Monaco-Matin

L’empoisonne­ur au viager à nouveau aux assises

Le chef d’entreprise, qui avait tenté d’assassiner une octogénair­e à qui il avait acheté un appartemen­t en viager au Cannet, a vu sa peine aggraver en appel. Et il est accusé d’un autre crime

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Olivier Cappelaere, 50 ans, chômeur, ancien patron d’une entreprise familiale de viande en gros, marié, sans enfant, possède une maison au Cannet et cinq appartemen­ts acquis en viager. «Il faut toujours avoir plusieurs viagers pour diminuer le risque dit du centenaire », expliquet-il, doctement, devant la cour d’assises d’appel à Aix-en-Provence.

Olivier Cappelaere, teint blême et cheveux gris, est accusé d’avoir trouvé une autre solution radicale pour éviter de verser trop longtemps la rente mensuelle de 638 euros à Suzanne Bailly, 90 ans : l’empoisonne­r en lui faisant ingérer de l’atropine, une molécule mortelle à haute dose trouvée dans un collyre pour chien.

Les jurés de Nice l’ont condamné en mars 2019 à vingt ans de réclusion. Il a fait appel et continue de clamer son innocence. Un pari perdu : en février, la cour d’assises d’appel des Bouches-du-Rhône aggrave la sentence : vingt-cinq ans de réclusion criminelle. L’avocat général Raffin avait requis trente ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sûreté des deux tiers.

Le collyre du bouledogue

Olivier Cappelaere a finalement admis s’être introduit dans l’appartemen­t de Mme Bailly de la résidence " La Sérénité " au Cannet. Il avoue pour la première fois avoir vidé le matin du 7 avril 2015 le collyre de son bouledogue dans l’eau minérale de la retraitée. « Pas pour la tuer, jure-t-il, mais pour la rendre malade. » Il ne serait en rien responsabl­e des précédente­s hospitalis­ations de Suzanne Bailly survenues les 10 février et le 22 mars.

Quant à la mort brutale en novembre 2014 de Jacqueline Imbert (lire ci-dessous) ,92 ans, toujours au Cannet, crime très souvent évoqué et pour lequel il a été mis en examen, il l’évoque trémolos dans la voix et larmes aux yeux : « La seule personne à qui je pouvais me confier c’était Jacqueline, ma marraine de coeur. Celle qu’on m’accuse d’avoir tuée. Ces sous-entendus sont insupporta­bles. »

Demi-aveux

En face de lui, Suzanne Bailly, bon pied bon oeil après avoir frôlé la mort à trois reprises, soutient son regard sans faillir. «Je n’ai pas de haine, ce n’est pas mon genre, mais il a détruit la fin de ma vie, confie-t-elle. Je ne pouvais pas imaginer avoir affaire à une crapule. Et ça se dit un homme bien ! »

Les demi-aveux de l’accusé la laissent de marbre : « Il voulait que je meure. Il voulait l’appartemen­t sans payer ». « L’empoisonne­ment, c’est le crime d’un lâche, un crime à distance sur une personne particuliè­rement seule et vulnérable », enchérit Me Deray, l’avocat de la retraitée.

Olivier Cappelaere répète au troisième jour de son procès qu’il veut être « sincère ». Mais plus les magistrats s’intéressen­t à sa biographie, plus il apparaît que l’accusé varie dans ses déclaratio­ns, ment sur sa réussite au Bac, reste confus sur l’origine d’une maladie ou sur sa situation financière…

Le voisin dans le coma

L’atropine qu’il a utilisée aurait pu être fatale, non seulement à la retraitée, mais aussi à son voisin Gabriel Marino, 68 ans, qui a été invité par son amie à goûter cette eau anormaleme­nt amère. Lui aussi est tombé dans le coma. « Le crime était presque parfait, mais grâce à lui, Mme Bailly a été sauvée », rappelle Me Tran Duy.

Me Bernard Ginez et Me Cédric Huissoud estiment que juridiquem­ent, il s’agit de l’administra­tion d’une substance nuisible, l’atropine étant un médicament et non un poison.

« On n’a aucune preuve d’une exposition à l’atropine en février et en mars », souligne Me Ginez qui critique la manière dont l’affaire Imbert a pollué ce procès. Parce qu’Olivier Cappelaere n’en a pas fini avec la justice. Un juge d’instructio­n a rédigé à son encontre une ordonnance de mise en accusation pour l’assassinat de Jacqueline Imbert. L’ombre de cette retraitée de 92 ans, qui, a peut-être succombé à l’atropine, a plané sur ce procès. Une ombre qui a définitive­ment assombri le portrait d’Olivier Cappelaere qui inspirait confiance aux vieilles dames avec ses bonnes manières et son excellente éducation.

Olivier Cappelaere accusé d’un autre crime commis en 2014 serait-il un empoisonne­ur en série ? Réponse dans les mois à venir.

 ??  ??
 ?? (Croquis Rémi Kerfridin) ?? Olivier Cappelaere a avoué s’être introduit chez Mme Bailly le  avril  pour verser dans son eau minérale du collyre pour chien.
(Croquis Rémi Kerfridin) Olivier Cappelaere a avoué s’être introduit chez Mme Bailly le  avril  pour verser dans son eau minérale du collyre pour chien.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco