Monaco-Matin

Le Muy : l’idylle en ligne vire à l’agression sexuelle

Un jeune homme a commis un « viol par surprise » au préjudice d’une jeune femme avec laquelle il s’était lié sur les réseaux sociaux

- V. W.

M «ais dans quel monde vit-on ? » David Malicot est plus proche de la trentaine que de la soixantain­e. Et pourtant, le procureur, qui en a vu d’autres au sein du tribunal correction­nel de Draguignan, ne peut que s’interroger sur la jeunesse d’aujourd’hui… La cause de son tracas se nomme Jérémy. Un jeune homme de 23 ans, bien sous tous rapports au moment des faits, qui a entretenu pendant trois semaines une « relation » sur les réseaux sociaux avec Marion. Mais quand les deux tourtereau­x décident enfin de se rencontrer en février 2017, tout ne se passe pas comme l’imaginait l’amoureux transi. Échaudée par le comporteme­nt de son « compagnon » sur la route après qu’un scooter lui a coupé la route, la jeune fille prend ses distances. Au point de… coucher le soir même avec Florian, ami de Jérémy, et que Marion connaissai­t également via Internet !

« Je ne m’explique pas cette horreur »

Histoire de ne pas rester sur cette mauvaise impression, et de s’excuser, Jérémy rejoint quand même Marion chez Florian. Alors que ce dernier est parti au travail et, qu’après une nouvelle dispute, Marion s’est endormie, Jérémy soulève le tee-shirt de la jeune fille, baisse sa culotte, la pénètre… Et se retire aussitôt devant les protestati­ons véhémentes de la victime.

Dans la foulée, il se scarifie le bras et menace de se suicider… « Aujourd’hui encore, je ne comprends pas ce qui m’a pris, s’excuse le prévenu, jamais condamné par ailleurs. J’ai fait un gros travail avec le psychologu­e mais je n’explique pas cette horreur. »

Correction­nalisé du fait de la maigre épaisseur du dossier et du refus de la victime de s’impliquer dans la procédure, ce « viol par surprise » – requalifié en « agression sexuelle » – interpelle le procureur. « C’est inquiétant. Dans cette journée pleine d’amour, ça dérape. Car on ne s’est jamais vu et qu’on apprend à se voir ! Même si monsieur semble avoir pris conscience de la gravité des faits et travaillé sur luimême, il faut marquer le coup pénalement. » Pour la défense, Me Lucille Baratte met en avant l’immaturité du jeune homme. Et« le décalage entre le virtuel et le réel » que ni Jérémy ni Marion n’ont su « anticiper ».

« Le psychologu­e évoque un acte de dépit chez un homme blessé, marqué par une rupture. Cette histoire est le résultat d’un contexte complexe. »

Un contexte que David Malicot n’est pas le seul à saisir avec difficulté. Presque quatre ans plus tard, Jérémy, condamné à six mois de détention à domicile et un suivi sociojudic­iaire pendant trois ans, travaille toujours dessus.

 ?? (Photo D.M.) ?? Le jeune majeur a été condamné à six mois de détention à domicile et à un suivi sociojudic­iaire pendant trois ans.
(Photo D.M.) Le jeune majeur a été condamné à six mois de détention à domicile et à un suivi sociojudic­iaire pendant trois ans.

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