Célia : « C’est encore plus exaltant d’aller danser quand tout est interdit »
Julien, un ancien du temps ou les « rave partys » dans les années quatre-vingt-dix étaient considérées comme l’empire du mal, traquées par la police, contraintes d’investir des lieux improbables - hangars, champs en pleine nature, friches industrielles - a un petit goût de nostalgie. Avec ses interdits sanitaires, ses dancefloors mis sous cloche depuis mars, l’année de la Covid lui fait faire un retour en arrière. Aller « teufer » dans une « rave » interdite y avait le même goût sulfureux, excitant, transgressif qu’aujourd’hui quand sa nièce de 21 ans capte une invit’ pour une soirée clandestine. La voix brisée pour cause de fiesta à répétition le week-end dernier, Célia, étudiante en médecine de Cannes, confirme : « On n’est pas dingue, on se fait tester quand on sent qu’on a abusé lors d’une de ces soirées, mais on n’en manquerait une sous aucun prétexte. On n’en peut plus d’être sous cloche depuis huit mois, et en plus c’est encore plus exaltant d’aller danser toute la nuit quand tout est interdit ».
Instagram et Snapchat pour s’informer
Interdit en façade ! Malgré le retour d’un confinement strict, avec couvre-feu en prime, l’agenda fiesta de Célia est bien rempli : « Si tu es dans un groupe identifié comme partant sur Instagram ou sur Snapchat, tu reçois en message privé des invits’. Tu n’as plus qu’à faire ton marché », sourit-elle. Son programme du week-end dernier a été dense : une nuit électro dans une vieille grange aménagée en night-club de fortune dans l’arrière-pays cannois le vendredi, une fiesta dans une villa louée «par des connaissances » du côté de Mougins le dimanche. Et avant-hier, une mini rave champêtre au-dessus de la prison de Grasse : « C’est un des spots les plus cool même s‘il fait frisquet parfois, mais le vin chaud et les bpm te redonnent vite la pêche. »
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Un vrai monde parallèle. Pour le réveillon de Noël, elle se mettra à l’isolement : « Mes parents habitent en Bretagne, on fêtera Noël ensemble la semaine prochaine. Ça me donne le temps de m’imposer une quarantaine au cas ou...» Mais dès son retour, à moins que la situation sanitaire continue de se dégrader, Célia a bien l’intention de reprendre sa vie nocturne clandestine : « Comme tout le monde, on a prévu de dire adieu à cette année de merde avec un petit groupe de six copains. Mais si une belle fête me tend le bras sur mon compte Instagram, je serai peut-être moins sage ».
1. Tempo.