Faites le code crèche !
Quatre-vingts années passées à ajuster, brancher et relier les fils électriques... Depuis qu’il est tout jeune et jusqu’à maintenant, plus de vingt-cinq ans après son départ à la retraite, le Fréjusien Fernand Martini, qui a fêté ses 89 ans il y a peu, est encore et toujours à « jouer » avec circuits imprimés, interrupteurs, fils et prises de courant.
Cet as des travaux manuels n’a donc pas perdu le fil puisque, depuis quelques années, le voilà qui s’est amusé à désosser de vieux Minitels – « que l’on m’a confiés ou que j’ai gardés »– pour en faire des mini-crèches portatives, avec son et lumière ! Dans son petit appartement du coeur historique de Fréjus, Fernand Martini prend un malin plaisir à détailler ses créations. « Devant vous il y a d’abord la crèche traditionnelle de Provence, et là j’active les petites leds pour éclairer le décor et une chanson de Noël vient de démarrer ! Par là, ensuite, cette deuxième crèche est celle des marins... Vous savez que j’ai été marin pendant un temps ? Voilà le bagad de Lann-Bihoué », annonce-t-il fièrement, en déclenchant cette fois une musique de cornemuses. Puis il reprend son explication : « À côté, c’est la crèche de la bravade de Fréjus : elle me tient à coeur car j’ai été tambourmajor ! D’ailleurs regardez ce santon : c’est moi », reconnaît-il, avec un sourire en coin.
Avec de la rigueur...
Fernand Martini n’a pas réalisé ces thèmes par hasard.
« Elles ont toutes un sens et une histoire. C’est parce que, dans ma vie, j’ai été marin, j’ai participé à la bravade de Fréjus et, par mon métier d’artisan électricien, j’ai longtemps organisé les installations des spectacles aux Arènes avec mon père, seul puis avec d’autres camarades. » Également professeur au lycée Gallieni de Fréjus, entre autres, et animateur, président ou simple membre de (très) nombreuses associations, Fernand Martini a toujours été un homme dynamique, sociable et très actif. Et le prouve encore avec ses créations qu’il conçoit « en dilettante, sans compter mes heures. Donc je ne pourrai pas vous dire combien de temps ça me prend de transformer un Minitel en crèche », lance-t-il, un brin hilare. Peut-être en dilettante, mais avec une rigueur et une méthode bien précises, il réalise des choses qui ont l’air faciles à accomplir mais se révèlent pourtant assez compliquées, selon lui : « J’enlève d’abord le clavier, j’apporte ensuite de quoi combler les trous de chacune des touches, je mets en place un fond, j’enlève l’écran et les circuits à l’intérieur pour installer ce qu’il faut... Bref, il y a un ordre à respecter, sinon il faut tout recommencer », affirme-t-il d’un air enjoué, révélant en même temps les branchements réalisés derrière les carcasses de Minitels. À côté des crèches, trône un appareil encore « vierge » de toute installation. Une future crèche ? Seul Fernand le sait...