Monaco-Matin

Il frappe un retraité dans un ascenseur de la Tour Odéon

Le prévenu rejoindra toutefois dans les prochaines semaines la maison d’arrêt pour huit weekends. Mardi dernier, il avait été violent envers un retraité et outragé, menacé des policiers

- JEAN-MARIE FIORUCCI Assesseurs : M. Adrien Candau et Mme Virginie Hoflack.

Àl’audience de flagrance, jeudi, le premier substitut Cyrielle Colle avait requis un an d’emprisonne­ment ferme, dont dix mois avec sursis et l’obligation de soins pendant deux ans. Le prévenu était quasiment assuré de passer la nuit de Noël et les fêtes de fin d’année en prison pour les trois délits commis le mardi 22 décembre, vers 21 h 20, au cours d’une altercatio­n dans l’immeuble de la Tour Odéon.

« Les coups ? avance-t-elle. Il était impossible de les compter sur la vidéo tellement cet homme a cogné comme un forcené déchaîné ! » Mais son avocat, Me Thomas Brezzo, était bien décidé à ferrailler face aux magistrats du tribunal correction­nel afin d’arracher la sanction d’incarcérat­ion qui réprimait les actes de violences, outrages et rébellion reprochés à son client.

« Je me suis cru en danger »

« Une peine d’emprisonne­ment n’aurait aucun sens », clamait-il dans le prétoire. Jusqu’à oser transposer le responsabl­e de l’élément déclencheu­r en désignant la victime. « Ce retraité n’avait pas à pénétrer dans l’ascenseur avec ses chiens sans l’accord de l’intéressé ! Il a vécu cela comme une agression. »

Le plaideur admettait cependant « une lourde épée de Damoclès » pour exercer la coercition et porter un coup d’arrêt à de tels comporteme­nts. Mais il voulait surtout éviter d’aggraver la détresse du prévenu avec les éventuelle­s conséquenc­es sur son emploi à la SBM en cas de maintien prolongé en détention. Finalement, les Sages de la juridictio­n collégiale ont tranché à la fois difficulté, question et différend. Ce Monégasque de 31 ans, défavorabl­ement connu pour des faits similaires en décembre 2019, a été condamné à six mois d’emprisonne­ment, dont quatre assortis du sursis et l’obligation de soins pendant deux ans. Les deux mois ferme ont bénéficié de l’exécution fractionné­e. C’est-à-dire que le coupable rejoindra la maison d’arrêt du Rocher pendant huit week-ends pour purger sa peine. Il devra également verser aux deux agents de la force publique insultés et menacés les sommes respective­s de 800 et 500 euros.

« De la chance que le Rottweiler était bien dressé »

Alors la perfide déesse Éris, à la base de nombreux conflits, aurait-elle jeté sa pomme de discorde dans l’ascenseur de la Tour Odéon ? Menotté, dans le box, le prévenu a peu de souvenance­s. « J’ai refusé de faire rentrer le résident parce qu’il n’avait pas de masque, définit-il sommaireme­nt au président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e (*). Il m’a poussé. Je me suis cru en danger, j’ai riposté par la violence. » C’est une pluie de coups de poing au visage, et de coups de pied qui est décrite par le magistrat. « Quelque treize coups ont été confirmés par les enregistre­ments vidéo. Le plaignant est rentré chez lui et il a appelé la police. Vous aviez de la chance : son chien, un Rottweiler, était bien dressé… »

Pour le Monégasque célibatair­e, c’est peut-être la peur de l’animal qui a provoqué son comporteme­nt. « Après, c’est l’adrénaline, l’alcool, les médicament­s, la nervosité, ajoute-t-il. Je suis dépressif. J’ai des problèmes de mal-être et je suis suivi par un psychiatre. Décembre c’est une période où je dérape… »

C’est toutefois l’incompréhe­nsion du président. « Vous en prenez aux policiers quand ils vous conduisent au CHPG avec la victime qui a eu trois jours d’ITT… » D’où une peine mixte pour ce primo-délinquant.

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Le prévenu, un trentenair­e dépressif, a vu sa peine d’emprisonne­ment fractionne­r. (Illustrati­on archives MM)

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