Monaco-Matin

La chanson Jingle Bells

Que ce soit chez les Anglo-Saxons, en France sous le nom de Vive le vent, ou même... dans l’espace, cet air datant du XIXe est devenu indissocia­ble de l’esprit de Noël.

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Dans les centres commerciau­x, dans une playlist lancée au coin du feu ou encore sur vos écrans de télévision, vous l’avez sûrement entendue retentir un paquet de fois depuis le début du mois. Au fil du temps, Jingle Bells est devenu un classique, un vrai. La chanson de Noël, c’est ce doudou réconforta­nt, cet air qui vous ramène illico en enfance, quelles que soient les circonstan­ces. C’est aussi une manne bienvenue pour les maisons de disques, qui raffolent de ces galettes colorées à glisser sous le sapin quand on est modérément inspiré. Mais pour raconter l’histoire de Jingle Bells, il faut remonter bien avant l’invention du CD et du streaming.

. Composée par un chercheur d’or bredouille Publiée en 1857, la chanson s’intitulait à l’origine One Horse Open Sleigh. On la doit à James Lord Pierpoint (photo ci-contre) ,un homme ayant le goût de l’aventure, embarqué sur un baleinier dès l’âge de 14 ans, puis décidé à tenter la ruée vers l’or en Californie, en vain. L’homme, oncle du banquier d’affaires J. P. Morgan, est aussi compositeu­r et organiste. Quand son futur « hit » sort, il a déjà publié d’autres titres. Celui-ci s’inspire des virées en traîneau ayant marqué ses jeunes années dans le Massachuse­tts.

. Pas vraiment un chant de Noël

Ce n’est que quelques décennies plus tard que Jingle Bells (autrement dit Tintez clochettes) deviendra un incontourn­able du 25 décembre et des jours précédents. Initialeme­nt, la chanson avait été sortie pour Thanksgivi­ng, soit le quatrième jeudi de novembre. À cette époque, les convives agitaient leurs verres remplis de glaçons, afin de suivre le rythme des clochettes. Et à bord d’un traîneau, ces fameuses clochettes faisaient office de klaxon, afin d’avertir les passants du passage d’un traîneau.

. Quand même un peu coquine

Dans les paroles, il est question d’une soirée plutôt arrosée... Mais ce n’est pas le seul moment où ce bon Pierpoint incite l’Amérique à s’encanaille­r. La chanson dit notamment : « Now the ground is white / Go it while you’re young, Take the girls tonight / and sing this sleighing song. » Soit en français « Maintenant, le sol est blanc / Allez-y pendant que vous êtes jeunes / Emmenez les filles ce soir / Et chantez cette chanson de traîneau ». Comme dans les comptines, un autre niveau de lecture est possible.

. Sur le premier disque de Noël de l’Histoire

Déjà popularisé­e par des chorales de Boston, Jingle Bells est retenue par le dénommé Will Lyle qui, en 1889, enregistre le premier disque de Noël de l’Histoire sur le label Edison Records.

. Reprise par la crème de la crème

Difficile, voire impossible, de recenser tous ceux qui ont chanté cet air, que ce soit lors d’une session studio, un concert ou une émission de télé. Mais certains noms retiennent forcément l’attention. Parmi eux, Bing Crosby, Jerry Lee Lewis, Johnny Cash, Louis Armstrong, les Beatles et même le trio de ténors formé par Luciano Pavarotti, Plácido Domingo et José Carreras.

. Les Français s’y sont mis aussi

Bien évidemment, le phénomène a aussi touché l’Hexagone. Jingle Bells arrive sur le sol français par l’intermédia­ire de l’humoriste Francis Blanche, en 1948. Dans la version de celui-ci, les références un peu grivoises de l’originale ont disparu. La sortie de Vive le vent, le titre de l’adaptation française, est un succès. Dalida, Dorothée, Mireille Mathieu ou encore Tino Rossi le reprendron­t. Ce même Tino Rossi qui, deux ans plus tôt, avait signé le tube de Noël francophon­e le plus célèbre avec Petit Papa Noël.

. La première chanson jouée dans l’espace

Certains, petits joueurs, se targuent d’avoir obtenu un succès internatio­nal. Du côté de Jingle Bells, on peut faire mieux et parler de résonance interstell­aire. En décembre 1965, Walter M. Schirra Jr et Thomas P. Stafford, embarqués dans la capsule Gemini, ont envie d’insuffler un peu de chaleur humaine dans leurs communicat­ions avec leurs collègues restés sur Terre, au sein de la station de Houston. Alors, ils sortent un harmonica et se mettent à jouer la fameuse chanson de traîneau. La première jouée depuis l’espace.

. Son créateur est entré au « Panthéon »

James Lord Pierpont est, officielle­ment, considéré comme l’un des plus mémorables compositeu­rs de l’Histoire. En 1970, il a été intronisé dans le Songwriter­s Hall of Fame, créé un an auparavant. Le tout sans avoir eu, contrairem­ent à d’autres confrères, à aligner les hits pour s’y faire une place. Si c’est pas de la magie de Noël, ça...

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