Un nouveau maire pour Marseille aujourd’hui
Amoins d’un improbable coup de théâtre, Marseille aura, aujourd’hui, un maire socialiste, Benoît Payan.
Lors de sa démission surprise mardi, l’écologiste Michèle Rubirola a souhaité que son premier adjoint lui succède et le conseil municipal devrait entériner ce choix.
Seul candidat en lice de la majorité municipale, Benoît Payan, 42 ans, va devenir le plus jeune maire de l’histoire de Marseille. Après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin (LR) et une parenthèse verte de gauche de cinq mois et 11 jours, le PS va symboliquement reprendre le fauteuil occupé pendant 33 ans par Gaston Defferre, ex-ministre de l’Intérieur de François Mitterrand.
Le Printemps marseillais et Samia Ghali en soutien
Avec ses 44 élus, dont deux transfuges venus des rangs de la droite, le Printemps marseillais, large union de la gauche allant des écologistes au PS en passant par des insoumis, des communistes et des collectifs citoyens, n’a certes pas la majorité absolue parmi les 101 sièges au conseil municipal. Mais il peut compter sur le soutien de Samia Ghali et de ses huit colistiers.
Tout devrait donc être réglé dès le premier tour de vote, la droite étant trop loin, avec 39 élus, quoi que fassent les 9 conseillers RN. Première femme maire de Marseille, Michèle Rubirola a officiellement démissionné pour raisons de santé. « Etre maire de Marseille, c’est 300 % de son temps, j’en donne 150 % », a-t-elle plaidé mardi, mettant aussi en avant la « crise sanitaire violente » du Covid-19 et «la situation financière calamiteuse » de la municipalité, après un quart de siècle de gestion par la droite.
Selon elle, c’est « un urgentiste » qu’il faut à la tête de à la deuxième ville de France. Et elle a choisi son premier adjoint : « Je souhaite que notre binôme continue mais s’inverse, et que Benoît devienne maire », a-t-elle proposé mardi.
Payan, une carrière auprès de Guérini et Vauzelle
C’est un pur apparatchik socialiste qui va prendre les rênes de la ville. Notaire de formation, il n’a jamais exercé, faisant toute sa carrière dans les cabinets politiques, auprès de Jean-Noël Guérini au département, de Michel Vauzelle à la région, ou de Marie-Arlette Carlotti au sein du gouvernement Hollande. Si ce troc proposé par Michèle Rubirola n’a pas suscité de colère au sein de la nouvelle majorité municipale, du moins en surface, ce n’est pas le cas dans l’opposition. Car les rumeurs circulaient depuis la campagne des municipales, avant même le premier tour, le 15 mars, d’un tel échange à venir entre Rubirola et Payan, qui avait été contraint de renoncer à la tête de liste du Printemps marseillais devant l’opposition de nombre de ses partenaires.
Colère chez les LR
Si un tel « pacte » était démontré, ce serait une véritable « arnaque électorale », a lancé mardi Saïd Ahamada, député LREM de Marseille. « Tambouille », « hold-up »,
« petit arrangement entre amis », « jeu de bonneteau des écharpes » :ducôté de l’opposition LR, les mots sont durs également. Quant au Rassemblement national, il voudrait que les Marseillais retournent aux urnes. Un voeu pieux, qui ne se réaliserait qu’en cas de démission globale du conseil municipal. Que ce soit chez les Républicains ou au RN, aucun candidat n’était en tout cas en lice samedi, pour briguer le poste de maire lundi. Si le parti devait présenter un postulant, LR ne dévoilerait son nom que dimanche soir, a-t-on précisé vendredi dans l’ancienne majorité municipale.
La route est donc ouverte pour Benoît Payan qui entend « en finir avec l’incurie » des années Gaudin.