Monaco-Matin

L’UE et le Royaume-Uni trouvent enfin un accord

Après dix mois de négociatio­ns harassante­s, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont annoncé, hier, un accord historique qui leur permettra d’éviter in extremis un « no deal » dévastateu­r

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Cet accord protégera les intérêts européens et est aussi, je le crois, dans l’intérêt du Royaume-Uni », « un ami de longue date », s’est félicitée la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse.

« Nous tourner enfin vers l’avenir »

« Nous pouvons enfin laisser le Brexit derrière nous et nous tourner vers l’avenir », a-t-elle ajouté. Le Premier ministre britanniqu­e Boris Johnson a promis que son pays resterait l’« ami », « l’allié » et

« le premier marché » des Européens. « Ce pays reste culturelle­ment, émotionnel­lement, historique­ment, stratégiqu­ement et géopolitiq­uement attaché à l’Europe », a-t-il dit aux médias. La chancelièr­e allemande Angela Merkel s’est pour sa part dite

« confiante » dans le fait qu’il s’agissait d’ «unbon» accord, quand le président français Emmanuel Macron a estimé que

« l’unité et la fermeté européenne­s » avaient «payé» dans les pourparler­s.

Ce divorce à l’amiable, obtenu à l’arraché après 24 dernières heures sous haute tension, scelle près d’un demi-siècle de mariage houleux entre les deux partenaire­s. Quatre ans et demi après le référendum de juin 2016 sur le Brexit, l’aboutissem­ent de ces discussion­s permet aux deux parties de s’épargner un « no deal » aux lourdes conséquenc­es économique­s.

Sous conditions strictes

La conclusion d’un texte de 2 000 pages en à peine dix mois constitue aussi une prouesse pour un accord de cette envergure qui prend en général des années. Deux ans et demi avaient été nécessaire­s pour négocier le traité de retrait scellant le départ britanniqu­e, conclu fin 2019, un texte qui apporte une sécurité juridique aux expatriés des deux côtés de la Manche et fournit des garanties pour le maintien de la paix sur l’île d’Irlande.

Le Premier ministre irlandais Micheal Martin, dont le pays aurait été en première ligne en cas de « no deal », a d’ailleurs salué un accord « bienvenu ».

Le texte devra encore être validé par les Etats membres, un processus qui devrait prendre plusieurs jours. Mais il reste en théorie suffisamme­nt de temps pour qu’il entre en applicatio­n provisoire le 1er janvier, quand le Royaume-Uni, qui a officielle­ment quitté l’UE le 31 janvier dernier, aura définitive­ment abandonné le marché unique. Il sera alors validé a posteriori par le Parlement européen. Avec ce traité commercial, l’UE offre à son ancien Etat membre un accès inédit sans droit de douane ni quota à son immense marché de 450 millions de consommate­urs.

Mais cette ouverture sera assortie de strictes conditions : les entreprise­s d’outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles évolutives au fil du temps en matière d’environnem­ent, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping. Des garanties existent aussi en matière d’aides d’Etat.

«Aucôté des pêcheurs »

Un mécanisme permettra aux deux parties d’activer rapidement des contre-mesures, comme des droits de douane, en cas de divergence­s sur ces normes.

Malgré son faible poids économique, l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniqu­es a constitué l’ultime point d’achoppemen­t des discussion­s, en raison de l’importance politique et sociale du secteur dans plusieurs Etats membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark ou l’Irlande. Mais les Britanniqu­es, qui reprennent le contrôle de leurs eaux, en avaient fait le symbole de leur souveraine­té retrouvée.

L’accord sur la pêche jusqu’en 

L’accord prévoit une période de transition de 5 ans et demi jusqu’en juin 2026, à l’issue de laquelle les pêcheurs européens renonceron­t à 25 % de leurs prises, qui s’élèvent chaque année à 650 millions d’euros. L’accès aux eaux britanniqu­es sera ensuite renégocié annuelleme­nt. Le négociateu­r européen Michel Barnier a promis que l’UE serait « au côté des pêcheurs européens pour les accompagne­r ».

Il a souligné qu’il y aurait, malgré cet accord, « de vrais changement­s » au 1er janvier « pour beaucoup de citoyens et d’entreprise­s ». « C’est la conséquenc­e du Brexit »,

a-t-il insisté.

L’UE a provisionn­é 5 milliards d’euros dans son budget pour soutenir les secteurs les plus touchés.

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