L’empoisonneur au viager à nouveau aux assises
Le chef d’entreprise, qui avait tenté d’assassiner une octogénaire à qui il avait acheté un appartement en viager au Cannet, a vu sa peine aggraver en appel. Et il est accusé d’un autre crime
Olivier Cappelaere, 50 ans, chômeur, ancien patron d’une entreprise familiale de viande en gros, marié, sans enfant, possède une maison au Cannet et cinq appartements acquis en viager. «Il faut toujours avoir plusieurs viagers pour diminuer le risque dit du centenaire », expliquet-il, doctement, devant la cour d’assises d’appel à Aix-en-Provence.
Olivier Cappelaere, teint blême et cheveux gris, est accusé d’avoir trouvé une autre solution radicale pour éviter de verser trop longtemps la rente mensuelle de 638 euros à Suzanne Bailly, 90 ans : l’empoisonner en lui faisant ingérer de l’atropine, une molécule mortelle à haute dose trouvée dans un collyre pour chien.
Les jurés de Nice l’ont condamné en mars 2019 à vingt ans de réclusion. Il a fait appel et continue de clamer son innocence. Un pari perdu : en février, la cour d’assises d’appel des Bouches-du-Rhône aggrave la sentence : vingt-cinq ans de réclusion criminelle. L’avocat général Raffin avait requis trente ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sûreté des deux tiers.
Le collyre du bouledogue
Olivier Cappelaere a finalement admis s’être introduit dans l’appartement de Mme Bailly de la résidence " La Sérénité " au Cannet. Il avoue pour la première fois avoir vidé le matin du 7 avril 2015 le collyre de son bouledogue dans l’eau minérale de la retraitée. « Pas pour la tuer, jure-t-il, mais pour la rendre malade. » Il ne serait en rien responsable des précédentes hospitalisations de Suzanne Bailly survenues les 10 février et le 22 mars.
Quant à la mort brutale en novembre 2014 de Jacqueline Imbert (lire ci-dessous) ,92 ans, toujours au Cannet, crime très souvent évoqué et pour lequel il a été mis en examen, il l’évoque trémolos dans la voix et larmes aux yeux : « La seule personne à qui je pouvais me confier c’était Jacqueline, ma marraine de coeur. Celle qu’on m’accuse d’avoir tuée. Ces sous-entendus sont insupportables. »
Demi-aveux
En face de lui, Suzanne Bailly, bon pied bon oeil après avoir frôlé la mort à trois reprises, soutient son regard sans faillir. «Je n’ai pas de haine, ce n’est pas mon genre, mais il a détruit la fin de ma vie, confie-t-elle. Je ne pouvais pas imaginer avoir affaire à une crapule. Et ça se dit un homme bien ! »
Les demi-aveux de l’accusé la laissent de marbre : « Il voulait que je meure. Il voulait l’appartement sans payer ». « L’empoisonnement, c’est le crime d’un lâche, un crime à distance sur une personne particulièrement seule et vulnérable », enchérit Me Deray, l’avocat de la retraitée.
Olivier Cappelaere répète au troisième jour de son procès qu’il veut être « sincère ». Mais plus les magistrats s’intéressent à sa biographie, plus il apparaît que l’accusé varie dans ses déclarations, ment sur sa réussite au Bac, reste confus sur l’origine d’une maladie ou sur sa situation financière…
Le voisin dans le coma
L’atropine qu’il a utilisée aurait pu être fatale, non seulement à la retraitée, mais aussi à son voisin Gabriel Marino, 68 ans, qui a été invité par son amie à goûter cette eau anormalement amère. Lui aussi est tombé dans le coma. « Le crime était presque parfait, mais grâce à lui, Mme Bailly a été sauvée », rappelle Me Tran Duy.
Me Bernard Ginez et Me Cédric Huissoud estiment que juridiquement, il s’agit de l’administration d’une substance nuisible, l’atropine étant un médicament et non un poison.
« On n’a aucune preuve d’une exposition à l’atropine en février et en mars », souligne Me Ginez qui critique la manière dont l’affaire Imbert a pollué ce procès. Parce qu’Olivier Cappelaere n’en a pas fini avec la justice. Un juge d’instruction a rédigé à son encontre une ordonnance de mise en accusation pour l’assassinat de Jacqueline Imbert. L’ombre de cette retraitée de 92 ans, qui, a peut-être succombé à l’atropine, a plané sur ce procès. Une ombre qui a définitivement assombri le portrait d’Olivier Cappelaere qui inspirait confiance aux vieilles dames avec ses bonnes manières et son excellente éducation.
Olivier Cappelaere accusé d’un autre crime commis en 2014 serait-il un empoisonneur en série ? Réponse dans les mois à venir.