Monaco-Matin

Tayc répand les bonnes

L’interprète marseillai­s du tube de l’été (37 millions de vues sur YouTube !) a connu en quelques mois un succès fulgurant. Il vient de sortir son premier album :

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Depuis minot, dans les brumes des quartiers Nord de Marseille, Tayc entendait une petite voix dans sa tête. Fluette mais assurée. « Tu feras de la musique, frérot. Tu feras de la musique... » Pourtant ici, il n’y avait de respect que pour le foot et le rap. L’OM et les rafales de mots. Sur le pré, « j’étais claqué contre un mur de glace ! » Sur le flow, Julien Bouadje (de son vrai nom) glissait, porté par un style à part. Jusqu’à s’en détacher. À l’ombre des regards inquisiteu­rs...

« J’ai toujours chanté.

Avec mes soeurs. Mais je me cachais. » Sans perdre de vue le sentier sinueux. Lumineux par le fruit du hasard. Déclenché à la réception d’un courrier que ne goûtent guère les parents...

« À une semaine de la rentrée, on m’a annoncé que j’étais viré du lycée.

Ma mère a fait des pieds et des mains pour me trouver un établissem­ent. »

Ce sera à Paris. Loin du berceau. Des potes. Des bêtises. «Jeluien ai voulu. Longtemps. J’étais déraciné, perdu, même si le week-end j’allais chez ma soeur. »

La semaine, l’esquif en mal de mer la passait à l’internat. Après les cours, il soignait son âme et tuait le temps libre entre les quatre murs du studio de musique. « C’est là que j’ai fait mes premiers sons. Mes premières maquettes. Bon, quand j’y repense, ce n’était pas terrible... » Après le bahut, il n’a toutefois pas lâché. Cette petite voix toujours en balade au coeur des neurones... Sauf qu’il lui fallait vivre. Gagner sa croûte. Les jobs s’enchaînent.

Une semaine barman. Une autre équipier dans un fast-food. Il ne se fixe pas. Convaincu que sa trajectoir­e ne se limite pas à l’anonymat des naufragés du périph’.

« Soit je me faisais licencier, soit je partais de moi-même. J’étais persuadé que j’allais percer. » Si bien qu’il chaloupe de studio en studio. S’accroche au feeling de certaines oreilles éduquées. « À mon école de comédie musicale, on me disait : tu as un truc dans ta voix. »

‘‘ (Barack Adama) pensait même que j’étais déjà signé dans une maison de disques. Mais non, moi je n’avais rien. Que ma débrouille”

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Un message du groupe Sexion D’assaut

Faute de moyens, il n’y puisera les notes de sa soul que trois mois. Reprenant son bâton de pèlerin inlassable­ment. Frappant aux portes avec, à la clé, le même gimmick : « Le R’n’B, c’est mort... »

D’autres auraient jeté l’éponge. Ou vendu leur style au diable. Pas lui. Pas « Taykee » le tenace. Bien lui en a pris car, la haine colorée à la lisière de sa patience, un coup de fil a chamboulé son horizon.

« J’étais au taf et là, je reçois un message de Barack Adama de Sexion D’assaut. Il m’explique qu’il cherche un chanteur à voix... »

Ni une ni deux, il la joue Actors Studio. Simule un mal de ventre. Se réfugie dans sa voiture et balance un son en un quart d’heure au grand prêtre.

« Tout a commencé comme ça. Derrière, moi je n’avais rien. Rien du tout. Que ma débrouille... »

Le grand frère lui a parlé comme personne. Franchemen­t. Argent bien sûr, passion aussi. «Ilm’adit: tu veux faire quoi ? Du R’n’B. Ok ! »

Alors qu’il allait se perdre, à 24 ans, le lionceau se fait lion. Compose. Écrit. Danse. Interprète. Claque l’été dernier son premier tube, N’y pense plus : 40 millions de streams,

37 millions de vues sur YouTube ! Trianon, Palace, Olympia, les salles se remplissen­t en un battement de cils. « Waouh, quand j’ai vu mon nom en lettres rouges, ça m’a filé une gnaque de fou. » À penser déjà à un Zénith. Avant un Stade de France. La Lune. Mars...

Avec Manu Dibango et Christine and The Queens

« C’est vrai que je pense sans cesse à enchaîner. J’aimerais être la passerelle du monde. Répandre l’afro love, ses valeurs, ses codes. »

Des sillons de bonté. D’amour. Où la femme se cueille avec douceur. Respect. La femme à qui ce croyant consacre son album, Fleur froide.

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