Monaco-Matin

Vernon Subutex Luz-Despentes, comme une évidence

Fous de musique, le dessinateu­r et l’écrivaine livrent une nouvelle version, très réussie, de ce roman centré sur un ange déchu, dernier vestige d’une époque révolue.

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Il y a parfois d’étranges coïncidenc­es. Luz est né un 7 janvier. C’est sans doute ce qui lui a sauvé la vie. Le matin où la rédaction de Charlie Hebdo était frappée par un terrible attentat, le dessinateu­r s’était attardé chez lui. Le 7 janvier 2015, c’est aussi le jour où le premier volet de Vernon Subutex est sorti. Luz a mis près de deux ans avant d’ouvrir le roman, devenu un succès, de Virginie Despentes. Le caricaturi­ste et auteur de bandes dessinées a été touché par le récit. « J’étais effondré. Quelqu’un me parlait d’un monde que j’avais laissé à Paris : celui d’avant les attentats. Cet univers subsistait chez moi », a-t-il expliqué à France Inter.

Tempo électrique

Vernon Subutex, l’homme au centre du livre autour duquel gravite une nuée de personnage­s, est un ancien disquaire sur la corde raide. Pendant longtemps, son royaume s’appelait Revolver, le magasin où il distillait sa science avec nonchalanc­e. Un bon pote toujours prêt à tendre l’oreille, un grand frère qui aiguille vers ces disques qui marquent une vie. Un amant sans attaches qui accompagne le beat de coups de reins souples.

Dans le roman, comme souvent chez Despentes, la musique transpire partout et imprime un tempo énervé comme un riff de guitare électrique à la narration. Pourtant, même s’il est lui aussi mordu de musique et s’il a un temps joué le DJ, Luz a été captivé par autre chose.

« Ce qui m’a marqué, c’est l’ambiance. Le fait qu’on parle de la vie, du deuil, de la déchéance, de toutes les fractures transversa­les. La musique était centrale, mais ça dépassait ça. Je me retrouvais intégré à une bande de gens, une bande de potes. Pour moi, c’était ça, Vernon », a commencé le dessinateu­r dans un long entretien donné au site Konbini.

« Un travail pharaoniqu­e »

Virginie Despentes, elle, n’a pas longtemps hésité à lui confier la mission d’adapter son oeuvre en roman graphique. « J’ai beaucoup aimé les premiers albums de Luz sur la chanson française. Et j’avais été très impression­née par son travail ces dernières années. Et comme il a l’habitude du dessin de presse, il travaille très vite. Adapter un truc comme Vernon, je savais que ce serait un travail pharaoniqu­e. J’y avais beaucoup réfléchi et je savais que ce serait une grosse galère. Je pensais qu’il n’accepterai­t pas », a déclaré l’écrivaine sur France Culture.

Ensemble, ils ont trouvé le moyen de rendre à nouveau captivant cette histoire foisonnant­e, plongée dans l’undeground, avec des protagonis­tes ayant fait une croix sur leurs idéaux de jeunesse.

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,
Vernon Subutex (tome ). Éditions Albin Michel.  pages. ,

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