Gendarmes tués : l’ex-femme du forcené avait déposé 3 plaintes
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la ministre des Armées Florence Parly ont rendu hommage, hier à Ambert, aux trois militaires
Trois plaintes classées sans suite. Ce bilan, c’est celui d’une ancienne compagne du forcené qui a tué par armes à feu trois gendarmes à Saint-Just, dans le Puy-de-Dôme, dans la nuit du 22 au 23 décembre, alors qu’ils étaient venus porter secours à sa femme qu’il menaçait.
Le tueur avait, à l’époque, juré de faire de la vie de cette ex-compagne un enfer lorsqu’elle l’a quitté en 2015. Malgré ses plaintes auprès des forces de l’ordre et le profil menaçant de cet homme avec qui elle a eu une petite fille, elle n’a pas obtenu de protection des autorités au moment des faits selon France Bleu Ardèche. « Elle s’est retrouvée, comme beaucoup de femmes, dans cet angle mort où soit vous arrivez avec des bleus de partout et on vous entend, et encore, soit vous avez l’air bien propre sur vous et on vous demande pourquoi vous venez déposer plainte », explique son avocat, Me Wissam Bayeh à France Bleu Ardèche.
Ces révélations ont suscité l’émoi de la Fondation des femmes, qui dénonce la non-prise en compte des témoignages de victimes de violences conjugales. Pour Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation, « si elle a porté trois fois plainte, et qu’aucune de ses plaintes n’a abouti à ne serait-ce que lui confisquer ses armes, c’est qu’il y a évidemment des dysfonctionnements » au sein de la justice française. «Il faut déployer une véritable culture de la protection », estime-t-elle.
Placée sous protection
Pour Anne-Cécile Mailfert, une meilleure prise en compte des plaintes de cette ex-compagne aurait probablement permis d’éviter le drame qui s’est déroulé il y a quelques jours. « Si ces trois gendarmes sont morts, c’est la faute de nos institutions, c’est la faute de nos gouvernements », accuse-t-elle. L’ex-compagne dit aussi, dans les colonnes du Dauphiné libéré, avoir alerté le secrétariat d’État en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes par courrier de la dangerosité de son ex-compagnon. Marlène Schiappa, ex-secrétaire d’État en charge de ce portefeuille, a affirmé, samedi, dans un communiqué qu’« après des recherches, ni la Préfecture, ni le bureau des courriers de Matignon chargé de recevoir et répertorier les courriers reçus des secrétariats d’État lui étant rattachés n’avaient, à ce stade, de trace de la lettre évoquée ».
L’ex-compagne du forcené, qui vit désormais à Privas, en Ardèche, a été placée sous protection policière alors qu’un groupuscule ouvertement nazi l’accuse d’être responsable du passage à l’acte de son excompagnon dans le Puy-de-Dôme.