Monaco-Matin

Inoxydable ‘‘savoir-Fer’’

Médaillée d’or du slalom K1 aux JO de Londres 2012, Emilie Fer s’investit au CDOS et au CNOSF pour encadrer la relève. Avec aussi une entreprise à gérer et un bébé à venir pour début 2021

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La France connaissai­t Tony Estanguet, à Londres elle a découvert Emilie Fer. Le 2 août 2012, quelques jours après le troisième sacre olympique de l’actuel président du comité d’organisati­on des JO de Paris 2024, la licenciée de la Colle-sur-Loup devient la première Française sacrée aux Jeux dans la discipline. « L’or olympique m’a déchargé d’une pression, libérée. A 29 ans, je savais que la fin de carrière approchait. Qui sait comment je serais devenue sans cette médaille ? Amère, probableme­nt. »

C’est plutôt une future mère épanouie que l’on a retrouvée à Roquefort-les-Pins, son lieu de résidence depuis quatre ans. « Mais jusqu’à quand ? J’ai la bougeotte, je ressens parfois l’appel du large. » (Sourire)

Cette soif de rencontres et de découverte­s l’a menée aux JO de Rio, en 2016. Elle espérait suivre les traces de Tony avec un éventuel doublé, mais c’est Marie-Zélia Lafont qui avait été sélectionn­ée. « Le règlement n’était pas en ma faveur, c’était une grosse déception à digérer. Quelques mois après, le comité national olympique

(CNOSF) m’invite aux Jeux en tant que championne en titre. C’était difficile d’aller voir celle qui a pris ma place disputer l’épreuve. Mais c’était aussi une belle opportunit­é de passer à autre chose. »

L’expérience est concluante, un nouveau chapitre olympique s’amorce. « A mon retour, j’ai été élue à la Commission des athlètes du CNOSF (CAHN). Je voulais encadrer les jeunes, transmettr­e, partager. Aux Jeux de la Jeunesse à Buenos Aires,

on a passé des soirées au self du village à se raconter les histoires. La mienne se finit bien... Je me revoyais jeune, trop timide pour aller au contact, intriguée de connaître ce que les champions avaient pu vivre. »

Musée national du Sport, CDOS 06, Emilie Fer collection­ne aujourd’hui les casquettes bénévoles dans les conseils d’administra­tion entre Nice et Paris. Et quand elle n’est pas avec les jeunes du Pôle France de Pau, elle

A  ans, la licenciée du SPCOC était devenue en  la première Française championne olympique de kayak, devant l’Australien­ne Jessica Fox et l’Espagnole Maialen Chourraut.

s’éclate avec les gars du Skoal d’Antibes, « des compétiteu­rs passionnés d’Ocean Racing ». Au contact des athlètes, Emilie retrouve un ‘‘esprit club’’, des sensations parfois perdues chez d’autres concitoyen­s.

« J’aime les rapports vrais. Parfois en public on me prenait pour n’importe qui, et dès qu’on apprenait mon titre olympique, le comporteme­nt changeait. C’est gênant de n’être vu que par sa médaille. »

« Etre soi-même », « sentir ce qu’on est, ce dont on a vraiment envie », Emilie Fer a monté sa boîte à partir de ces ressentis, ‘‘Essens’’. «Je travaille sur l’aspect mental en général, pas seulement sportif. J’utilise des techniques destinées à booster les performanc­es humaines. »

Des salariés d’une entreprise strasbourg­eoise, entre autres, bénéficien­t de son savoir-faire, partagé par Sylvain Curinier, son coach devenu mari et qui officie toujours au sein de la DTN. «Il est tourné vers Paris 2024, on a chacun notre agenda chargé, nos projets. Même si le plus beau, celui qu’on attend depuis 4 ans va changer pas mal de choses. »

Enceinte depuis le premier confinemen­t, mais encore sur un kayak l’été dernier, Emilie découvre un nouveau corps à 37 ans. « En pensant déjà à l’après. Je vais tout faire pour entrer au plus vite dans un kayak et m’amuser en prenant des portes (rires). Je m’impose une rigueur, du

‘‘ Entrer au plus vite dans un kayak et m’amuser en prenant des portes” (rires)

genre une heure de marche par jour. Je me fixe des challenges. »

Comme une ‘‘prépa’’ pour les prochains Jeux ? «Sitout va bien, je devrais commenter les épreuves pour France Télévision­s, d’ailleurs ». Inoxydable, ce ‘‘savoir-Fer’’.

 ??  ?? Emilie Fer est installée à Roquefort-les-Pins depuis quatre ans.
Après avoir décroché l’or ensemble, Sylvain Curinier et Emilie Fer accueiller­ont bientôt leur premier enfant.
Emilie Fer est installée à Roquefort-les-Pins depuis quatre ans. Après avoir décroché l’or ensemble, Sylvain Curinier et Emilie Fer accueiller­ont bientôt leur premier enfant.

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