Monaco-Matin

Notre-Dame du Rosaire sous toutes ses coutures

Coup de projecteur sur les dix-neuf tableaux qui forment le retable de Louis Bréa. Bijou du XVIe siècle de la cathédrale d’Antibes en attente de restaurati­on

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Nous l’avons annoncé tout récemment : le retable « La Vierge au rosaire » qui trône dans la cathédrale Notre-Dame de L’Immaculée doit être restauré (NiceMatin du 16 décembre dernier) .Une urgence pour cette oeuvre attribuée au peintre niçois Louis Bréa, datée aux environs de 1513. Les experts doivent se pencher sur le polyptyque, vaste fresque sur de grands panneaux de bois appareillé­s. Un tableau immense : 2,5 m sur 2,20 m. Pierre Magherini, de l’associatio­n des Amis du sanctuaire de NotreDame de la Garoupe connaît bien cette merveille.

« En 2004 j’avais réalisé une fiche technique sur le retable. Il me semble qu’elle est toujours en place. corrigée par Germaine-Pierre Leclerc, grande spécialist­e des Brea de la région (1). Avec le Père Simon Trotabas, nous avions lancé le cahier des charges pour la restaurati­on de l’ensemble. Dans les années 1985-1990, il me semble. Il n’a jamais abouti. Et nous avions fait coller les lingettes sur les endroits sensibles. Il me semble par les ateliers Boeuf de Toulon. » Aujourd’hui, la Ville prend le sort de la Vierge en mains, et c’est une excellente nouvelle.

Comme une bande dessinée

La fiche technique réalisée à l’époque nous permet de « lire » le retable. C’était un peu les bandes dessinées de l’époque. Il fallait narrer à tous les fidèles les miracles de Jésus, de la Vierge, des saints, etc De façon simple et spectacula­ire, pour frapper les esprits.

« La Vierge du Rosaire » est divisée en cinq parties. Le panneau princi pal, en berceau, représente NotreDame du Rosaire. Glorieuse mais également tendre. Elle tient l’Enfant Jésus sur son bras droit. Dans sa main gauche, le chapelet qu’elle semble offrir aux fidèles à ses pieds. Deux chérubins auréolés déploient le manteau de la Vierge qui recouvre les fidèles prosternés à ses pieds. (DR)

Qui sont ces gens ? Des puissants. À gauche, les gens de l’Église, derrière le Pape, pouvoir intemporel et à droite, massés derrière l’Empereur, les laïcs. C’est le pouvoir temporel. Tous prient, le regard rivé sur cette divinité dont on remarquera qu’elle se tient... sur un croissant de lune argenté.

Les quatre autres parties qui entourent le retable sont constituée­s, par des tableautin­s. La cinquième partie, qui coiffé le tout, baptisé « superciel », a disparu.

La vie de Marie

Quatre histoires de la vie de Marie, ses « Mystères » puis ses « Miracles », sont ainsi retracées. Tous liés, bien sûr, à la destinée de Jésus. En haut, de gauche à droite, voici « les Mystères joyeux », liés : L’Annonciati­on, la Visitation, la Nativité, la Présentati­on au temple et Jésus parmi les Docteurs (en théologie, bien sûr). À droite, de haut en bas, ce sont « Les Mystères douloureux », dont le tout premier dit « L’agonie à Gethsémani ». Le tableautin est très sombre. C’est la nuit. Jésus dit à ses apôtres qu’il sent que son « âme est triste à en mourir. » Suivent la flagellati­on, la pose de la couronne d’épines, le port de la croix et la crucifixio­n.

Tout en bas, des épisodes plus locaux

À gauche, de haut en bas, on lit « Les mystères glorieux » : la résurrecti­on, l’ascension, la Pentecôte, L’Assomption de Marie, son couronneme­nt au ciel. Puis, sous les pieds de la Vierge, trois petits tableaux, dont un divisé en trois, ont une touche plus locale. Il s’agirait, pour les deux premiers, des malheurs survenus à Antibes au XVIe siècle : interventi­on contre la peste, un massacre, une noyade... Petit détail : la signature du peintre se niche dans les plis du manteau de l’Empereur. 1. Historienn­e d’art et conférenci­ère, auteur de plusieurs ouvrages dont « Louis Bréa, un poème de l’unité ».

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Sous les pieds de la Vierge, trois tableautin­s sur des histoires locales.

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