« Un beau défi à relever »
Après avoir empilé trois victoires en 4x4 de série, Christian Lavieille revient dans la cour des grands. À 55 ans, l’inoxydable baroudeur varois vise à nouveau le top 10 avec un buggy
Il a beau avoir déjà sillonné en long et en large l’Afrique, l’Amérique du sud et l’Arabie saoudite, Christian Lavieille va découvrir une épreuve inédite, le week-end prochain : le Dakar sous cloche ! « Premier test PCR heures avant le décollage, deux jours d’isolement à Djeddah et second test PCR : voilà la feuille de route à suivre pour pénétrer dans un bivouac totalement hermétique où personne n’entrera ni ne sortira durant les quinze jours de course », détaille le Varois qui a pris la voie des airs tôt dimanche matin à Paris dans l’un des avions charters affrétés par ASO pour les concurrents de cette e édition très spéciale. Fidèle parmi les fidèles, Christian le Beaussetan répond un nouvelle fois présent à l’appel des grands espaces. À ans, les trois victoires estampillées T (x de série) offertes à Toyota en , et ne l’ont pas rassasié, semble-t-il. Bien au contraire, le voilà de retour à l’étage supérieur, dans la catégorie reine (T), aux commandes d’un buggy Optimus Evo de l’écurie normande MD Rallye Sport. L’occasion de faire parler l’expérience, comme d’habitude...
Christian, quand avez-vous été certain d’enchaîner un Dakar consécutif ?
e
Là, ça s’est vraiment décidé très tard, après maintes tergiversations. Sachant que je ne rempilais pas avec Toyota, le constructeur chinois BAIC m’avait contacté à la fin de l’été pour refaire un bout de chemin ensemble. Après les deux succès obtenus au Taklimakan Rally (en et , ndlr) ,jeme réjouissais de guider leur exploration du Dakar. Fausse piste ! Alors qu’ils venaient juste de me demander mes mensurations pour faire les combinaisons, leur nouveau directeur de la compétition a changé de cap du jour au lendemain. Finalement, ils préfèrent aligner trois équipages chinois qui découvrent tous l’épreuve. C’est leur choix. Moi, je suis content d’intégrer l’équipe MD Rallye Sport. Avec Antoine Morel, le patron, on avait déjà évoqué plusieurs fois l’hypothèse de disputer le Dakar, parce que je coache l’un de ses pilotes depuis deux ans. Voilà, la porte s’est ouverte fin octobre. Ce nouveau challenge me plaît. On revient dans la cour des grands. C’est un beau défi à relever.
Vous allez donc baptiser leur Optimus Evo IV. Quelles sont les principales améliorations par rapport à l’Evo ?
D’abord, il adopte une nouvelle carrosserie et un train avant différent. Le positionnement du réservoir sous les sièges permet d’accroître sa contenance tout en recentrant les masses. Côté moteur, c’est toujours le V , litres Chevrolet ( chevaux), mais on dispose d’une boîte de vitesses SADEV plus compacte dont l’étagement a été refait puisque nous sommes désormais limités à km/h en vitesse max’.
Vos premières sensations au volant ?
J’avais déjà trouvé l’Evo super agréable à exploiter lors d’un bref roulage accompli il y a deux ans dans le désert marocain. Sur le sable, ça se pilotait facilement, un peu comme un SSV. Même bon feeling avec l’Evo , même si sa prise en main fut assez courte. Une auto précise, efficace. J’ai vraiment hâte d’entrer dans le vif du sujet.
Deux jours d’essais en France, ça vous suffit ? Vous êtes prêt ?
On peut même dire deux grosses demi-journées... L’équipe engage cinq Optimus (trois Evo et deux Evo ). La construction des nouvelles coques a pris plus de temps que prévu. Ça ne nous laissait qu’une petite occasion de rouler avant l’embarquement de la caravane début décembre à Marseille. J’aurais aimé faire plus de bornes, surtout pour affiner les réglages de suspensions. Bon, on ajustera sur place, au fur et à mesure.
Le parcours ?
Par rapport à , il tourne en sens inverse. Je sais que David Castera et son équipe ont fait en sorte de baisser la vitesse moyenne dans certains secteurs jugés trop rapides la dernière fois. En principe, il y aura pas mal de sable durant la première semaine. Globalement, ce sera une alternance entre dunes et pistes caillouteuses. Chaque jour, on saura ce qui nous attend au dernier moment.
Justement, que pensezvous de l’introduction du roadbook numérique ?
Je n’en pense que du bien ! Ça va considérablement limiter la triche, les suspicions. Les équipes de pointe n’auront plus recours à un ‘‘mapman’’ qui vous mâche le boulot en faisant la trace et en donnant des caps à l’avance. Au lieu de plancher sur les cartes jusqu’à point d’heure, les copilotes pourront se reposer chaque soir. Pareil pour les motards.
Votre navigateur s’est mis àlapage?
Oui, Jean-Pierre (Garcin) a bien négocié le virage électronique. On avait expérimenté une première version de tablette lors du Rallye du Maroc . Et puis on a fait connaissance avec celle-là il y a trois mois à l’Andalucia Rally (e, à bord d’un proto BMW de l’équipe Sodicars Racing). Il est favorable à ce changement qui garantit une meilleure équité (voir ‘‘la phrase’’ ci-dessus).
Quelle cible visez-vous ?
En janvier , sept des huit buggys du team MD Rallye avaient atteint l’arrivée. Jérôme Pelichet s’était classé e. Donc, même si le plateau a fière allure, on peut lorgner le top . Nous avons un beau buggy. L’outil idéal, surtout dans les grandes étendues sablonneuses. Mais il ne faudra pas être tout le temps à %. Savoir gérer son rythme et éviter les erreurs. Si on y arrive et que d’autres trébuchent, pourquoi pas ?
Quel souvenir gardez-vous de votre découverte du “Le roadbook numérique redonne de l’importance à la navigation. C’est une évolution positive, ça va dans le bon sens. Le rallye-raid avait besoin de nouveauté et de mutation.”
De Jean-Pierre Garcin, copilote de Christian Lavieille depuis 2014
Dakar à bord d’un buggy en ?
Sacré baptême du feu ! Première expérience ô combien formatrice puisque j’étais pilote un jour et copilote le lendemain (en alternance avec le voisin beaussetan Thierry Magnaldi, son compagnon d’aventure cette année-là) .Onaprisle départ à Marseille mais on n’a pas vu l’arrivée à Sharmel-Sheik (Egypte). La faute à un problème de boîte de vitesses ayant provoqué notre mise hors course dans le désert libyen.
‘‘ Savoir gérer son rythme et éviter les erreurs ”
Vous imaginiez alors enchaîner autres éditions derrière ?
Pas vraiment... Quand je suis passé de la moto à l’auto (en ), deux courses figuraient côte à côte en première ligne dans mon viseur : les Heures du Mans et le Dakar. Objectif atteint de part et d’autre. Au Mans, je suis devenu le premier pilote ayant disputé le double tour d’horloge sur deux et quatre roues ( participations en auto). Côté Dakar, de fil en aiguille, j’ai trouvé des constructeurs, des partenaires. De quoi prolonger encore aujourd’hui cette traversée du désert dont je ne me plains pas.