1987 : AC/DC remet du jus au compteur dans le Var
Alors que leur nouvel opus est porté au pinacle, téléportation en 1987 au studio Miraval où fut mis en boîte Blow Up Your Video. L’album du retour au premier plan du gang alors en perte de vitesse
Les éclairs jaillis du dernier album des kangourous électriques ont eu l’art de ranimer la foi des fans anxieux depuis six ans autant que celle d’un music business moribond. Les chiffres ont en effet ratiboisé intégralement la concurrence, Power Up se hissant en tête des ventes dans dix-huit pays dès sa sortie ! Mais au rayon des « Up » AC/DCiens, n’oublions pas le tout aussi survolté Blow Up Your Video de 1988. L’intérêt de l’affaire étant que l’album a pris la foudre dans le Var. Plus précisément dans les studios Miraval de Correns, jadis au coeur du domaine racheté par le couple Pitt-Jolie. Un épisode qui reste forcément gravé dans les mémoires des témoins de l’époque…
Deux mois sur place
« Le groupe est arrivé durant le caniculaire été 1987 avec un semi-remorque de matériel – instruments, amplis… – pour près de deux mois. Tous logeaient sur place. J’ai vraiment été impressionné par leur professionnalisme. Chaque membre du groupe avait son technicien personnel. Le simple réglage du son de batterie a pris trois jours de travail complet ! Dans l’attitude, ils n’avaient rien de hard rockeurs agités ni de stars. Ils étaient adorables. Des agneaux ! Angus était un garçon très calme, gentil, limite réservé », jurait l’ingénieur du son maison, Patrice Quef à l’occasion d’une rencontre sur place en 1997. Il faut dire qu’à l’époque le courant passe moyennement… Flick Of The Switch et Fly On The Wall n’ont pas la carrure des efforts passés et le groupe voit son étoile rock midtempo pâlir, alors que surgissent du bois les nouveaux loups Black Metal et Thrash comme Venom ou Metallica…
Hauts-parleurs explosés
Le pari sera réussi puisque l’album deviendra leur plus gros succès commercial depuis For Those About to Rock We Salute You, alignant, dans la lignée du single Heatseeker, des brûlots tels Ruff Stuff, Two’s Up ou le tonitruant This Means War.
Des enregistrements pirates qui circulent sur le Net témoignent de la puissance des sessions, propres à décoller les lambris du vénérable studio qui en a vu pourtant passer d’autres (Judas Priest ou Rammstein pour les plus « lourds »).
À la manoeuvre derrière la console varoise, les deux producteurs historiques du groupe, Harry Vanda et George Young, frangin de Malcom et Angus. Soit le retour inespéré du duo qui avait forgé le son AC/DC avec Bon Scott jusqu’à Powerage en 1978. « Quand AC/DC est arrivé, tous les titres étaient déjà maquettés. Le plus souvent ils jouaient tous ensemble. Mais attention, chacun isolé dans son espace, vraiment à fond. Et ils écoutaient à fond. Dans la cabine d’enregistrement, je pouvais atteindre 130 décibels ! Eh bien ils m’ont cassé des haut-parleurs ! Les bobines cramaient, les membranes se décentraient ! C’est un métier où l’on devient sourd vous savez… », racontait Patrice Quef au site de fans Highwaytoacdc.com, sans se douter que Brian Johnson en ferait les frais au point d’être remplacé par Axl Rose, 29 ans plus tard…
Rencards au troquet
Côté détente, le groupe avait ses habitudes au troquet du Val, le Café des Sports. L’histoire ne dit pas si la proximité des vignes et de ses cuvées Château de Miraval tentaient plus que de raison Malcom Young. En proie à ses démons alcoolisés, il devra raccrocher le manche au cours du Blow Up Your Video Tour nord américain. À l’époque déjà, ce sera le neveu écossais, Stevie Young, autrefois guitariste de Starfighters (deux excellents albums et puis s’en vont…), qui reprendra les partitions d’avril à novembre 1988, avant de réapparaître définitivement en 2014 pour les sessions d’enregistrement de Rock or Bust, Malcom souffrant cette fois de démence qui l’emportera à 64 ans… Une fois l’album plié à Miraval, hélas pas de retour varois lors de la tournée mondiale, la seule date française se jouant le 6 avril 1988 au Zénith de Paris.