ça ne me manque pas, je ne suis pas un révolté. Je peux avoir des coups de sang, mais je ne suis pas quelqu’un de rancunier. Je suis satisfait que la situation se soit apaisée. »

D’autant plus facilement que le cadet des Tabarot a vite rebondi, en devenant vice-président aux Transports de la Région, fin 2015, puis sénateur sur la liste LR en septembre dernier. Il l’assure aujourd’hui : « Cannes n’est plus une ambition ni un objectif. C’est une page qui s’est tournée. J’ai trouvé ma voie. »

Son accession au Sénat l’a contraint à abandonner sa vice-présidence régionale, mais pas sa délégation aux Transports qu’il assume toujours. Et il aspire à figurer de nouveau sur la liste de Renaud Muselier aux régionales de 2021 : «Jemerégale dans ce mandat régional, ce sont deux perspectiv­es complément­aires avec le Sénat, qui se nourrissen­t l’une l’autre, je le vois notamment pour la reconstruc­tion de la Roya et la ligne ferroviair­e Nice - Tende. » S’il ne galvaude pas sa fierté d’être entré au Palais du Luxembourg, le nouveau sénateur assure néanmoins n’être habité « par aucun sentiment de revanche ». Il précise : « Je n’ai jamais eu de plan de carrière. D’ailleurs, ce n’est pas le tout d’avoir des ambitions, il faut s’en donner les moyens. Cela passe forcément par de la constance et du travail sur le temps long. »

‘‘ Cannes n’est plus un objectif”

 ?? (Photo Th. P.) ?? Philippe Tabarot, dans les locaux niçois de la Région qui surplomben­t la future gare multimodal­e de Nice, qui sera livrée fin  - début . Un dossier qu’il chapeaute au titre de sa délégation régionale aux Transports.
(Photo Th. P.) Philippe Tabarot, dans les locaux niçois de la Région qui surplomben­t la future gare multimodal­e de Nice, qui sera livrée fin  - début . Un dossier qu’il chapeaute au titre de sa délégation régionale aux Transports.

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