Ivry Gitlis, légendaire violoniste, est mort hier à l’âge de ans
Au début des années soixante-dix, il avait révolutionné le monde des festivals en créant au col de Vence le « Woodstock de la musique classique ». On gravissait la route en lacets, transportant thermos et sacs de couchage, là-haut on allumait des feux de camp et, face à un podium installé sous un chêne, on écoutait la pianiste Martha Argerich, le chef d’orchestre Zubin Mehta, le jazzman Michel Legrand. Jamais on n’avait connu cela dans le monde de la musique classique !
Ivry Gitlis, l’inventeur facétieux de ce festival révolutionnaire, est mort hier, à l’âge de 98 ans.
Il était l’une des gloires mondiales du violon, le dernier des « monstres sacrés » de cet instrument, dans la lignée des Heifetz, Isaac
Stern ou Yehudi Menuhin.
Nombreux concerts sur la Côte d’Azur
Philippe Bender, chef de l’Orchestre de Cannes, qui l’a souvent accompagné, se souvient : « A Vence, nous amenions les partitions de tous les grands concertos et il les jouait à la demande. On avait l’impression qu’il les connaissait tous par coeur. C’était un phénomène ! »
Quand le festival de Vence cessa, il l’exporta pendant deux années au parc du Pian à Menton. On y croisa, au milieu des oliviers, le pianiste et chef Daniel Barenboïm, la cantatrice Jessye Norman. Un jour, il décida : « Ce soir, je veux être chef d’orchestre ! »
Il était comme cela. Et il dirigea lui-même – bien mieux que beaucoup ! – le concerto pour violon de Beethoven.
S’il joua partout sur la côte, à Nice, à Monaco, au Midem de Cannes, le festival de Menton fut, après Vence, un de ses festivals favoris. Venu pour la première fois en 1976, il y jouait encore en 2010, avec l’Orchestre de Wallonie. Ce soir-là, on le vit monter sur la scène du Parvis SaintMichel le pas hésitant, le cheveu en broussaille, le regard plein de tendresse. Il avait 88 ans. Comme toujours, avant de jouer il improvisa un discours venu du coeur en l’accompagnant de gestes de la main qui n’appartenaient qu’à lui.
Une nouvelle fois, il nous bouleversa. Ce devait être la dernière...