Deux distributeurs de bitcoins à Nice et Cannes intriguent la PJ
La section financière de la police judiciaire de Nice et de l’office central ont placé sous scellés vendredi dernier des distributeurs de bitcoins à Lille, Marseille, Cannes, Grenoble, Rouen et Paris. Une première en France. Les appareils appartiennent à ATS, société polonaise visée par une enquête pour blanchiment aggravé. L’argent qu’ils contenaient, environ 191 000 euros, a été saisi. Chaque coupure est en cours d’analyse pour notamment tracer cet argent, découvrir d’éventuelles traces de drogue, savoir si elle ne finance pas des activités terroristes.
A Nice, un distributeur installé dans une ancienne boucherie rue Pastorelli avait été vandalisé et enlevé il y a déjà plusieurs semaines selon une riveraine. L’enseigne a également été retirée. La
PJ n’a donc pas eu à intervenir. En revanche, un distributeur rue Saint-Jean à Cannes a été démonté par ses soins.
Un cours record
Le bitcoin créé en 2009, est une cryptomonnaie dont le cours, souvent très volatile, a connu une croissance spectaculaire de 120 % ces deux derniers mois. Avec 1 bitcoin pour 23 000 dollars, le cours a dépassé son record de 2017.
La hausse de cette monnaie numérique incontrôlable s’expliquerait par la décision de PayPal de lancer l’an prochain un service d’achat, de vente et de paiement de cryptomonnaies et l’intérêt croissant d’importants acheteurs institutionnels.
Cela n’empêche pas les bitcoins de rester dans le collimateur de l’AMF (Autorité des marchés financiers) qui ne cesse de mettre en garde les spéculateurs. Monnaie non régulée, objet de d’arnaques en tout genre, elle échappe aux garanties du secteur bancaire traditionnel en cas de fraude.
Première alerte à Lille
La justice s’y intéresse également de près, estimant que les cryptomonnaies peuvent être des vecteurs de blanchiment d’argent sale.
Cette enquête a débuté à Lille. Les douanes avaient donné l’alerte à la frontière franco-belge après la découverte de plus de 40 000 euros transportés par des employés de la société ATS. De l’argent dont l’origine reste mystérieuse.
Au regard du caractère national voire international de cette affaire, le parquet lillois s’est dessaisi au profit de la juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée. Les policiers ont d’abord découvert que ces appareils n’étaient pas enregistrés auprès de l’AMF comme le prévoit la loi.
Plus les investigations avancent, plus la police judiciaire est persuadée de la provenance douteuse des fonds contenus dans ces distributeurs.
Les DAB servaient-ils à blanchir de l’argent sale ? « L’enquête est toujours en cours, en particulier sur ce volet », précise une commissaire de la PJ. En octobre, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, avait demandé une surveillance accrue des cryptomonnaies.