Ça tourne en boucle sur ses platines
Thierry Arnaud de Cosmic Trip, à Draguignan, a craqué pour...
A VERY CHILLY CHRISTMAS
Chilly Gonzales. (Gentle Threat)
Ah ! Le traditionnel disque de Noël… Ses chorales et ses choeurs emphatiques, ses clochettes par milliers, ses couches de violons dégoulinant jusqu’à l’indigestion, et cette béatitude divine engendrant la crise… de foi ! La liste de ceux qui s’y sont essayés, rarement pour le meilleur, mais généralement pour le pire, remplirait sans problème l’antique bottin téléphonique. Mais réussie ou pas, l’affaire est toujours stéréotypée. Alors quand c’est le Canadien touche à tout, Gonzales, qui s’y colle, on se dit que c’est peut-être l’album de Noël idéal, car non conventionnel, pour cette année , elle aussi pas vraiment comme les autres. Ici on est plus proche de ses « solo piano » que de ses frivolités électro. Le disque s’ouvre sur une version de Silent Night où plane l’esprit d’Erik Satie. La suite est tout aussi raffinée, choeurs discrets parci et petites touches de violoncelle par-là, donc sans le millefeuille habituel de ce style de production. Il y a les classiques (Jingle Bells) en accords mineurs et dépouillée, et les reprises plus contemporaines : Last Christmas de Wham et le AllIWantFor Christmas Is You de Mariah Carey qui trouvent ici une sobriété qui leur va bien. Il y a aussi Jarvis Cocker qui vient poser sa voix de crooner sur une cover de saison des Purple mountains (Snow Is Falling In Manhattan). Pour le titre original, c’est une compatriote qui s’y colle : Feist, avec le magnifique The Banister Bough. L’ensemble est délicat et mélancolique, à écouter chez soi en « effectif covid » ( personnes maxi !), en se remémorant l’effervescence des fêtes d’antan. Voilà donc un disque de Noël de circonstances, ni Tino (Rossi), ni Bing (Crosby), mais Chilly (Gonzales), qui contraste avec le scintillement habituel en déposant délicatement un voile de tristesse sur les guirlandes du sapin.