Monaco-Matin

Jérôme Attal Grand Prix de la Sacem 

Écrivain, parolier (notamment de titres de Johnny Hallyday et Vanessa Paradis) Jérôme Attal vient de recevoir le Grand Prix de la chanson française de la Sacem pour Duncan et la petite tour Eiffel, dans la catégorie créateur. Une pépite !

- LAURENCE LUCCHESI llucchesi@nicematin.fr

Duncan est un petit garçon rêveur. Le jour où sa classe organise une sortie pour grimper en haut de la tour Eiffel, il se dit qu’il va pouvoir faire le voyage en bus à côté de Lucy, la fille qu’il préfère au monde. Mais rien ne se passe comme prévu. À Paris, Duncan est encore en train de rêver quand le bus démarre sans lui. Le voilà tout seul, perdu, livré à lui même dans la grande ville. Heureuseme­nt, Johnny Charleston, un écureuil anglais, Kevin le rat, son cousin parisien, et l’homme le plus fort des Halles de Paris, vont lui venir en aide ! Tel est le propos de Duncan et la petite tour Eiffel, bijou multi-facettes très justement récompensé par le Grand Prix de la Chanson française de la Sacem. Sorti à quelques encâblures du deuxième confinemen­t, ce livre-disque, illustré par Sylvie Serprix (avec également Théo Aboukrat au chant et à la musique, Juliette Bossé au chant et Kévin Brieuc en tant que co-compositeu­r de Danser parmi les étoiles) méritait amplement d’être mis encore en lumière. À la fois auteur de romans, de nouvelles, de paroles de chansons, de scénarios et de dialogues pour le cinéma, Jérôme Attal écrit depuis quatre ans des ouvrages jeunesse. Après Le Goëland qui fait miaou

et La Princesse qui voulait être une petite fille (dont l’adaptation en dessin animé est en cours d’écriture), Duncan et la petite tour Eiffel

est le troisième du genre, toujours publié par le Label dans la forêt, petite maison d’édition qui s’est spécialisé­e dans le livre-disque. La genèse de ce projet ? Un souvenir d’enfance : « Juste avant ma rentrée en CM2, un professeur nous avait fait visiter les classes avec mes parents. Il y avait de grandes baies vitrée. Et mon père, qui était pilote d’avion, s’était exclamé :

“Vous n’avez pas peur que les enfants passent leur temps à regarder par la fenêtre plutôt que de suivre ce que vous leur racontez ?” J’étais très étonné que mon père, dont je croyais le caractère opposé à mon tempéramen­t rêveur, soit capable d’autant de poésie ! Cette histoire est partie de là. »

Pour les adultes aussi

Après deux « romans adultes » dont le récit se déroulait à Londres, Jérôme Attal a eu envie de revenir à Paris, du côté de la Tour Eiffel. « Il y avait à la fois ce côté immense par rapport à un petit garçon, et le fait qu’on se sente soimême immense quand on est en haut. » Fan d’auteurs comme Roald Dahl, il a souhaité allier sa sensibilit­é française à une certaine liberté anglo-saxonne dans l’écriture de contes pour enfants. Même s’il s’adresse indifférem­ment, en fin de compte, aux lecteurs en herbe comme à leurs aînés : « Je ne fais pas de différence, je pense aussi aux adultes qui conservent leur âme d’enfants. J’ai l’impression, au-travers de quatre ou cinq thèmes sur lesquels je fais des variations, pour reprendre une pensée de François Truffaut, de faire une oeuvre globale. J’établis des correspond­ances entre ces différents supports. En reprenant l’idée de Deleuze selon laquelle l’important, dans toute création, est qu’elle résulte d’une différence entre ce que l’on est profondéme­nt et ce que la vie nous apprend. On a alors envie de créer, soit pour guérir, soit pour réparer, soit pour donner sa propre version de la réalité. »

S’il éprouve des scrupules à se réjouir du fait que le grand prix de la chanson française de la Sacem lui a été décerné, « en cette période où la culture est à l’arrêt », Jérôme Attal reconnait que « c’est une superbe reconnaiss­ance, décernée par des auteurs-compositeu­rs ». Une reconnaiss­ance peut-être dûe aussi au fait que Duncan et la petite tour Eiffel recèle moult messages positifs. Comme le fait que ce jeune héros sublime même les mauvais tours des garçons chahuteurs par une vision poétique des choses .«Lapoésie, souligne celui que Johnny Hallyday

avait choisi comme parolier de trois de ses chansons (S’il n’est pas trop tard dans l’album Ma vérité, Un tableau de Hopper dans L’Attente, et L’Amérique de William dans Mon pays c’est l’amour) comme frein à la trivialité et à la tristesse du quotidien ». Et d’ajouter : « Ce qu’il y a de chouette avec les livres, c’est que ce sont à la fois des refuges et des stimulants pour l’imaginaire. » On confirme ! Et l’on brûle de découvrir aussi le 2 épisode d’Alcie, Alcie & le pensionnat d’Alcatroce dès le 24 mars.

‘‘ Inspiré par un souvenir d’enfance”

‘‘ La poésie comme frein à la tristesse”

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 ??  ?? À partir de  ans. , Livre :  pages.  x  cm. CD : une narration et  chansons. Durée  mn. En librairies.
À partir de  ans. , Livre :  pages.  x  cm. CD : une narration et  chansons. Durée  mn. En librairies.
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