Couvre-feu à h : les questions que l’on se pose
Avancer de deux heures le couvre-feu : la mesure semble permettre d’éviter un reconfinement. Reste à savoir quelles seront les zones concernées. Tout n’est pas encore acté
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a écarté ce mardi l’idée d’un troisième reconfinement. Il a néanmoins pointé des disparités importantes sur le territoire, en citant trois régions ainsi que le département des Alpes-Maritimes, où le coronavirus circule le plus. Il a donc évoqué un couvre-feu avancé à 18 heures. Cette mesure serait mise en application dans certaines zones, dès le 2 janvier.
Quelles seront les zones concernées ?
Il faudra attendre le 1er janvier pour connaître précisément les zones qui seront impactées par le couvre-feu avancé. Selon Olivier Véran, ministre de la Santé, la situation est particulièrement problématique dans des régions situées dans la moitié Est du pays : le Grand Est, la Bourgogne Franche-Comté, la région Auvergne-RhôneAlpes, les Hautes-Alpes et le département des Alpes-Maritimes. Le ministère a déjà publié une pré-liste de vingt départements. « Mais la liste pourra évoluer en fonction de la circulation du virus après les fêtes », a précisé hier soir Gabriel Attal, porteparole du gouvernement sur BFMTV.
Pourquoi attendre samedi ?
Pour l’heure, l’avancement du couvre-feu à 18 heures, même s’il est annoncé, n’est pas entériné. La décision sera prise demain et on connaîtra alors les zones concernées. Les autorités vérifient en ce moment les données sur l’incidence du virus, en testant notamment les eaux usées pour évaluer les secteurs géographiques les plus touchés.
Le préfet des Alpes-Maritimes appliquera ce couvrefeu avancé, le cas échéant, « soit sur la totalité des AlpesMaritimes soit sur une partie de la Métropole, voire d’une commune. Cette discussion avec le préfet, nous l’aurons, vendredi », avait indiqué Christian Estrosi dans nos colonnes.
Une décision inévitable ?
Selon le maire de Nice, Christian Estrosi, oui. Il a salué les annonces du ministre de la Santé, Olivier Véran. Rappelant l’augmentation alarmante du taux d’incidence, il a souligné, dans une interview donnée hier matin à nos confrères de France Inter, plusieurs éléments. « Nous sommes frontaliers avec Monaco et l’Italie. Nous avons un aéroport passé de 20 vols par jour à 120 vols c’est-à-dire 50 % du taux de fréquentation de décembre 2019. Tout cela a ramené une circulation importante du virus qu’il nous faut contenir. On avait le choix entre reconfiner, donc punir une immense majorité de la population qui se comporte de manière exemplaire, ou prendre la mesure d’un reconfinement anticipé. J’ai réuni mon conseil de santé local lundi matin avec des infectiologues, des pneumologues, avec l’ensemble du corps médical public et privé du département et de la métropole. Tout le monde a été conscient que ne pas imposer un reconfinement, là où nous pouvions avoir un couvre-feu anticipé à 18 heures, était la bonne formule. »
h au lieu de h : est-ce efficace ?
Ce n’est pas l’avis de Valérie Beausert-Leick, présidente (PS) du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. Interrogée par nos confrères de France 3 Grand est, elle a estimé que deux heures de couvre-feu supplémentaires ne sont pas « pertinentes pour enrayer cette chaîne pandémique ».
Le maire de Nice a estimé au contraire que c’était la meilleure mesure à prendre en de telles circonstances. De leur côté, David Lisnard, président de l’agglomération Cannes Pays de Lérins, Charles-Ange Ginésy, président du conseil départemental, Jean Leonetti, président de l’agglomération Sophia Antipolis, et Jérôme Viaud, président de l’agglomération du Pays de Grasse, ont contesté la pertinence de la mesure de couvre-feu à partir de 18 heures sur tout le département. « Aucune évaluation sanitaire ne tend à démontrer que les interactions sociales sont plus fortes à ces heures de la journée et aucune mesure de contrainte et de contrôle particulière n’est annoncée pour accompagner cette mesure. Au contraire, elle risque d’avoir un effet contre-productif car les gens vont s’agglutiner dans les grandes surfaces commerciales sur des temps plus réduits et parce que personne ne se retrouve dans ce magma de règles mouvantes », estimentils.