Monaco-Matin

Bienvenue chez Tony Ramoin

Voilà quatre ans que le médaillé de bronze des JO de Vancouver a pris sa retraite de snowboarde­r. Depuis, l’Isolien est devenu père de famille et a retapé un magnifique chalet à Serre Chevalier

- Www.chalet-melezor.com Textes : Romain Laronche Photos : Franck Fernandes

Le 15 février 2010. Une date qui est restée gravée à jamais dans la mémoire de Tony Ramoin et de tous les rideurs azuréens. Ce jour-là, c’est le petit jeune - alors âgé de 21 ans - de la dream team française (Pierre Vaultier et les frères de le Rue) qui va sortir les courses de sa vie pour aller décrocher le bronze olympique. Une première dans l’histoire des sports d’hiver dans les Alpes-Maritimes. La France entière va découvrir les bouclettes du blondinet, son visage juvénile et son sourire constant. « Evidemment que c’est le meilleur souvenir de ma carrière. Mais plus que le podium à Vancouver, le plus beau moment pour moi, c’est quand je suis rentré à Isola 2000. Je descends de l’hélicoptèr­e, les dameuses me font une haie d’honneur et il y a une foule incroyable. J’avais hâte de partager cette émotion avec mes proches. C’était très émouvant ».

Ce chapitre-là, de snowboarde­r globe-trotter, Tony l’a refermé au printemps 2016, après un dernier championna­t de France disputé à la maison, à Isola 2000. Le tout, sans regret. « J’ai passé onze ans en Equipe de France (où il a débuté à 16 ans) , je me suis régalé, surtout les premières années, quand tu découvres les courses, les pistes. J’ai aimé cette vie mais, tous les jours, je me dis que je préfère ma nouvelle. J’ai arrêté quand j’en avais marre. Ça devenait redondant de retrouver les mêmes stations, surtout quand, sportiveme­nt, ça ne marchait plus aussi

Retour en héros à Isola  pour Tony Ramoin, après sa médaille de bronze obtenue à Vancouver en .

bien. Je me suis épanoui dans mon sport, je suis super content de ce que j’ai fait, mais j’avais fait le tour de la question ».

Aussitôt ses planches rangées, Tony prend un virage à 180 degrés et décide de retaper un chalet à Serre Chevalier, la station de sa compagne, Laurie Mougel, ancienne championne de ski. «Jene savais que visser les fixations de mes planches, mais je me suis lancé dans ce chantier, avec l’aide de mon beau-père, qui supervisai­t l’avancée des travaux. Pendant 15 mois, ça a été mon emploi à tempsplein (DR) : 8h par jour, six jours sur sept, et même 10h tous les jours pendant les trois derniers mois. J’ai tout fait sauf la plomberie : électricit­é charpente, maçonnerie... »

Le résultat est remarquabl­e. Le chalet (*), agrandi de « de 110 à 220m2 et qui peut accueillir 16 personnes », est aujourd’hui la principale source de revenus du couple, installé à un kilomètre. « C’était stressant, car on a fait un gros emprunt, il ne fallait pas se louper. On a ouvert le 16 juillet 2017 et depuis ça marche bien. Jusqu’à l’arrivée de la Covid, où on a perdu notre clientèle anglaise. Cette année, on sauve les meubles ».

L’hiver, c’est habituelle­ment la grosse saison pour les deux anciens champions. « Je suis moniteur ski et snowboard à l’ESF, parce que j’avais fait beaucoup de ski dans ma jeunesse. Avec Anne-Sophie Pellissier (ex Equipe de France de halfpipe), depuis 3 ans, on s’occupe aussi de la partie snowboard au club de Serre Chevalier. On est passé de 10 à 45 inscrits ».

La Covid a pour l’heure mis à l’arrêt les activités de l’ESF. Quant à Laurie Mougel, avec qui Tony s’est pacsé, elle a décidé de prendre du recul pour s’occuper davantage de Miki, leur fils né il y a 16 mois. « La paternité, c’est vraiment chouette, mais ça

change quand même la vie

(rires) ».

Cette nouvelle responsabi­lité a également assagi ce casse-cou de nature. « Je fais de l’escalade, du freestyle, de la pente raide, mais je me suis blessé à l’épaule - déjà bien abîmée par le passé l’hiver dernier. Depuis, je me suis calmé, je ne prends plus autant de risques, je pense à mon fils ».

L’ex prodige azuréen est épanoui dans sa nouvelle vie en plein coeur du parc des Ecrins, mais il n’oublie pas Isola 2000, la station de son enfance. « Serre Chevalier, c’est magique, on est dans la vraie montagne. Je m’y plais beaucoup, mais je n’ai pas réussi à prendre ma licence au club. Je l’ai gardée à Back to Back (à Isola 2000), j’y suis trop attaché ».

‘‘ J’ai aimé cette vie mais, tous les jours, je me dis que je préfère ma nouvelle ”

Qu’avez-vous fait de votre médaille ?

« Elle est chez mes parents (ci-contre, installés à Draguignan), en sécurité. Enfin je crois. Je ne suis pas attaché au métal, plutôt aux souvenirs. En plus, elle est toute rayée parce qu’on avait fait une belle fête ensuite, on l’avait abîmée, mais c’était un super laissez-passer (rires). Si elle a changé ma vie ? Il y a eu quelques mois euphorique­s, où t’es reconnu quand tu vas faire tes courses. Ça surprend, mais  mois, un an plus tard, j’ai retrouvé une vie normale. Disons qu’elle m’a quand même bien aidé financière­ment ».

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Tony Ramoin, aujourd’hui avec sa famille. Sa compagne Laurie Mougel et leur fils Miki,  mois.
 ?? (DR ?? Le chalet “Mélèzor” que Tony Ramoin a rénové pendant plus d’un an à Serre Chevalier.
(DR Le chalet “Mélèzor” que Tony Ramoin a rénové pendant plus d’un an à Serre Chevalier.
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